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Séminaire ONU/OIF sur le multilinguisme: Synthèse des débats

Publié le, 02 juin 2011 par OIF GENEVE/ONU

Une centaine de représentants de missions permanentes, d’agences, fonds et programmes des Nations Unies, d’institutions académiques et de la presse ont assisté à la deuxième table ronde sur le multilinguisme, consacrée à la thématique « Le multilinguisme dans les organisations internationales : quels investissements pour quels objectifs ? », qui s'est tenue au Palais des Nations à Genève, le lundi 28 mars 2011.

Organisée par le Service de l’information de l'Office des Nations Unies à Genève et la Représentation permanente de l’Organisation internationale de la Francophonie auprès des Nations Unies à Genève, à l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie et de la Journée de la langue française aux Nations Unies (20 mars), la table ronde s’est penchée sur les moyens de concilier la mise en œuvre effective du multilinguisme dans les organisations internationales et les préoccupations financières et économiques.

Après les allocutions d’ouverture prononcées par le Directeur général de l’ONUG et l’Observateur permanent de l’OIF, les travaux se sont poursuivis par les présentations liminaires du Professeur François Grin, de l’Université de Genève et celle de S.E. M. Papa Louis Fall, Ambassadeur, membre du Corps commun d’inspection du système des Nations Unies, coordonateur du rapport intitulé: «Situation du multilinguisme dans les organismes du système des Nations Unies». Avant l’ouverture d’un débat avec les participants, l’Ambassadeur Saad Alfarargi, Observateur permanent de la Ligue des états arabes et l’Ambassadeur Rodolfo Reyes Rodríguez, Représentant permanent de Cuba ainsi que M. Ala Almoman, Point focal pour le multilinguisme au sein de l’ONUG ont exposé leurs points de vue sur la problématique. C’est l’Ambassadeur Mohamed Doualeh, Représentant permanent de Djibouti et Président du Groupe des Ambassadeurs francophones auprès de l’ONUG qui a conclu les travaux de cette deuxième table ronde sur le multilinguisme.

 Ouvrant les discussions, M. Sergei Ordzhonikidze, Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a noté que le multilinguisme assure la participation effective et accrue de tous aux travaux de l'Organisation des Nations Unies, ainsi qu'une plus grande efficacité et de meilleurs résultats. Dans le même temps, les contraintes financières et les réalités économiques ne peuvent être ignorées, et il est peu probable que ces contraintes disparaissent dans un futur proche. Pourtant, ces défis ne doivent pas être utilisés comme prétexte pour ne pas accomplir de réels progrès vers le multilinguisme. Les experts et les économistes intervenants ont d’ailleurs noté que dans le monde globalisé d'aujourd'hui, le multilinguisme, loin d'être un fardeau financier, contribue à la création de valeur et à l’amélioration des performances. C'est pourquoi l'ONUG a longtemps encouragé les membres du personnel à participer à ses programmes de formation linguistique. Et ces efforts ont porté leurs fruits: dans un récent sondage, 98 pour cent du personnel ont indiqué qu'ils utilisaient l'anglais au travail, 87 pour cent le français, 34 pour cent l’espagnol et 10 pour cent le Russe, ce qui démontre que l'ONUG peut s'appuyer sur un staff véritablement multilingue.  

Dans ses remarques liminaires, l'Ambassadeur Ridha Bouabid, Observateur permanent de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a déclaré que son organisation, réunissant 75 Etats et gouvernements membres, attache une grande importance au respect et à la promotion du multilinguisme au sein du système des Nations Unies. L'OIF a constamment souligné les enjeux politiques et géo-culturels du multilinguisme, qui sont inséparables du principe de l'égalité entre les États, indispensable à leur participation effective dans les enceintes internationales. Le multilinguisme en tant que levier et facteur de démocratisation des relations internationales est un droit fondamental des États quant à leur capacité à communiquer et à défendre leurs intérêts. A cet égard, l’Ambassadeur Bouabid a souligné la nécessité pour les organisations internationales ainsi que pour les autres acteurs de passer des paroles aux actes. Croire au multilinguisme, c’est résister au poids omniprésent du monolinguisme et agir ensemble pour mobiliser des ressources humaines, financières et technologiques. En un mot: c’est investir.

 

François Grin, professeur à l'Université de Genève et auteur de "L'économie du multilinguisme", a souligné pour sa part comment les compétences en langue étrangère peuvent contribuer de manière considérable à augmenter la production d’un pays ou d'une entreprise, ou à l'efficacité d'une institution. Il a expliqué qu’un examen économique rigoureux révèle que les économies réelles obtenues par les organisations qui adoptent le monolinguisme sont en fait bien moindres qu’il n’y paraît. Il a également mis en garde sur le fait que la décision de produire de l'information en moins de langues ne ferait que déplacer les coûts de traduction vers les pays bénéficiaires.

 L’Ambassadeur Papa Fall, Inspecteur du Corps commun d’inspection, en charge de la coordination du Rapport intitulé « Situation du multilinguisme dans les organismes du système des Nations Unies » a rappelé la fonction et le mandat du CCI. Il a également présenté les lignes fortes du Rapport qui devrait s’articuler autour d’un examen des dispositions concernant les effectifs et les mécanismes de financement des services linguistiques, un inventaire des meilleures pratiques et de la formulation de recommandations concrètes.

 Les autres panélistes – l’Ambassadeur Rodolfo Reyes Rodríguez, Représentant permanent de Cuba et l’Ambassadeur Saad Alfarargi, Observateur permanent de la Ligue des états arabes et le coordonateur du multilinguisme de l’ONUG – ainsi que les participants ont tous reconnu que le multilinguisme, en facilitant l'accès au travail de l'Organisation des Nations Unies par un large éventail d'acteurs, est au cœur même de la légitimité de l'Organisation. Ils ont souligné le droit fondamental des personnes à comprendre et à se faire comprendre. Bien que des progrès aient été accomplis dans la mise en œuvre des décisions prises par l'Assemblée générale, beaucoup reste à faire pour assurer la parité dans la publication de la documentation ou la publication de l'information et pour disposer d’une main-d'œuvre véritablement multilingue. Tous ont convenu que les ressources nécessaires devraient être fournies par le budget ordinaire. Certains ont cependant souligné la nécessité de mieux définir les priorités, d'accroître l'efficacité dans les services linguistiques et de développer des solutions créatives, sur la base de partenariats et de la technologie.

 Dans ses remarques conclusives l’Ambassadeur Doualeh, Représentant permanent de Djibouti et Président du Groupe des Ambassadeurs francophones, a rappelé le rôle moteur joué par le Groupe francophone dans l’élaboration des Résolutions sur le multilinguisme et leur adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies. En se disant très attentif aux recommandations qui émaneront du Rapport du Corps Commun d’Inspection, il a souhaité proposer des pistes d’actions notamment : une concertation renforcée et coordonnée avec le GAF de NY dans la perspective de l’adoption prochaine de la résolution sur le multilinguisme, portée par le Sénégal, qui devrait être adoptée par l’Assemblée générale ; ainsi qu’une concertation renforcée avec les autres Groupes linguistiques et le coordonateur du multilinguisme. Il a également annoncé la constitution d’un Groupe de travail au sein du GAF consacré au multilinguisme, dans ses diverses composantes : actions de veille et d’alerte précoce ainsi que de réactions auprès des Secrétariats concernés suivi des recrutements dans leur dimension linguistique.

 

 

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