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Il sonnait 50 coups à l’horloge des ans. Et nous nous étions obligés de nous arrêter. De nous arrêter pour scruter les horizons ternes et tristes de tous nos rendez-vous manqués.


Qu’avons-nous fait de ce que nous croyions tenir pour nos talents ? Qu’avons-nous fait de nos rêves de liberté, de grandeur, de renaissance ? Et Dieu sait que nous n’avions pas tort de rêver. Quand on est le berceau de l’humanité selon un arrêt de la nature, on ne peut que porter légitimement le rêve de devenir terre d’abondance et d’un bien être partagé, dans l’ordre de la culture.
C’est vrai, nos rêves ne se sont pas toujours incarnés, allant se perdre dans l’estuaire du cauchemar. C’est vrai, l’enfant qui vagissait à l’aube radieuse de ce jour de l’an de grâce 1960 a grandi depuis, mais dans la peine, la pénurie pour pagne, l’incertitude du lendemain pour horizon. Sans autre promesse d’une vie meilleure que la désespérance muette et résignée de ne savoir rien faire d’autre que de tirer le diable par la queue. Comme si les belles paroles de l’hymne national du pays de ce citoyen lambda susurraient, à longueur de temps, à l’oreille de celui-ci, des mensonges mélodieux, des mélodies mensongères.
Voilà l’Afrique 50 ans après. Nous voilà nous-mêmes : souvent nus, constamment démunis, quêtant aux quatre points cardinaux de la pitié la charité internationale. Maigre et rabougri héritage cinquantenaire ! Une frange de la jeune génération de nos concitoyens ne s’y reconnaissant pas, le récuse. Elle n’accepte pas d’en être le légataire.
Mais pour autant, l’heure n’est plus aux regrets, mais au réveil. Parce qu’il n’y a pas, à proprement parler, d’échec. Il n’y a, à la vérité, que des expériences. L’heure est donc à la responsabilité verticale d’hommes et de femmes debout. Ils ne veulent plus être de simples figurants sur la scène de l’histoire. Ils entendent plutôt être des pilotes aguerris par l’épreuve, aux commandes de leur vie,
Et vous voici, quant à vous, prêts à faire entendre au monde, plus que le thème d’un symposium, réuni à Cotonou, du 16 au 20 novembre 2010, mais un cri puissant de ralliement :
« L’audace, unique défi pour une Afrique nouvelle »
Et c’est en vous arcboutant au socle solide de l’audace que vous, hommes et femmes de bonne volonté venus de tous les horizons de la géographie, de l’amitié et de la fraternité, la foi chevillée au corps, avez décidé de planter sur les chemins nouveaux d’une Afrique nouvelle quatre piliers majeurs, à tenir pour autant de bornes- repères.

