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Les racines du conflit actuel au Nord-Kivu.

Publié le, 16 janvier 2013 par M. Justin GAHIGI

 Par Justin Gahigi

Depuis le printemps dernier, une nouvelle guerre embrase le Nord-Kivu, province orientale de la République Démocratique du Congo (RDC). Elle oppose le pouvoir de Kinshasa au M23, un mouvement politico-militaire de dissidents congolais. Cette région connaît des troubles cycliques depuis environ deux décennies. 

 Afin de comprendre l’évolution de ce conflit, il convient de poser un certain nombre de questions. Quels sont les enjeux de ce conflit? Quelle est la particularité du M23 par rapport à des dizaines de milices armées qui sévissent aussi bien dans la région que dans l’ensemble du pays? Existe-t-il un lien entre cette guerre et les crises qui ont secoué la région des Grands lacs depuis les années 90? Au-delà des deux protagonistes, d’autres acteurs – locaux, régionaux et internationaux – jouent-ils un rôle dans ce conflit? Pourquoi l’accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le CNDP et le pouvoir de Kinshasa n’a-t-il pas réussi à restaurer la paix et la stabilité? Malgré les efforts de stabilisation de la région auxquels ont participé conjointement la RDC et le Rwanda, les relations entre ces deux pays se sont brusquement brouillées au point que la RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23? S’agit-il d’un conflit interne à la RDC ou d’une agression du Rwanda comme l’affirme Kinshasa?

Nous allons tenter de répondre à ces questions à travers un survol historique du conflit d’abord et une brève présentation de la situation actuelle ensuite.

 

 

SURVOL HISTORIQUE

Au cours de la décennie 90, la région des Grands Lacs Africains – Rwanda, Burundi et Kivu – a été le théâtre des guerres civiles dont les causes relèvent tant de l’échec de la décolonisation que de la mauvaise gouvernance des élites locales. Alors que le racisme «ethnique» est au cœur des conflits au Rwanda et au Burundi, la négation de la nationalité congolaise aux citoyens rwandophones est le nœud du problème au Kivu.

 

 

Citoyenneté

Le problème des citoyens rwandophones, connu sous le nom de «la question des personnes à nationalité douteuse» est apparu au début des années 80. Il concernait exclusivement les populations d’expression kinyarwanda du Kivu: les Banyarwanda du Nord-Kivu et les Banyamulenge du Sud-Kivu.

Au Nord-Kivu, les Hutu et les Tutsi forment l’ethnie des Banyarwanda, de langue rwandaise et représentant environ 50 % de la population. Ils cohabitent depuis des siècles avec d’autres groupes ethniques- Bahunde, Banyanga, Banande, Batembo … - considérés abusivement comme les seuls « autochtones ». Certains vivaient sur le territoire actuel de la RDC avant la colonisation, tandis que d'autres ont migré du Rwanda voisin par vagues successives. Cette population est cependant loin d'être homogène, car ne s'étant pas implantée dans la région à la même période.

La première catégorie concerne des congolais de souche (établis sur Ruthsuru et Bwisha). La région des Grands Lacs est en effet l’une des dernières dont le colonisateur fixa les frontières. Ces deux régions qui appartenaient au royaume du Rwanda placé sous le protectorat allemand, furent annexées au Congo belge par la convention du 11 août 1910. De même, la région du Bufumbira, comprise entre le lac Kivu et le lac Edouard, fut amputée du Rwanda et rattachée à la colonie anglaise de l’Uganda.

 

 

Dans la même catégorie se trouvent aussi les Banyamulenge, pasteurs tutsi établis dans les plateaux d’Itombwe depuis l’époque précoloniale cohabitant avec d’autres groupes ethniques – Bafulero, Babembe, Bahavu, Bashi, Banyindu, Barega –. Ces derniers sont également considérés abusivement comme les seuls « autochtones ». S’il est difficile de préciser la date exacte de leurs migrations, en revanche, des sources historiques tendent à confirmer que celles-ci remontent à l’époque précoloniale. Certaines sources situent au début du XVIIIe siècle l’époque à laquelle des groupes de pasteurs Tutsi quittèrent le Rwanda pour s’établir sur les hauts plateaux de l’Itombwe; d’autres retracent l’origine de leur migration à une époque plus récente, le milieu ou la fin du XIXe siècle.

La deuxième catégorie comprend d'autres communautés banyarwanda se sont implantées au fil du temps, notamment dans la région de Masisi, quand des transferts importants de population ont été organisés par les autorités coloniales belges pour faire travailler des populations rwandaises dans les plantations et les mines du Congo. Un autre afflux de population rwandaise s'est produit à intervalles réguliers après l'indépendance, suscité par les violences politico-ethniques qui ont déchiré le Rwanda dès 1959.

