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L'actualité est dominée par la rencontre d'Accra III qui réunit les protagonistes de la crise ivoirienne les 29 et 30 juillet en présence d'une dizaine de chefs d'Etat africains et du Secrétaire général de l'ONU. L'objectif de cette rencontre est d'aider le Gouvernement de la Côte d'Ivoire et l'opposition à mettre en oeuvre le plan de paix de Linas-Marcoussis. Compte tenu de la place qu'occupe la Côte d'Ivoire dans l'économie sous-régionale, toute situation affectant ce pays ne peut qu'avoir des répercussions positives ou négatives dans la sous-région.

Ainsi, si certains pays comme le Ghana, le Togo ou le Bénin essaient de tirer le meilleur profit possible de la situation ivoirienne en tentant d'attirer vers leurs ports le maximum d'opérateurs possibles, d'autres, par contre, subissent de plein fouet les difficultés de la situation ivoirienne. Il s'agit principalement des pays suivants:

Mali

Les secteurs économiques les plus touchés sont:

  • le bois;
  • le ciment, dont le prix à la tonne a presque doublé;
  • le commerce de la cola, dont l perturbation du circuit d’approvisionnement provoque des pénuries et une tension inflationniste sur les prix;
  • les hydrocarbures;
  • le commerce de bétail dont le principal débouché est la Côte d'Ivoire.

Burkina Faso

Du fait de la crise en Côte d'Ivoire, l'économie du Burkina Faso enregistre:

  • la chute de ses ventes de bétail à moins de 30% en raison de ce que 60% du volume de ces ventes sont orientés vers la Côte d'Ivoire;
  • des surcoûts de transport au niveau de sa filière coton d'où l'Etat tire environ 60% de ses ressources;
  • une dégradation de la situation de l'emploi, en raison des licenciements ou mises en chômage technique opérés par les entreprises dont l'essentiel de l'activité d'importation ou d'exportation était orientée sur la Côte d'Ivoire.

Dans l'ensemble de la sous-région

Il faut noter, au-delà des problèmes sociaux que pose la situation de crise au niveau de chaque pays de la sous-région du fait des déplacements de la population, la perturbation de tout le trafic sous-régional avec pour conséquence:

  • des goulots d'étranglement dans les services de transport;
  • des engorgements dans les entrepôts portuaires;
  • une augmentation des coûts de transport.

L'Exploitation illégale des ressources du fait de la crise

La crise qui sévit depuis septembre 2002 en Côte d'Ivoire a, entres autres effets, suscité l'émergence d'une économie prébendière dont l'exploitation sauvage, voire illégale, des ressources apparaît comme l'une des manifestations les plus visibles. Cette exploitation concerne principalement le bois, le cacao-café et les mines:

Le Bois

Selon des sources dignes de foi, une exploitation sauvage du bois, particulièrement le teck, serait en cours depuis plusieurs mois dans les régions de Bouaké, Katiola, et Korhogo. Des exploitations similaires auraient également lieu dans les circonscriptions de Douékoué et Guiglo, malgré les mesures administratives qui interdisent toute coupe. Des actes de prédation ont été également signalés dans les périmètres de Bouaflé et Daloa. Différents témoignages font état de la sortie, à longueur de journées, de camions transportant des grumes destinées aux scieries locales.

Des actes de prédation ont particulièrement affecté le Parc national de la Marahoué, dans la circonscription de Bouaflé. Dans une déclaration datée du 6 août 2003, le Syndicat national des eaux et forêts de Côte d'Ivoire a exprimé son indignation face aux pratiques illégales tendant à faire disparaître le patrimoine forestier national. La même déclaration rapporte que, dans l'optique de vérifier les faits, une mission du syndicat a été déployée du 2 au 3 août dans le parc sus-mentionné à partir de Gobasra, de Bonon, de Gonaté et de Daloa et a fait le constat suivant:

  • la principale essence favorite des auteurs d'actes de vandalisme dans ce domaine classé de l'Etat est l'iroko, essence noble, très prisée dans le commerce du bois;
  • la présence de bulldozers en stationnement dans le parc (preuve de la coupe illégale de bois dans un domaine forestier classé de l'Etat);
  • de nouveaux défrichements favorisés par l'ouverture des pistes.