Première borne-repère : l’audace de l’aveu et de la rupture
Il s’agit, avant toutes choses, de nous regarder et de nous voir, tels qu’en nous-mêmes, dans notre propre miroir. Au cours des cinquante dernières années, force est de reconnaître que l’Afrique s’est rendue responsable de beaucoup d’erreurs. •
L’erreur du mimétisme qui fait de nous des perroquets récitants, des singes grimaçants. Beaucoup d’entre nous ont ainsi marché et continuent de marcher à côté de leur identité. •
Recroquevillés sur nous-mêmes, sans esprit d’ouverture suffisant, ni vision d’avenir, nous avons tôt fait de nous exposer aux dangers du nationalisme culturel dont le propre est d’exclure les autres et d’encourager l’enfermement sur soi. •
Les guerres dans lesquelles nous nous impliquons en supplétifs inconscients, les conflits ouverts ou larvés que nous entretenons en pyromanes irresponsables, ont éloigné la paix de nombre de régions du continent. Nous y avons instauré la loi de la jungle et fait accroire que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». •
Et si nos retards constatés sur les 50 dernières années n’étaient rien d’autre que la conséquence de notre rapport au temps. On est bien tenté d’aller chercher, sur le registre de la gestion du temps, l’avance prise sur nous par ces pays dits émergents, avec une dynamique du travail nettement plus grande dans ces pays. •
Et si nous devions tenir compte du temps, dans toutes nos élaborations, nous ne pouvons pas ne pas y associer l’exigence de la ponctualité. Celle-ci aide à nous rendre maîtres de notre temps et à le gérer au mieux de nos intérêts. Ne faut-il pas du temps pour tout ? Il faut du temps, en tout cas, pour faire avancer la réflexion scientifique, pour faire advenir les choses. Mais ce temps ne participe pas de l’éternité qui est plutôt le temps de Dieu. •
Nous avons détérioré gravement l’environnement de nos élections. Dès lors que nous avons pris l’habitude de faire prévaloir l’idée selon laquelle « on n’organise pas les élections pour les perdre », rien ni personne ne peut « surveiller » le surveillant. Voilà qui ouvre la voie à tous les excès, à tous les abus. •
Nous avons souvent manipulé et tripatouillé nos textes fondamentaux, trahissant nos engagements premiers au nom d’intérêts nauséabonds qui ne disent pas leur nom. •
Et qui nierait que sur les problèmes essentiels de développement nous avons souvent péché, après avoir fait des choix contestables, par raideur idéologique, par étroitesse d’esprit et parti-pris.
« La nuit dure longtemps, mais le jour finit par arriver » dit un proverbe africain. Mais à quelles conditions le jour viendra-t-il pour que le changement souhaité s’impose comme le juste corollaire de l’audace de la rupture ? -
La vérité de l’Africain n’est nulle part ailleurs qu’en lui-même, qu’avec lui-même. Ce qui donne raison au poète : (citation) « N’imitez rien ni personne. Un lion qui copie un autre lion devient un singe ». (Fin de citation) -
La paix est le meilleur terreau de notre développement. Aussi devons-nous nous convaincre que la paix en Afrique ne peut plus être la paix des cimetières, mais celles des vivants. Une paix qui se construit chaque jour par le dialogue, la saine confrontation des idées et des projets, l’acceptation de la diversité. Walter Lippman nous l’a appris : (Citation) « Quand tous les hommes pensent de la même façon, cela veut dire qu’on ne pense guère. » (Fin de citation) -
Vous n’avez pas cru devoir fermer les yeux sur cet ensemble de pratiques ancestrales qui défient les rouages de l’Etat moderne. Délivrons-nous de tout préjugé : ces pratiques représentent, à bien des égards, un capital de connaissances qui peuvent être utiles. Commençons par les approcher, par les recenser, par leur offrir des cadres et des espaces appropriés d’expression qui les sortent du cachot de l’obscurantisme et qui assurent aux praticiens de tirer le meilleur profit de leurs savoirs en termes de brevets, prenant ainsi leur part au développement. -
Le recours à l’Afrique de toujours, à travers nos valeurs endogènes, fournit les premières bonnes réponses à nos diverses quêtes. Que d’armes miraculeuses, dont parle Aimé Césaire, nous aurons à découvrir pour opérer des ruptures décisives et salvatrices ! L’altérité était positivement vécue en Afrique et l’humanisme, dans le sens profond du respect dû à l’humain, n’était pas un vain mot. -
Par conséquent, rupture avec les contenus idéologisants de l’éducation, des sciences sociales. Ils inculquent les bases ethnocides qui conduisent aux abominations que nous savons. Rupture avec la conception selon laquelle « l’autre » est l’ennemi à combattre par tous les moyens et à effacer de la surface de la terre. Rupture avec des prêts à penser ou des normes internationales préétablies qui veulent, par exemple, nous emmurer dans la prison de la pauvreté, alors que l’Afrique n’est pas pauvre, mais appauvrie. -
Nous devons construire des sociétés démocratiques équilibrées, qui bénéficient du coefficient d’action et de réalisation d’une société civile forte et structurée, afin qu’émerge une culture africaine d’inclusion, de diversité et de dialogue. -
Le questionnement, de manière pérenne, doit dominer nos élaborations, pour appeler de notre part prise de conscience et sursaut. Comment le berceau de l’humanité a-t-il pu devenir la poubelle du monde ? Pourquoi le continent le mieux doté de la terre, peut-il se complaire dans la pénurie et la misère ? C’est Nietzsche qui l’a dit « Seul ce qui fait mal, très mal, saisit l’homme tout entier et accélère le processus d’irruption de l’esprit en lui. » -
Le panafricanisme, dans cette perspective, malgré ses bégaiements actuels, doit être perçu comme une chance pour l’Afrique. La mobilité des hommes et des biens est déjà un facteur incontestable de progrès. Elle doit être complétée par la mobilité des idées afin que les Africains consentent, enfin, à faire le plus rentable des investissements, l’investissement dans l’intelligence. -
Enfin, il faut appeler l’éthique au cœur de toutes nos approches. Il faut que l’éthique accompagne, gouverne toutes nos démarches. L’éthique est un facteur de rupture sans pareil. Nous le savons : science sans conscience, n’est que ruine de l’âme. Nous devons le savoir : un développement non générateur d’un bien être partagé, empêchera l’homme africain d’être jardinier et fruit du développement en son propre jardin.