En résumé, on peut classer les populations rwandophones congolaises, en deux catégories: les congolais de souche par le tracé des frontières coloniales et les congolais issus des migrations coloniales de la période 1925-50. La 1ère catégorie comprend les Banyarwanda du Nord-Kivu (Ruthsuru et Bwisha) et les Banyamulenge du Sud-Kivu. La 2ème catégorie est composée de la main d’oeuvre rwandaise engagée dans les plantations agricoles (café, thé, ...) au Kivu ainsi que les exploitations minières aussi bien du Kivu que du Katanga à l’époque coloniale. La 1ère catégorie est congolaise de fait. En effet, la Table ronde belgo-congolaise de 1960 et la constitution de Luluabourg de 1964 leur reconnait la nationalité congolaise. La 2ème catégorie a acquis la nationalité congolaise par le biais de la loi n°002 du 05 janvier 1972, en l’occurrence son article 15 qui stipule que « les personnes originaires du Rwanda-Urundi établies dans la province du Kivu avant le 1er janvier 1950 et qui ont continué à résider depuis lors au Zaïre jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi ont acquis la nationalité zaïroise le 30 juin 1960 ».

En outre, on trouve deux catégories de résidents rwandais au Kivu: les réfugiés (Tutsi des années 60 et 70 et Hutu de 94) ainsi que les immigrés économiques. S’agissant des réfugiés, l’immense majorité est rentrée au Rwanda en deux vagues successives. Les anciens réfugiés Tutsi des années 60 et 70, sont rentrés dans la seconde moitié de 94, juste après le génocide des Tutsi rwandais du printemps 94. Quant aux réfugiés Hutu, arrivés en juillet 94 au cours de l’opération Turquoise, ils sont rentrés massivement en novembre 1996, suite au démantèlement des camps de Goma et de Bukavu par les troupes de l’AFDL appuyés par l’APR.

Hélas, une minorité de réfugiés Hutu est restée, toujours tenue en otage par les FDLR (mouvement armé constitué des anciens miliciens Interahamwe et des ex-FAR). Bien que de nationalité rwandaise, un certain nombre d’entre eux a acquis la nationalité congolaise de façon frauduleuse.

Le déni de la citoyenneté aux congolais rwandophones

L’ambiguïté de la nationalité des populations se trouvant à cheval sur des frontières arbitrairement tracées par le colonisateur s’est révélée un piège mortel pour des congolais rwandophones. Pour des divers motifs – les problèmes fonciers soulevés par les chefs coutumiers, les calculs électoralistes des élites « autochtones » et l’exportation au Congo des conflits internes du Rwanda, à travers le clivage ethnique hutu-tutsi – la tentation de mettre dans le même sac les congolais rwandophones et les résidents rwandais était trop grande.

 

 

C’est ainsi qu’en 1981, sous l’instigation des élites dites « autochtones » du Kivu, une commission parlementaire proposa une loi supprimant la citoyenneté à tous les congolais rwandophones. Il s’agit de la loi n°002 du 29 juin 1981. Au départ, cette loi visait uniquement les migrants rwandais de la période 1925-50 qui avaient acquis collectivement la nationalité congolaise par la loi de 1972. Dans son exposé de motif, il est dit que la nouvelle loi annule expressément l'article 15 de la loi de 1972 qui aurait accordé collectivement " la nationalité à des groupes d'étrangers ".R32; Mais, dans les faits, elle s’est appliquée abusivement à tous les congolais rwandophones, c’est à dire les Banyarwanda du Nord-Kivu et les Banyamulenge du Sud-Kivu, les rendant ipso facto apatrides.

 

 

De même en 1992, lors de la Conférence nationale souveraine (CNS), les congolais rwandophones furent systématiquement exclus sous prétexte de « nationalité douteuse ». C’est dans ce contexte que les tensions interethniques au Masisi ont dégénéré en 1993 en violences armées opposant les autochtones – principalement les Bahunde – et les Banyarwanda (Tutsi et Hutu) provoquant de milliers de morts.   

 

 

Tentative de création d’un Hutuland au Kivu

Au début 1994, alors que les tensions du Masisi s’étaient un peu apaisées, l’arrivée massive des refugiés hutu en juillet 94 mit le feu aux poudres. Ces derniers, s’allièrent aux populations hutu locales pour chasser tutsi vivant dans la région de Masisi. Vers fin 95 et début 96, afin d’échapper aux massacres, des dizaines de milliers de tutsi, victimes de cette épuration ethnique, se réfugièrent au Rwanda et en Uganda. En septembre 1996, les métastases du génocide se répandirent également au Sud-Kivu visant les  Banyamulenge. Mais, grâce à leur tradition guerrière, cette agression rencontra plus de résistance que dans le Masisi. Au Rwanda même, les régions frontalières du Congo subirent des incursions de commandos sortis des camps de Goma et de Bukavu visant les survivants du génocide. Début septembre, tous les ingrédients d’une explosion régionale étaient réunis.