Après la visite du parc, des correspondances furent adressées au ministre de tutelle afin que les dispositions soient prises pour mettre un terme à la destruction du patrimoine forestier national.

Dans le département de Guiglo, la forêt fait également l'objet d'une exploitation anarchique et illicite de la part des populations. Tout le monde s'adonne à la destruction des forêts classées de Gouin Débé et de Sio, sans être pratiquement inquiété.

Cet état de fait, devenu quasiment incontrôlable, aura été favorisé par la guerre ainsi que les uns et les autres se plaisent à le justifier. Arguant qu'il fallait bien trouver les moyens financiers quelque part pour nourrir les déplacés de guerre qui déferlaient par vagues successives. N'importe qui a pu accéder à ces forêts classées pour abattre à l'emporte pièce les essences ligneuses qu'on y trouve. Il n'y a pas eu d'administration centrale pour arrêter ce début de catastrophe écologique qui guette la région aujourd'hui. Il n'y a pas suffisamment d'agents forestiers pour combattre les prédateurs des forêts qui ignorent, pour la plupart, les techniques élémentaires de l'exploitation forestière et compromettent, par ce fait même, les plans d'aménagement forestier 1996-2005 que la SODEFOR exécutait au sein des forêts classées sus-mentionnées.

Il convient de préciser qu'un décret pris en septembre 1995 interdit la coupe et l'exportation illégales des bois bruts, équarris et en plots sur toute l'étendue du territoire ivoirien. L'une des essences prisées par les auteurs de coupes illégales est le teck.

La situation de crise que connaît la Côte d'Ivoire depuis septembre 2002 a, malheureusement, amplifié l'exploitation sauvage des essences forestières. Cette pratique malsaine, surtout en vogue dans les zones affectées, menace les forêts primaires du pays qui abritent des centaines de variétés de plantes et d'animaux dont certains sont en voie de disparition.

Le Cacao et le Café

La guerre a beaucoup affecté la production agricole notamment le cacao et la café qui sont achetés à vil prix ou revendus en Guinée, au Ghana et au Togo.

Selon l’organe d’informations confidentielles publié à Paris « La Lettre du Continent » (No 437 du 18 décembre 2003), les acheteurs du « Cocoa Board » ghanéen paient 610 frs CFA le kilo de cacao ivoirien (pratiquement le double du prix pratiqué en Côte d’Ivoire). Environ 20,000 tonnes de cacao se seraient déjà évanouies par le Ghana. Le même journal rapporte également que dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, le cacao ivoirien trié et mis en sacs export se vend dans le port de Monrovia (Libéria) à 365 frs CFA le kilo.

Il y aurait déjà quelque 25000 tonnes à vendre. Plus au nord, en zone rebelle, la voie royale pour les sorties du cacao de Côte d’Ivoire passe par Conakry en Guinée. Le même journal précise qu’au 30 novembre, les arrivées au port d’Abidjan et de San Pedro s’élevaient à 300,000 tonnes, soit 100,000 tonnes de moins que l’an passé pour la même période. En d’autres termes, pour l’Etat, cela signifie une baisse de revenus de 22 milliards de frs CFA, soit près de la moitié de la masse salariale mensuelle nécessaire au paiement des fonctionnaires et des militaires.