Deuxième borne-repère : L’audace de la science et de ses multiples applications.
Vous avez noté avec pertinence que de nombreuses faiblesses freinent l’évolution de l’Afrique et déterminent ainsi l’environnement dans lequel la science est appelée à se développer. Citons pêle-mêle. -
L’absence de réflexion globale au sommet des Etats. Les intérêts particuliers trouvent ainsi à se manifester grâce aux organisations internationales et aux multinationales. -
L’absence de discussions intellectuelles. Ce qui a pour corollaire la diminution de la circulation des idées. -
Une tendance lourde d’identification des individus à l’Etat national. -
Le fort sentiment de supériorité de l’élite africaine à l’égard du reste de la population. -
Le statut juridique et l’environnement lettré peu favorables aux langues nationales, le statut de langue officielle leur étant volé par des langues étrangères. Les langues nationales qui ne sont pas des langues de l’administration, encore moins du savoir, sont, de ce fait, reléguées au rang de langues de folklore. -
L’insuffisance des infrastructures de production et de diffusion des travaux de recherches. -
La quasi absence des langues africaines sur le web. -
L’inexistence d’études d’impact environnemental. -
Le peu d’intérêt porté aux pôles d’excellence qui restent à dynamiser et à renforcer. -
L’attitude peu encourageante des responsables politiques vis-à vis des chercheurs africains.
S’il en est ainsi, que faire ? Que faut-il mettre à l’endroit et à sa juste place pour que la science conquiert en Afrique le statut d’un outil levier capable d’aider à impulser le développement ? Vous avez indiqué, face à ces interrogations deux registres de réponses.
Tout d’abord, sur le plan général. -
L’information scientifique doit être diffusée et vulgarisée. -
L’indicamétrie, une science de la globalité (indicateurs objectifs et indicateurs subjectifs) a pour inventeur un Africain. Elle mériterait d’être connue de tous, des Africains en particulier. -
La nécessité de faire intervenir les détenteurs de savoirs endogènes dans nos écoles et universités. -
La capitalisation des échecs et des expériences probantes aux fins de construire de nouvelles dynamiques libérées des perpétuels recommencements et des multiples programmes conçus par les autres pour les Africains. -
La promotion des savoirs et des savoir-faire endogènes en commençant par les protéger juridiquement au niveau international, avec le souci éthique marqué de faire en sorte que les communautés détentrices de ces patrimoines en profitent largement et durablement. -
L’amélioration, par des actes législatifs, du statut juridique des langues nationales afin de faire d’elles des langues d’enseignement, d’éducation et d’acquisition de savoirs scientifiques. -
La création d’une plate forme de diffusion de l’information et d’échanges à l’échelle de l’Afrique reposant sur l’utilisation des TIC. -
L’implication des chercheurs dans les préliminaires pour l’élaboration du budget alloué à la recherche, sans oublier l’encouragement des chercheurs par la promotion de leurs recherches. -
La valorisation des résultats des nombreuses recherches dont les qualités sont indéniables.
Ensuite, sur un plan spécifique, par rapport aux différents secteurs ci-après. 1-