 

 

Faute de créer un Hutuland dans la « Zone Turquoise » au sud-ouest du Rwanda, l’intention des forces Hutu-power était bel et bien de constituer un sanctuaire dans le Kivu, à partir duquel ils escomptaient reconquérir le Rwanda. La communauté internationale à travers l’aide humanitaire, à raison de 1 million de dollars par jour, a indirectement contribué à renforcer l’emprise des extrémistes hutu sur les populations civiles. En effet, les cadres de l’ancien régime rwandais, chargés de distribuer l’aide humanitaire prélevaient au passage un impôt de guerre et se livraient à une propagande anti-tutsi. En permettant l’évacuation du gouvernement et de l’armée génocidaire avec ses armes lourdes vers le Congo, les forces françaises de l’opération Turquoise y ont exporté la guerre. En refusant de les désarmer, l’armée congolaise a été complice.

 

 

Face aux menaces d’offensive pesant sur le Rwanda, celui-ci encouragea les Banyamulenge à se défendre. Ces derniers s’allièrent à d’autres opposants congolais pour créer l’AFDL, un mouvement rebelle congolais dirigés par Joseph Kabila. Ces rebelles, aidés par l’APR attaquèrent les ex-FAR et les Interahamwe qui tenaient en otage les populations civiles et les expulsèrent des camps. Les populations civiles, délivrées des hommes en armes, prirent massivement le chemin du retour vers le Rwanda. Ce retour massif des réfugiés rwandais au Congo en novembre 1996 sera suivi un mois plus tard par celui des réfugiés rwandais en Tanzanie. Dès cette date, l’épicentre des conflits quitta le Rwanda pour s’établir au Kivu où les FDLR font régner la terreur jusqu’à aujourd’hui. Ce climat d’insécurité favorisa l’éclosion de plusieurs mouvements armés tels que les Maï-Maï, le Pareco, le FRC…

 

 

LA SITUATION ACTUELLE

Dans quel contexte a éclaté la nouvelle guerre au Nord-Kivu ?  Au lendemain de l’élection contestée du président Kabila de novembre 2011, celui-ci fut confronté à deux problèmes. D’une part, il était soumis aux pressions occidentales exigeant l’arrestation du général Bosco Ntaganda, dirigeant les FARC dans l’Est du Pays. Grâce aux services rendus au Président Kabila, ce dernier avait jusqu’alors réussi à neutraliser l’inculpation de la CPI. Il avait entre autres « sécurisé » le scrutin dans l’Est, région où le candidat Kabila a réalisé de très bons scores. D’autre part, pour améliorer sa popularité auprès d’une l’opinion publique anti-rwandaise, il envisageait d’organiser le transfert des militaires rwandophones du Kivu vers d’autres provinces.

A cette fin, le président Kabila envoya une délégation à Kigali pour demander le soutien du Rwanda. D’après cette délégation, les soldats rwandophones refusaient d’être déployés ailleurs qu’au Kivu car Bosco Ntaganda le leur interdisait. D’où la stratégie d’une pierre deux coups : en arrêtant Ntaganda, on débloquait simultanément le transfert. Cette solution était parfaite car elle réalisait à la fois les vœux des occidentaux et ceux du gouvernement congolais. Le Rwanda accéda à la seconde demande : convaincre les militaires rwandophones à accepter le transfert vers d’autres provinces. Mais, il refusa de participer à l’arrestation de Ntaganda. Pour lui, il s’agissait d’abord d’un officier proche du président Kabila et ensuite la communauté internationale était mieux placée pour l’arrêter grâce à la Monusco dont les officiers fréquentaient  les mêmes clubs sportifs et les mêmes boîtes de nuit que l’officier en disgrâce

Au moment même où se déroulait les négociations visant à persuader les militaires rwandophones à accepter d’être transférés vers d’autres régions, le gouvernement congolais envoya une importante force militaire à Goma, laissant présager une solution militaire. C’est à ce moment là que les officiers rwandophones refusèrent le déploiement et commencèrent à déserter leurs unités, suivies par leurs hommes de troupe. Ils se replièrent en direction de Runyoni et de Bunagana (frontière avec l’Uganda). Dans la foulée, ils annoncèrent la naissance du M23. Mais, qui sont-ils précisément et que revendiquent-ils ?

