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Maman Africa, quand sonnera l’Heure du retour, le monde s’éblouira !<br><p>
Par El Hadji Gorgui Wade Ndoye, Directeur de publication
800 millions d’âmes africaines, n’attendent du Nord que le commerce honnête, l’accès aux marchés nationaux et internationaux, sans entraves. L’Afrique sait qu’elle est capable de s’en sortir en comptant d’abord sur ses enfants. S’il y avait un marché mondial équitable, les Africains pourraient s’en sortir économiquement, sans devoir tendre la main éternellement. Kofi Annan, lors de sa conférence de presse annuelle à mi-parcours, rappelait que la « lutte contre la pauvreté et le dénuement, qui elle-même conditionne largement le succès de la lutte contre les menaces à la sécurité mondiale, passe par des échanges commerciaux plus équitables pour les pays pauvres et en développement ainsi que par leur accès à des médicaments génériques bon marché”.
Les riches chez les riches, les pauvres chez les pauvres. Le Bien « est » l’apanage du Nord, le mal l’ancrage du Sud. Quand le plus riche s’enrichit, le plus pauvre s’appauvrit ! Le fort peut coloniser le faible à coups de canons et de millions quand il a fini de prendre la place du dieu mort.
L’Occident n’a pu se guérir de ces fils de « Cham » qui lui ont demandé l’indépendance afin d’exploiter par eux - mêmes leurs propres ressources matérielles. Un système d’échange asymétrique maintient l’Afrique dans une situation chaotique, au même moment les anciens maîtres se la coulent douce dans leur ghetto paradisiaque.
De temps en temps, le riche invite le pauvre autour de sa table, lui fixant 0.70% du gâteau ( PIB) depuis les années 70, et pourtant, il ne lui concèdera que près de 0.40% tout en l’endettant et le soumettant dans une éternelle indignité. La machine de l’ « éternel assisté » est ainsi enclenchée, pour maintenir sous le joug colonial, l’irrespectueux pauvre qui a osé s’affranchir de la colonisation et de l’esclavage, son apanage.
De temps en temps, le maître, revient en injectant 1% de ses investissements, pour assurer le prolongement de son absence présence. L’Afrique sera présente à moins de 1.4% au niveau du commerce international sans infrastructures. Ce qui pose même l’indécence de lui demander d’être concurrentielle après des siècles de protectionnisme occidental et d’exploitation éhontée des ressources africaines.
Le NEPAD ( site Internet www.nepad.org), objet de notre dossier de ce mois veut dit – on « remplacer une politique d’assistanat à une politique de partenariat ». Ce faisant, il responsabilise les Africains dans leur développement tout en créant un dialogue de réconciliation entre le Nord ancien esclavagiste - colonisateur et le Sud dominé et brimé depuis le moyen âge. Aujourd’hui on semble sous certains cieux, se débarrasser de ce programme qui malgré ses imperfections, requiert plus d’attention. S’il y’a des compléments à l’analyse, nos chefs d’Etats devraient l’accepter et aller de l’avant dans la conception d’une nouvelle mouture à défaut d’annoncer un référendum sur le NEPAD qui après tout nous concerne, nous Africaines et Africains et toutes celles et ceux qui croient à l’avenir de l’Afrique.
Ils ne sont pas seuls et ils ne seront pas seuls si leur seule ambition est d’aider l’Afrique. Il y’a au-delà de la discussion théorique, un manque de sincérité de nos partenaires au développement creusant ainsi davantage le spectre désastreux de l’afro pessimisme.
Pour notre part sans complaisance nous diagnostiquons le NEPAD avec aussi le regard extérieur toujours sollicité de notre consœur du « Monde diplomatique », la Professeure Anne Cécile Robert tout en donnant la parole aux politiques. A l’image du nouvel ambassadeur permanent du Nigeria pays qui assure actuellement la présidence de l’Union Africaine, Jacques Diouf de la FAO, la Suisse par la voie de son "Monsieur Nepad" mais aussi des citoyens simples du Congo et du Bénin rencontrés par nos correspondants permanents.
“Le combat doit être la vie de tout Africain pour l'épanouissement du continent" rappelait Nelson Mandella. Et le premier combat est celui de la pauvreté. Le Président Thabo Mbéki martelait lors d’un vibrant plaidoyer pour une « action universelle contre la pauvreté » au BIT en juin 2003, la même volonté qui a poussé l’Union européenne à mettre en place des Fonds structurels (régionaux, sociaux, agricoles) par exemple les 16,6 milliards d’euros alloués pour la période 2000– 2006 au Royaume-Uni, devrait être appliquée pour lutter contre la pauvreté dans le tiers-monde.
Il a fustigé le service de la dette estimé à 14,5 milliards de dollars rien que pour l’Afrique au sud du Sahara à ses créanciers du Nord, y compris l’Union européenne. Une partie des fonds alloués par l’UE au Royaume-Uni est destinée au “programme de paix” en Irlande du Nord, “et nous pensons que la décision était bonne, mais pour les pays en développement, il doit y avoir paix, stabilité et “absence de guerre civile” pour reprendre les termes du Consensus de Washington avant que les riches n’envisagent une assistance financière.
Dans un cas, des fonds sont alloués pour ramener la paix. Dans l’autre, il faut d’abord que la paix règne pour qu’une aide possible soit prise en considération. Thabo Mbéki, rappelait que « l’économie mondiale a les ressources nécessaires pour éradiquer la pauvreté sur la terre. La question à laquelle nous devons tous répondre, disait -il, est de savoir pourquoi ces ressources ne sont pas utilisées à cette fin, qui est d’une importance première pour les pauvres et les chômeurs, mais aussi pour tous ceux qui sont présents ici”. Et de demander, comme l’avait fait 60 ans auparavant l’économiste britannique John Maynard Keynes “subsiste -t- il un espoir pour le monde” ?
Il importe, pour lui, “de ne pas se nourrir de l’illusion que seuls les économistes, les financiers, les politiciens, les journalistes, les propagandistes, les avocats, les hommes d’Etat, les prophètes et ceux qui lisent dans le marc de café ont une voix”. “N’oublions pas, a-t-il ajouté, que ceux qui ont été rejetés dans l’ombre, qui pleurent et grincent des dents, sont capables de parler, et, quand ils finiront par parler, sur tous les continents, y compris celui où nous nous trouvons (ndlr Europe), ils proclameront: nous sommes l’espoir du monde, libérés enfin de la malédiction de l’argent”.
Oui cet espoir existe, il est en Afrique. Ce Continent qui malgré ses souffrances et ses blessures demeure le patrimoine universel de la conscience morale de l’Humanité. Le jour où la diaspora en symbiose avec le Continent sonnera l’heure du retour, le monde s’éblouira. Le 21ème siècle sera africain.
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