Sécurité alimentaire -
La nécessité d’amener les agriculteurs africains à avoir un statut d’entrepreneur agricole à travers une solide formation et une bonne alimentation. -
Le soutien à l’initiative pour la révolution verte, à l’exemple du NEPAD, du CAADP et de l’Alliance pour la Révolution verte (AGRA)

2 – Science, technologie et innovation -
L’amélioration, la promotion, l’élévation de la science et de la technologie au sommet des structures de l’Etat pour son financement, son organisation et sa sécurisation. -
La création et le développement d’institutions régionales notamment dans les domaines de haute technologie comme le nucléaire, l’astrologie énergétique, la nanotechnologie, la bio technologie, etc. -
L’encouragement à l’enregistrement de brevets et de propriétés intellectuelles par les scientifiques africains et par ceux de la diaspora. -
L’encouragement, l’appui et le soutien au système éducatif et aux institutions de recherche à travers un allègement fiscal.

3-Recherche et pôle d’excellence -
L’utilisation de la recherche comme base du développement. -
La prise en compte des données issues de la recherche dans la prise de décision et la réduction conséquente du poids de la politique. 4-

Information, communication -
L’amélioration du statut juridique des langues nationales. -
Le développement des mécanismes de communications qui créent des liens entre tous les producteurs de sciences et de technologies, entre les Centres d’excellence nationaux et panafricains, entre les scientifiques, entre ces derniers et les communautés locales. -
L’identification des sources de financement innovantes qui valorisent le partenariat privé-public, favorisent la diffusion et le partage des savoirs y compris traditionnels, des résultats de la recherche et qui assurent la synergie pour un modèle de développement africain.

5-Etat, secteur privé -
Le Président, Chef de l’Etat, doit affirmer son engagement à promouvoir la recherche en science, technologie et innovation. -
La mise en réseau des chercheurs et des centres de recherche de la sous-région et du continent.

Troisième bornes-repère : l’audace du sursaut et de la conquête
Vous avez affirmé la forte et ferme volonté de dire non à ce qui freine la marche de l’Afrique sur le chemin de son développement.
Aussi avez-vous tenu à dire : -
Non à une Afrique balkanisée, outrageusement balafrée par des frontières héritées de la colonisation. -
Non à une Afrique gaspilleuse de sa toute première richesse, l’homme, la ressource humaine, ceci par le biais d’une éducation, d’une formation sujette à caution. -
Non à une Afrique qui ne sait pas encore aborder franchement la question difficile et délicate, il est vrai, d’une monnaie africaine. Une Afrique qui semble se satisfaire de la coexistence de plusieurs monnaies dont très peu sont convertibles. -
Non à une Afrique qui ne sait pas encore tirer le meilleur de son agriculture. Une Afrique qui détourne l’action coopérative de sa mission et de son rôle, du fait d’une politisation à outrance. -
Non à une Afrique qui ne porte pas encore toute l’attention requise à trois segments majeurs de son développement, les femmes, les jeunes, la diaspora.
Mais qui opèrera le sursaut attendu ? Quelle forme prendra-t-il ce sursaut ? Quelles conquêtes aurons-nous à faire qui rendent à l’Afrique sa liberté et sa créativité ? •