Le M23 est essentiellement composé d’ex-rebelles congolais du CNDP, intégrés à l’armée de la RDC suite à l’accord avec Kinshasa le 23 mars 2009. Ils se sont mutinés en avril dernier dans la région du Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas avoir respecté cet accord. D’après eux,  plusieurs points de l’accord conclu en 2009 entre le pouvoir de Kinshasa et le CNDP n’avaient pas été réalisés. Comme préalable au déploiement des militaires dans d’autres régions, il fallait rétablir la sécurité au Kivu, démanteler les FDLR, organiser le retour des réfugiés congolais vivant dans les camps au Rwanda dès les années 90. Or, cela était loin d’être réalisé. Ils ajoutèrent « notre intégration n’a jamais été complète, nous étions payés autrement que les autres militaires, nous avions reçu des grades mais ces derniers n’avaient jamais été confirmés par des arrêtés, et à tout moment nous risquions d’être chassés de l’armée ». De plus, ils mentionnèrent le fait que 50 de leurs compagnons d’armes, qui avaient été transférés à Dungu en Province Orientale, avaient été tués en une seule nuit et que le gouvernement n’avait jamais mené d’investigation.

Le M23 fait l’objet de nombreuses accusations de la part de la RDC et des ONG des droits de l’homme telles que HRW et AI. Les deux principales accusations portent sur le soutien militaire du Rwanda et le regain de violence au Kivu. Face à la première accusation, le porte- parole du mouvement répond : « Pourquoi le M23 irait chercher de l'aide militaire au Rwanda ? Pour ce qui concerne la logistique, à Bunagana, on a eu des tonnes de munitions et d'armes, cela suffit au M23 pour continuer la guerre ». Quant à l’accusation selon laquelle la rébellion du M23 a créé un regain de violence à l'Est de la République démocratique du Congo et a réactivé tous les autres groupes armés, comme les Maï-Maï ou même les FDLR, R32;il rétorque que ces groupes armés existaient bel et bien avant la naissance du M23. S’agissant des causes du conflit, il cite l’ex-président Olusegun Obasanjo (Nigéria), envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Région des Grands Lacs et facilitateur de l’accord du 23 mars 2009: "les causes de la violences se trouvent en RDC et la solution se trouve en RDC".

La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23. Kigali nie tout soutien au M23, rétorquant que la tension au Kivu a été déclenchée par l'échec de Kinshasa à honorer sa part du marché dans l'accord de 2009 avec les soldats du CNDP. Rappelons que cet accord avait permis le rapprochement entre les deux pays – réouverture des relations diplomatiques, visite présidentielle et déploiement d’une opération militaire conjointe en vue d’éradiquer les milices armées, notamment les FDLR – suivi d’une période paisible de presque trois ans.

Afin de désarmorcer la crise actuelle, la Conférence des pays de la région des Grands lacs (CIRGL) préconise un mécanisme de contrôle de la frontière entre les deux pays pour détecter et empêcher d’éventuelles infiltrations. Il s’agit de la mise en place d’une force Force internationale neutre (FIN) – composée de 4000 hommes fournis par 4 pays de la CIRGL – à déployer le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda. Ce dispositif jouit du soutien de l’Union Africaine (UA) et du secrétariat général de l’organisation des Nations Unies (ONU).

En conclusion, les racines du conflit actuel au Kivu sont doubles : la négation de la citoyenneté aux congolais rwandophones dès les années 80 et l’installation du Hutu-power rwandais dès juillet 1994. Ce conflit met la RDC devant ses responsabilités : éradiquer les forces négatives (FDLR, Maï-Maï, …) qui sèment le chaos et rétablir ses propres citoyens dans leurs droits. Plus que jamais, le retour à la paix dans la sous-région passe non seulement par la reconnaissance de la citoyenneté aux congolais rwandophones du Kivu, mais aussi par l’éradication des idéologies tribalistes. Au-delà de cette solution politique, il faut envisager à long terme la construction d’une union économique régionale qui englobe les deux pays au sein de laquelle les populations à cheval sur les frontières jouissent des mêmes droits. Une solution fondée sur le plan géographique, économique et culturel : sur ces trois niveaux, le Kivu est plutôt tourné vers l’Afrique de l’Est que de la métropole kinoise.

* Profil de l’auteur

Suisse d’origine rwandaise, Justin Gahigi, est né le 06 novembre 1955 à Bumbogo, dans le district de Gasabo de la ville actuelle de Kigali.

Arrivé en Suisse en septembre 1976, Justin Gahigi a fait des études universitaires à l’Université de Fribourg où il a obtenu une licence en sciences économiques. A l’Université de Genève, il obtiendra un diplôme en économétrie.

Enseignant à Genève, au Centre de Formation Professionnelle Construction (CFPC) et militant des droits de l’homme au sein du Comité pour les Droits de l’Homme et la Démocratie au Rwanda (CDDR), Justin Gahigi a, également, écrit plusieurs articles ou participé à des émissions (radio, télévision) portant sur les crises qui frappent la région des Grands lacs africains depuis les années 90.