Pour sa part, l’hebdomadaire « Jeune Afrique/L’Intelligent » (No 2240 du 14 au 20 décembre 2003) rapporte qu’à l’ouest, environ 15000 tonnes de cacao ont été sorties de Côte d’Ivoire et vendues en Guinée…Dans l’Est ivoirien, depuis le mois de septembre, près de 60,000 tonnes auraient été frauduleusement expédiées au Ghana. Le kilo de cacao s’y achète presque deux fois plus cher (autour de 600 frs CFA le kilo) qu’en Côte d’Ivoire. Le même périodique prévoit une baisse de la production de 10% voire 20%. A la fin de l’année 2003, seules 470,000 tonnes de cacao auront rejoint les ports ivoiriens contre 675000 tonnes l’année dernière à la même époque. Un pessimisme qui trouve de nombreux échos en Côte d’Ivoire, où le cacao représente 15% du Produit intérieur brut, 30% du total des exportations (1,3 milliards de dollars en 2001) et plus de 20% des recettes fiscales de l’Etat. Entre les fèves qui ne sont pas sorties des plantations et celles qui ont frauduleusement quitté le pays, le manque à gagner s’élève déjà à 10 milliards de frs CFA.. Et si aucune solution n’est trouvée, il pourrait atteindre la somme de 20 milliards.

La guerre a obligé la plupart des producteurs à abandonner leur production dans la brousse et à se consacrer à la culture de produits vivriers. Beaucoup de déplacés issus des plantations de Guiglo et Blolequin, dans l'ouest, sont désormais à Abidjan. La situation est identique pour les planteurs de Danané, Vavoua et de Zouan-Hounien.

Les biens d'équipement destinés au travail agricole ont été pillés par la rébellion. On note également l'existence de foyers de tension à Bangolo, Toulepleu et Blolequin, en zone gouvernementale.

Le pillage des produits agricoles a contribué à l'instabilité des cours puisque ces produits sont vendus en dehors des normes de qualité. Le mauvais produit entraîne nécessairement la chute des cours sur le marché national et international. Ainsi, selon certaines sources, le kilo de cacao qui était vendu à 1500 frs CFA en novembre 2002 est revendu à 800 frs CFA en décembre 2003. Le kilo de café qui est vendu à 200 frs CFA au cours officiel est négocié à 75 ou 100 frs CFA à l'intérieur des zones assiégées.

Du fait de la guerre, les coopératives agricoles ont tout perdu aussi bien sur le plan humain que sur le plan matériel. Selon une étude faite en 2003, la coopérative agricole de Ouloubé, dans le département de Man, a perdu plus de 63 millions de frs CFA sous forme de matériel et outillage, matériel de transport, produits...

Les Mines

Le pillage concerne surtout les substances facilement exploitables parce que demandant peu de moyens, c'est le cas du diamant et de l'or. La situation de crise qui sévit dans le pays a entraîné une invasion des zones minéralisées par une multitude d'exploitants artisanaux. La zone aurifère de Ity, sous-préfecture de Zouan-Hounien, dans l'ouest (préfecture de Danané), est à cet égard éloquent.

Cette mine a subit beaucoup de dégâts d'ordre matériel. Les rebelles se sont emparés au début de la crise d'un lingot de 25/30 kg.

Les rebelles et les populations voisines des zones minéralisées se livrent également à une exploitation artisanale du diamant dans les départements de Katiola, Séguéla, et dans les sous-préfectures de Kani et de Duala.

Propositions pour atténuer ou mettre un terme à l'exploitation illégale des ressources naturelles

Le Bois

La paix et la sécurité constituent un préalable essentiel pour une relance effective de l'exploitation du bois dans les zones affectées. Pour ce faire, des brigades de surveillance et de contrôle devraient être déployées dans les zones forestières pour prévenir ou empêcher d'éventuels actes de prédation contre le patrimoine forestier et plus largement l'écosystème; un travail de sensibilisation et d'éducation pourrait atténuer ou mettre un terme à l'exploitation sauvage des ressources forestières.