Contre la balkanisation, vous rappelez, afin que nul n’en ignore, que l’Afrique n’est pas née à Berlin, suite aux coups d’équerre par lesquels les puissances impériales reconfigurèrent le contient. Du reste, en matière d’intégration, les peuples sont avance sur les Etats, montrant la nécessité d’unifier l’Afrique par la base, par ses communautés humaines vivantes. •
C’est davantage avec celles-ci et par celles-ci que nous devons nous atteler à construire de vastes espaces économiques viables ; des systèmes de formation scolaires et universitaires à dimension et à vocation sous-régionale ; des économies dynamiques et complémentaires qui privilégient la cogestion des biens et des ressources partagés ; des politiques harmonisées et convergentes pour gérer au mieux les flux migratoires, lutter efficacement contre des maladies endémiques, le tout dans le cadre d’une coopération transfrontalière qui privilégie la notion de « pays frontières ». •
L’audace, c’est d’ouvrir courageusement le chantier de la monnaie, en mobilisant toutes nos ressources mentales et intellectuelles, en nous aidant de nos propres expériences. Mais tout, ici, est ordonné à un objectif incontournable : l’Afrique, à terme, doit battre monnaie. C’est une question de souveraineté et de présence de notre continent dans un monde soumis aux lois implacables de la sélection naturelle. Ces lois, comme on le sait, ne laissent aucune chance de vie ou de survie aux espèces faibles. •
Mais l’Afrique n’arrivera à cette étape de son évolution sans s’obliger, dès aujourd’hui, de mettre en œuvre des politiques d’assainissement macro-économique, d’encourager la convergence macro-économique, et surtout de produire plus, de produire mieux afin de donner une base solide à la monnaie commune projetée. •
Et vous avez eu raison de vous attarder sur l’agriculture. Elle est et elle reste l’un des leviers de l’Afrique nouvelle. Elle doit se moderniser. Elle doit se développer dans des cadres d’organisation nouveaux, qui rendent possible un partenariat public-privé. Elle doit orienter sa production vers les besoins des marchés (marché local, régional et international) •
Sur la qualification de la ressource humaine, vous plaidez pour une formation professionnelle réhabilitée, revalorisée, orientée vers des secteurs porteurs de développement. •
Tout comme vous plaidez pour l’entreprise, en tant qu’espace de création de richesse. A condition toutefois qu’elle reste liée à l’école ; qu’elle soit libérée d’un certain nombre de risques ; qu’elle puisse compter sur la qualité et le professionnalisme de ses animateurs ; qu’elle ait accès aux marchés régionaux ; qu’elles fassent l’objet de réformes courageuses qui sollicitent la clairvoyance de l’Etat, du secteur privé et des partenaires au développement. •
Et vous l’avez rappelé : l’entreprenariat en Afrique ne va pas sans la promotion du secteur privé. Un secteur qui doit évoluer dans un environnement juridique et administratif assaini. Il y a lieu, en effet, de sécuriser l’investissement et de rassurer l’investisseur. •
Quant au rôle des femmes, des jeunes et de la diaspora dans l’Afrique nouvelle, vous avez fait d’importantes recommandations. - D’abord, les femmes. Pour rompre d’avec l’injustice sociale qu’elles subissent, comme actrices peu reconnues du développement à la base, avec une présence plutôt négligeable dans les instances de décision, l’audace attendue c’est de prendre appui sur les avancées observées, ici et là, au niveau des instruments juridiques et institutionnels et d’agir sur les dysfonctionnements qui touchent aux responsabilités de l’homme et de la femme. Il faut, en cela, passer en revue les questions qui ont trait à la santé en général, à la santé de reproduction en particulier, à la scolarisation, à l’instruction, à la formation, bref à l’éducation des filles et des garçons. Il faut aussi prendre en compte la reconnaissance du travail, de la contribution de la femme, la capacité de celle-ci à se prendre en charge en situation de conflit, de guerre, de violence, etc. L’action de rompre, avez-vous indiqué, devra s’opérer à travers des stratégies sociales favorables et des stratégies formelles de rupture. -
Pour corriger ces dysfonctionnements, vous avez fait pas moins de 14 recommandations, à trouver en intégralité dans les conclusions du panel 3 annexées au présent rapport général. Ces recommandations s’adressent tout à la fois aux gouvernements nationaux qu’à l’Union africaine. -
Ensuite, les jeunes dont le cri du cœur a résonné aux oreilles de tous les participants au symposium. -
Les Jeunes, préoccupés de décider par eux-mêmes et pour eux-mêmes, ne veulent plus être manipulés. -
Les jeunes, soucieux de dire leur part de vérité dans le débat social, veulent prendre la parole. -
Les jeunes, conscients que c’est au bout de la vielle corde que l’on tresse la nouvelle, veulent s’investir dans un dialogue intergénérationnel, un dialogue entre eux et les anciens, aussi bien au niveau national qu’au niveau continental. -
Les jeunes enfin, appréciant leur place, leur rôle et leurs responsabilités dans l’Afrique nouvelle veulent se rendre utiles dans toutes les sphères d’action et d’activité : santé, éducation, économie, sans oublier le chantier de l’Etat de droit et des droits humains… -
Enfin la diaspora. La diaspora nouvelle pourrait mieux concrétiser son apport économique par la mise en place d’une véritable banque d’épargne et d’investissement. Sa contribution, dans tous les domaines, est jugée utile et indispensable à la construction de l’Afrique nouvelle. La diaspora ancienne, historique doit bénéficier de l’application des résolutions de la Conférence de Durban quant au Droit de Retour des Afro descendants. De même qu’il convient de mettre en place un programme de convivialité pour mieux faire connaître l’Afrique aux volontaires au Retour des Amériques, des Caraïbes ou résidant en Europe.

