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A quelques exceptions près, les investisseurs continuent de tourner le dos à l’économie nigériane, durement frappée, par la baisse des prix du pétrole, qui plombe ses revenus d’exportation, et détériore son taux de change sur le marché réel. Les chiffres du bureau nigérian des statistiques le démontrent, les Investissements Directs Étrangers (IDE) ont chuté de 70% dans le pays, au cours du premier trimestre 2016. Par ailleurs, dans une note d’analyse publiée le 9 mai 2016, à l'attention des investisseurs du marché monétaire, la firme d’investissement Renaissance Capital a déconseillé l’achat des nairas, expliquant que cette monnaie était surévaluée d’environ 30%.

Une monnaie qui dégringole sur le marché réel

La devise nigériane s’échange à 199 contre 1 $ sur le marché interbancaire, alors que la valeur réelle tourne autour de 300 contre 1 $. Cette situation continue d’accentuer la pression sur les investisseurs, qui sont de plus en plus nerveux. A la fin du mois de mars 2016, le flux net des transactions sur le Nigeria Stock Exchange a chuté de 17,87% à 96,31 milliards de nairas, selon des statistiques disponibles sur le site du marché financier nigérian. Et dans ce tableau morose, la part des transactions globales effectuées par les investisseurs internationaux,  a été de seulement 35,7% du total, contre jusqu’à 55,7%, pour la même période au mois de mars 2015.

Certains analystes, estiment qu'il y a un manque de clarté, dans la stratégie économique, du président Muhamadu Buhari, élu en mars 2015, à l’issue d’une élection présidentielle pacifique. Depuis cette période, il dévoile avec une progression qui lui est propre, sa stratégie économique, qui se résume en deux points. « Pas de dévaluation du naira et une hausse des dépenses publiques avec pour objectif parvenir à plus d’efficience au sein de l’administration ».  M. Buhari se refuse à toute idée de laisser flotter la monnaie de son pays. Alors qu’il s’adressait à des acteurs du secteur privé, au cours du mois d’avril, il a argumenté sa position, expliquant que les décisions de dévaluations qui avaient été prises antérieurement, n’avait pas contribué à résoudre le problème de l’économie nigériane, mais a plutôt aggravé les inégalités, au sein de la population. Les données historiques semblent lui donner raison.


Lorsque les prix du pétrole ont amorcé leur chute fin 2014, la Banque Centrale du Nigeria a effectué une dévaluation effective de la monnaie, de 8%, faisant passer le taux de change officiel de 150-160 à 160-175 pour chaque dollar américain. Au mois de février 2015, il a poursuivi avec cette logique, annulant des appels d’offres pour la vente des dollars, avec en objectif, faire en sorte que le marché face à une faible disponibilité de la devise américaine, porte la valeur du naira à 196 pour 1 $. Pourtant malgré ces mesures,  l’indice des prix à la consommation, le principal déterminant de l’inflation, a progressé de 8,13% sur l’année 2015, et selon des indicateurs de la CBN, à la fin avril 2016, l’inflation atteignait les 12,8%.

 

Des options gouvernementales aux impacts incertains

 

Le fait pour le gouvernement nigérian, de ne pas intervenir dans l’économie en prenant des décisions de politique monétaire appropriées, ne s'est pas traduit, pas par un effet d’entraînement sur l’économie réelle. Dans les aéroports, les bureaux de change donnent jusqu’à 300 nairas pour un dollars US et sur le marché noir, cela peut aller jusqu’à 350 nairas. La décision de geler le taux de change du naira, n’influence donc pas sur la loi de l’offre et de la demande du marché des devises au Nigeria. Les différents acteurs de cette économie, qui importe une part importante de ses biens et services, préfèrent dépenser plus de  nairas, pour maintenir leurs affaires, notamment ceux qui ont une composante d’intrants importés. On a aussi pu noter qu’il y a une corrélation étroite entre la croissance et l’évolution des indices des prix à la consommation. Les fortes croissances se sont souvent accompagnées de baisse des prix, tandis que la baisse de la croissance se traduit par une envolée des prix. 

 

Courbe des IPC et de la croissance sur 5 ans

Le gouvernement est désormais attendu sur le plan budgétaire. L’annonce forte a été celle faite par Kemi Adeosun, la ministre des finances, qui a fait savoir que, dans le cadre des prochains budgets,  il est prévu d’injecter 350 milliards de nairas dans l'économie tous les trimestres, jusqu’à ce que la croissance du Produit Intérieur Brut ait repris. Toujours dans le cadre budgétaire, le gouvernement nigérian, contre les avis des bailleurs de fonds, a augmenté le niveau de ses dépenses occasionnant un déficit budgétaire prévisionnel de 11 milliards $. Les deux solutions sont cohérentes, en ce que injecter de l’argent dans l’économie pour créer des emplois, devrait permettre d’accroitre le revenu disponible à la consommation et donc redonner des raisons aux investisseurs de maintenir leurs engagement et au besoin, de les accroitre, ce qui se traduirait par une hausse des investissements en capital et une création d’emplois.

Mais plusieurs facteurs sont à prendre en compte ici. Kemi Adeosun, n’a pas clairement expliqué comment sera dépensé l’argent injecté dans l’économie. Elle a simplement fait savoir, que cela ne servirait pas au sauvetage des budgets des États fédéraux, déjà sous pression pour payer les salaires. Une hausse des revenus dans l’économie risque donc d’accroitre la demande, mais dans un contexte où la base de production n’a pas changé et que les prix sont tirés par le haut du fait de l’inflation, on risque d’arriver à une autre phase des hausse des prix, soit l’effet contraire recherché par l’administration. « Relancer l’économie à travers l’augmentation des revenus et donc de la consommation, ne semble pas une bonne idée dans le contexte actuel », faisait déjà remarquer PricewaterCoopers dans ses prévisions de 2015-2016 sur le pays.

Le difficile compromis

Quant à la décision d’investir massivement, elle devrait effectivement permettre de soutenir la croissance du Produit Intérieur brut, grâce au surplus de dépenses gouvernementales. Mais perçu sur le plan purement des recettes, le fait que ces investissements ne s’appuient pas sur une politique fiscale pertinente, mais plutôt sur l’endettement, n’est pas en soi un avantage. Le gouvernement n’a pas clairement expliqué, quelle est la marge réelle entre  les points de croissances qui seront gagnés en termes de PIB et les charges liées au remboursement de la dette.

Le gouvernement Buhari fait donc face à de terribles compromis. Il doit s’assurer que la création des richesses peut donner du bien-être à tous les Nigérians, à un moment où le pétrole, principale sources des revenus, traverse des moments difficiles. Jusqu’ici, ses choix de politique fiscale et de politique monétaire tardent encore à produire les résultats escomptés. Les analystes suivent cette nouvelle phase de cycle économique du pays partagé entre des agents économiques qui ne peuvent pas changer leurs habitudes de consommation du jour au lendemain, et un gouvernement qui a une marge de manœuvre très étroite.

Idriss Linge, Ecofin