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Jamais un être humain n’aura fait une quasi-unanimité et bénéficié de telles funérailles planétaires comme le Prince Xhosa, Nelson Rolihlahla MANDELA. De l’Amérique à l’Afrique, de l’Europe à l’Asie, ils sont venus, ils étaient tous là précédés par leurs hommages au Leader Sud-Africain. Puis, son Peuple Arc-en-ciel cimenté par sa disparition lui a réservé des célébrations uniques. Cependant, ce héros de tous les temps était déjà entré dans l’Histoire par la grande porte en 1964 avec son discours au procès de Rivonia à la suite duquel lui et ses 9 compagnons furent condamnés à la prison à perpétuité. Par ce discours, véritable acte de défiance de la puissante autorité Afrikaners, ségrégationniste, Mandela âgé de 46 ans, fit une proclamation de son don de soi à la justice sociale, à la liberté de son peuple, et à la paix mondiale. "C’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir" proclama t-il le 20 avril 1964 à ce procès historique. Ce qui est fascinant, c’est sa constance dans cet engagement. En effet, après 27 ans de prison, 71 ans de vie politique presque sans faute (depuis 1942, date son adhésion à l’ANC) et 95 années de vie, MANDELA n’a jamais dévié de cette voie. 

Non seulement ai-je eu la chance de visiter[1] la prison dans laquelle Mandela passa 18 des 27 ans de prison et de rencontrer son ami et compagnon de lutte Ahmed Khathrada qui nous narra leur vie en prison et le comportement exemplaire de son mentor MANDELA, mais, il m’a été donné l’occasion d’analyser ce discours fondateur de Mandela[2] comme spécialiste invitée à l’émission littéraire de la radio de radio Canada[3] prononcé 49 ans avant qu’il ne tire sa révérence (1964 - 2013). Permettez-moi de partager l’analyse de ce discours de Mandela[4] pour exposer les germes de son œuvre qui sont aujourd’hui un héritage non pas seulement des Sud-Africain-e-s et de l’Afrique, mais un héritage mondial légué un homme universel à perpétuer comme base de l’éducation à l’égalité raciale et sociale, au vivre ensemble en harmonie en vue de bâtir un monde meilleur pour les générations présentes et futures.

 

une vie dÉdiÉe aux siens, les Africain-e-s et à l’Humanité

 

Par un plaidoyer de quatre (4) heures de temps pour sa défense et celle de neuf (9) dirigeants de l’ANC arrêtés le 11 juillet 1963. Nelson MANDELA explique son action et proclame son idéal :

«J’ai combattu la domination blanche et la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tous les hommes pourraient vivre en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal que j’espère défendre ma vie durant. Mais, s’il le faut, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.»

Ce discours de Nelson Mandela de 1964 fut un retentissant plaidoyer. Souvenons-nous que l’Homme au banc des accusés de la Cour suprême de Pretoria en ce 20 avril 1964 est un avocat. D’ailleurs, d’entrée de jeu, il le souligne «…j’exerce le rôle d’avocat depuis de nombreuses années à Johannesburg en partenariat avec Olivier TAMBO.» En d’autres termes, je peux me défendre comme principal accusé et défendre mes dix-neuf compagnons de lutte arrêtés le 11 juillet 1963 au quartier général de l’Umkhonto we Sizwe (Lance de la Nation), la branche armée et clandestine de notre organisation de lutte contre l’Apartheid, le Congrès National Africain ou ANC.

 

En fait, Mandela profite de cette Tribune que lui offre ce procès des militants anti-Apartheid pour s’adresser à son peuple, mais surtout, au monde entier et dénoncer l’oppression que les Blancs d’Afrique du Sud font subir à son Peuple. Il démontre que malgré une lutte non-violente depuis plus d’un demi-siècle, soit depuis 1912 (date de création de l’ANC) jusqu’à cette arrestation massive des Leaders de leur Communauté (1961 – 1963), les Africains subissent une violence  inouïe (arrestation, meurtres, violation de leurs droit à l’accès aux ressources de la Nation (terre, emploi, éducation, formation,…). À preuve, le chapelet de massacres au fil des temps et récemment, celui de Sharpeville par la police Sud-Africaine.

 

Il fait l’historique de la résistance non violente des Africain-e-s et la force excessive qu’utilise  le Gouvernement Sud-Africain à leur égard. D’accusé, il devient l’accusateur et démontre que c’est le Gouvernement qui a poussé l’ANC à la lutte armée et à la clandestinité. Il revendique la démocratie et réclame la liberté et la dignité pour 70% de la population Sud-Africaine que constituent les Africain-e-s.

 

L’impact du discours de Mandela au Procès de Rivonia

 

La déclaration de près de 20 pages de Mandela connaît un retentissement mondial. Ce, entre autres parce qu’il est intégralement reproduite par le grand quotidien progressiste anglophone de Johannesburg, le Rand Daily Mail. Le voile venait d’être levé sur un système d’oppression humaine le plus féroce, l’Apartheid. L’indignation mondiale fut générale.