Quatrième borne-repère : le triomphe des victoires partagées
Le succès, partout, pousse et prospère sur un terreau déterminé. Et vous avez tenu à examiner ce terreau, en manière de diagnostic, pour mieux nous faire saisir le sens et la signification de nos avancées présentes et à venir, dans le cadre du partenariat nord-sud et de la coopération sud-sud.
Notre volonté de bien faire butte sur un certain nombre d’obstacles que vous avez tenu à identifier. -
La persistance du déséquilibre entre les intentions affirmées et les moyens financiers disponibles. -
L’inaptitude des pays du Nord à intégrer de nouvelles priorités sur le continent. -
La difficulté pour les leaders africains à adopter dans le nouvel ordre mondial des attitudes nouvelles et adaptées, des comportements nouveaux en rupture avec le chapitre du mimétisme et de l’emprunt. -
L’incapacité des économies africaines, au même niveau, dans les années 60 que celles dites des « dragons de l’Asie », de trouver le souffle et le rythme nécessaires pour se sortir d’affaire. -
La dépossession du contient d’initiatives propres par les institutions de Bretton Woods et l’Union européenne a fini par marginaliser celui-ci et par l’exclure de la mondialisation. -
Les difficultés sans nombre auxquelles sont exposés les candidats africains à l’émigration vers l’Occident à travers la délivrance des visas. -
Les mêmes difficultés sont à noter entre les Etats africains. Elles mettent à mal l’intégration sous-régionale. Face à ce diagnostic, vous avez fait des recommandations et propositions ci-après : -
La nécessité pour les pays africains de se démarquer de leur passé douloureux et de s’inscrire dans une logique de rupture d’avec tout type, toute forme de solidarité ambiguë. Dans le train du développement du continent, l’Africain doit être au moins le copilote, mais jamais un simple passager. -
L’ambition que doit former les Africains de se développer, ambition soutenue par une farouche volonté de se donner des moyens pour atteindre, dans tous les domaines, des performances mondiales. -
L’obligation pour les leaders africains de faire une analyse stratégique de repositionnement du continent dans le monde en tenant compte de ses réalités. -
La promotion d’un leadership novateur en Afrique qui manifeste l’audace de rompre avec le mimétisme. Un tel leadership doit ériger en exemple un modèle de gouvernance axée sur les réalisations concrètes, visibles et mobilisatrices des populations. Un tel leadership doit, par ailleurs, compter avec les réalités en présence, tout en encourageant l’éclosion des mentalités neuves. -
Les élites africaines, dans cette mouvance, doivent mettre en œuvre des mécanismes d’innovation, qui prennent appui sur une bonne gouvernance, dans un environnement de tolérance zéro à la corruption. -
Le partenariat nord-sud doit se faire désormais avec une Afrique qui sait compter sur ses propres forces, un partenariat à dilater à la dimension d’une coopération au développement. Celle-ci doit couvrir tous les plans (Culture, science, économie..) et faire de la sauvegarde des intérêts supérieurs de l’Afrique une priorité. -
Quant à la coopération sud-sud, il conviendra de la renforcer, dans l’esprit d’une intégration réussie, par la création des universités sous-régionales africaines à vocation continentale.
Mais au cas où il se trouverait des septiques pour se demander si tout cela est possible, si l’Afrique aura assez de ressources pour se compter au nombre des convives privilégiés du « banquet de l’universel », vous avez choisi de diriger des faisceaux de lumière sur quelques exemples. Nous les tenons pour nos « succes story ». Ils nous donnent des raisons de dire à notre tour : « Yes,we can !» . -
Le succès de « Ethiopian Airlines », dans un contexte difficile pour l’aéronautique mondiale. -
Le cas de « Elios Energie », présent dans plusieurs pays africains, montre et démontre que l’énergie photovoltaïque constitue une alternative porteuse pour l’Afrique. Ceci en termes de coûts, pour un continent qui bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel. -
Le modèle que constitue le Centre Songhaï, au Bénin, de Godfrey Nzamujo. Il s’agit d’un centre de formation fonctionnelle des jeunes entrepreneurs agricoles, d’incubation pour l’économie verte, d’impulsion des pôles de développement national. C’est dans la perspective d’étendre le modèle Songhaï à l’échelle nationale et sous-régionale, dans le contexte d’une nouvelle dynamique de l’économie africaine, qu’un accord tripartite a été signé entre le Bénin, le PNUD et le Centre. -
La révolution silencieuse du Béninois, Valentin Agon, inventeur de l’API-Palu, médicament antipaludéen, breveté qui s’impose comme un outil de développement en raison des ravages que cause le paludisme. -
Pour compléter ces « succes story » qu’on peut rencontrer dans tous les pays africains, il a été présenté l’expérience du village Yiwu en Chine. Ce village a su convertir son commerce ambulant en une industrie commerciale. Voilà qui achève de nous convaincre que le succès n’est refusé à personne, que l’espoir, à entretenir comme une flamme, est la matière première de tout succès.