Le Cacao et le Café

A l'issue de la réunion que nous avions eue avec la Fédération ivoirienne des producteurs de café et cacao (FIPCC), les propositions suivantes ont été faites pour atténuer ou mettre un terme à l'exploitation illégale des produits agricoles, et particulièrement le café et le cacao:

  • le retour de la paix civile est un gage essentiel pour la relance du travail agricole;
  • une évaluation sur le terrain serait nécessaire pour apprécier correctement l'ampleur des dégâts occasionnés par l'exploitation illégale des produits agricoles;
  • une fois l'évaluation faite, il serait souhaitable de rechercher des subventions auprès de l'Etat et des bailleurs de fonds aux fins de relancer la production;
  • toutes les structures nationales qui vivent en grande partie des prélèvements faits sur les producteurs (le Fonds de régulation et de contrôle, la Bourse café-cacao, l'Autorité de régulation du café-cacao) doivent apporter le concours nécessaire à la relance des activités;
  • le déploiement des brigades de surveillance et un travail de sensibilisation du public sont impératifs pour atténuer ou mettre un terme à l'exploitation pirate des ressources agricoles.

Les Mines

  • le retour de la paix et de la sécurité est un préalable essentiel pour relancer les activités minières;
  • les pouvoirs publics devraient renouveler les permis d'exploitation des opérateurs dûment enregistrés par le Ministère des Mines pour mieux réglementer, contrôler et relancer l'activité minière;
  • le déploiement des brigades de surveillance et un travail de sensibilisation du public, et plus spécifiquement des populations qui vivent au voisinage des terrains miniers, pourrait contenir ou éradiquer le pillage des ressources minières, singulièrement celles qui sont exploitées en surface comme le diamant et l'or.

Recommandations

Organiser des campagnes de sensibilisation pour mettre un terme à l'exploitation anarchique et illicite des ressources naturelles. Les cibles de ces campagnes devraient être les populations rurales, les citadins, les chefs traditionnels. En cas de récidive, les pouvoirs publics devraient recourir aux sanctions. Les agences du système des Nations Unies et les ONGs devraient appuyer les efforts que pourraient susciter le Gouvernement dans ce domaine;

Le Gouvernement devrait ouvrir des corridors et déployer des brigades de surveillances qui seraient chargées de contrôler les principaux axes qui conduisent aux grandes zones forestières, agricoles et minières.

L’actualité va t–elle créer l’espoir?

La situation humanitaire reste marquée par la couverture des besoins urgents d'appui dans les zones affectées. Ces besoins concernent essentiellement les secteurs de l'eau, de l'assainissement, de la santé, de l'éducation et de l'alimentation.

Situation politique

L'actualité est dominée par la rencontre d'Accra III qui réunit les protagonistes de la crise ivoirienne les 29 et 30 juillet en présence d'une dizaine de chefs d'Etat africains et du SecrÚtaire général de l'ONU. L'objectif de cette rencontre est d'aider le Gouvernement de la Côte d'Ivoire et l'opposition à mettre en oeuvre le plan de paix de Linas-Marcoussis. Le Conseil de sécurité de l'ONU a déloyé une mission sur le terrain du 22 au 23 juin. Cette mission a rendu ses conclusions le 12 juillet. Selon la mission, l'impasse liée à la non-résolution de la question politique en Côte d'Ivoire a des implications, non seulement, sur le champ socio-économique et humanitaire mais aussi du point de vue de la cohesion nationale (division du pays entre le nord et le sud) et au niveau de la sous-région. Le Conseil de Sécurité a lancé un appel à tous les acteurs politiques de la crise ivoirienne afin que ceux-ci conjuguent leurs efforts pour sortir de l'impasse politique actuelle. La mission a recommandé que le Président Laurent Gbagbo et le Premier Ministre Seydou Diarra créent les conditions d'une réactivation de l'action gouvernementale et définissent un calendrier précis relatif à la mise en oeuvre des accords de Linas-Marcoussis.