 

Partout, des initiatives individuelles (artistes, journalistes, écrivains, …), collectives (groupes de citoyens d’Europe, d’Asie, d’Amérique du Nord et du Sud, surtout les Afro-Américain-e-s, de tous les pays d’Afrique) et institutionnelles (Nations Unies, Conseil de Sécurité, Commonwealth, …) sont prises apporter de l’aide au peuple Sud-Africain et démanteler ce système d’Apartheid. D’où de nombreuses marches de soutien à travers le monde et de boycott des affaires du Gouvernement de l’Afrique du Sud.

 

Certes, ce sera la résistance de Mandela et de son peuple qui viendront à bout de ce système odieux, mais la pression internationale dont celle du Canada (société civile et surtout son Premier ministre d’autan, Brian Mulroney) jouera un rôle capital dans sa chute.


 

La vie et l’œuvre de Mandela : une leçon de don de soi

 

Ce discours est toute une leçon de vie qui nous vient d’un Peuple, mais aussi d’un homme exceptionnel. Il est important parce qu’il n’est pas seulement théorique, mais part d’un vécu. Ce qui y est exposé est un exemple d’intelligence humaine, de force morale, de courage et de détermination. Pour Mandela, la lutte pour l’unité de son Peuple et un idéal pour lequel, il est prêt à mourir.  Il garde le Cap sur cette affirmation (refus de l’offre de liberté après 20 ans d’incarcération, retrait du pouvoir au profit des jeunes, révélation du Sida de son fils pour encourager les autres à briser l’Omerta afin de faire face à l’endémie, etc.).

 

C’est à croire que Dieu ou la Nature (selon les croyances) a accordé à cet homme une longue vie (il aurait pu mourir en prison ou en sortir brisé et malade) pour nous offrir un exemple de capacité de don de soi (27 années en prison), d’abnégation (sacrifice de sa famille au profit de son peuple), de générosité (refus de la vengeance d’actes cruels), de sagesse (éviter le bain de sang et une guerre éternelle à son pays), en d’autres termes, de leçons d’Humanité.

 

L’œuvre de Nelson Rolihlahla Mandela : un héritage mondial pour un monde meilleur

 

Préfaçant son livre intitulé "Conversations avec moi-même" (2010: XIII – XIV), le premier président Africain-Américain des États-Unis,  Barack OBAMA qualifiait ainsi Mandela, son héros :

 

«Sa vie, d’ailleurs, nous raconte une histoire aux antipodes du cynisme et du fatalisme qui affligent si souvent notre monde. Un prisonnier est devenu un homme libre; un héros de la liberté a proclamé la réconciliation; un chef de parti s’est mué en un président au service de la démocratie et du progrès. Même à présent qu’il n’occupe plus de fonction officielle, Mandela continue de se battre pour l’égalité, la chance et la dignité des hommes. Il a tant fait pour changer son pays, de même que le monde, qu’il est difficile de s’imaginer l’histoire des dernières décennies sans lui

 

Puis, le président Obama d’avouer être «tout à la fois enthousiasmé par les possibilités infinies dont m’avait fait prendre conscience sa propre vie, mais aussi effrayé par les sacrifices nécessaires pour mener à bien son rêve de justice et d’égalité.»

 

Ce sont là des sentiments qui peuvent habiter tout être humain qui aspire à apporter une contribution significative au combat pour les droits humains, la justice sociale et la paix mondiale. Mais, l’immensité et la richesse de cet héritage que nous laisse MADIBA constitue justement une source profonde dans laquelle chacun peut s’abreuver à la mesure de sa soif. Et, comme disait Jean-Louis ROY (ancien secrétaire général de la Francophonie): «Pour lui rendre hommage, ne reste qu'à répéter ce qu'il a dit, qu'à faire ce qu'il a fait. Nous tous, humains, avec quelques gestes, quelques paroles, on peut faire ensemble un Mandela de nous.» (in Facebook) L’ancien ministre de la culture de la France préconisait la même chose hier soir à l’émission "L’Invité" de TV5. En effet, dès son décès, j’ai pensé que comme l’École Mandela de Toronto (Canada), pour bien se l’approprier, l’œuvre de Mandela (faits, geste et écrits) doit faire partie du programme d’éducation de tous les paliers de l’éducation (de la maternelle à l’Université), mais aussi celui des médias traditionnels et sociaux.

 

Ainsi ensemble, nous ferons un Nelson Rolihlahla Mandela pour bâtir un monde meilleur!

 

 

Dre Aoua Bocar LY-Tall

Sociologue et Chercheure associée à l'Institut d'Études des Femmes de l'Université d'Ottawa, CANADA

Expert-conseil en Genre, Diversité & Environnement; Consultante et conférencière internationale

Présidente-Fondatrice Réseau "FEMMES AFRICAINES, Horizon 2015 (FAH2015)", QUÉBEC

Tél.: 001 - 514 - 662 - 2876; E-mailaouab_ly.tall@ymail.com



[1] Comme membre de la Délégation de la GouverneurE générale du Canada lors de sa 1ere en visite d’État en Afrique. Cf. :  http://archive.gg.ca/gg/sv/delegation.pdf (9e Expert-conseil: pp 21 - 22).

[2] en collaboration avec Mr. Danic Parenteau, Professeur adjoint au Collège militaire royal de Saint-Jean.

[3] Animée par Marie-Louise ARSENAULT (chaine 95.1 FM) et qui passe de 13h et 14h du lundi au vendredi.