Enfin, vous avez tracé les principes directeurs auxquels doit être soumis la coopération entre les Etats d’Afrique et le reste du monde, dans la dignité et le respect mutuel de chaque entité concernée.
Dix principes ont été ainsi dégagés. On les trouvera en intégralité dans les conclusions du panel 4, conclusions annexées au présent rapport général. Vous avez recommandé qu’un groupe d’experts soit commis par l’Union Africaine pour la mise en forme la plus appropriée de ces principes.

En conclusion, que retenir de vos réflexions et de vos échanges ? -
Vous avez projeté le rêve d’une Afrique unie et forte, d’une Afrique rassemblée et intégrée. Une Afrique libérée, soulagée des salissures et vestiges d’un passé honni. Une Afrique enfin propre, devenue propriétaire de ses terres et nantie comme telle d’un titre foncier en bonne et due forme. Une Afrique qui se présente au monde dans la splendeur de la reconquête de son être profond, dans l’éclat de sa renaissance, impatiente de dire sa vérité, toute à l’écoute du message du reste du monde. -
Vous avez formulé le vœu d’effacer de tous les murs du mépris les poncifs éculés selon lesquels l’Afrique serait un désert scientifique et technologique, un Sahara qui bruit des chants païens de l’irrationnel et de la pensée magique, insensible, indifférente qu’elle serait aux puissants élans du progrès scientifique qui porte haut et pousse en avant les pays qui gagnent. -
Vous avez été amenés à poser quelques questions essentielles. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Quel avenir, à décliner en plusieurs futurs possibles, voulons-nous construire ? Sur quelles valeurs fondamentales voulons-nous nous appuyer, nous adosser pour changer de vie et changer la vie ? -
Et vous avez clairement dit que ce n’est pas l’Afrique qui changera pour que les Africains se retrouvent dans le train du changement. Mais que ce sont les Africains qui doivent se convaincre et qui doivent accepter de changer pour que l’Afrique embraye, de manière décisive et irréversible, sur la pédale du changement. -
C’est clair : la feuille de route, nous l’avons. Les moyens de nos ambitions, ils ne nous seront pas donnés. Nous aurons à les inventer.

Tout est dit et bien dit. Nous sommes en ordre de marche vers le prochain cinquantenaire. Mais à l’entame de cette nouvelle migration vers l’Afrique de nos rêves, souffrez, Mesdames et Messieurs, que nous vous invitions à écouter les sages recommandations de ce proverbe africain : « Hommes et femmes, buvez de l’eau pour vous rendre beaux. Gavez-vous de soleil pour vous rendre forts. Et regardez le ciel pour devenir grands ».

pour votre aimable attention.
Cotonou, le 20 novembre 2010