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Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères du Sénégal a quitté Genève, hier après midi, après avoir délivré le message du Sénégal à la 13e session annuelle du Conseil des Droits de l'Homme. Me Madické Niang a aussi participé à un Débat de Haut niveau sur l'éducation et la formation aux Droits de l'Homme avec certains de ses homologues. Dans l'entretien qu'il nous a accordé en marge de ces manifestations, le chef de la diplomatie sénégalaise a abordé avec notre correspondant les actions du Sénégal pour la protection de ses ressortissants, avant d'assurer que les élections présidentielles de 2012 seront transparentes et qu'il trouvera des solutions aux difficultés auxquelles sont confrontés les Sénégalais de Suisse dans l'obtention du passeport, etc.
Des Sénégalais sont tués dans certains pays, d'autres malmenés en Espagne ou ailleurs. Qu'avez-vous fait ou allez-vous entreprendre pour assurer la protection de vos compatriotes ?
« Nous avons mis en place un dispositif qui nous permet de faire face à de telles situations. Sur l'initiative du président Wade, nous avons ainsi reformé notre Code pénal et notre Code de procédure pénale pour pouvoir poursuivre toute personne qui porterait atteinte à la dignité des Sénégalais à l'extérieur. Il s'agit là d'un dispositif important.
Quand il y a eu les évènements d'Espagne, j'étais ministre de la Justice et j'avais demandé l'ouverture d'une procédure contre ces personnes qui avaient malmené notre compatriote et qu'on n'arrivait pas à identifier dans un premier temps. C'est vous dire qu'au niveau interne, nous sommes outillés pour assurer la protection de nos compatriotes. Sur le plan international, le Sénégal essaie d'attirer l'attention de la communauté internationale sur ces problèmes, car il y a de sérieux problèmes de discrimination. Nous demandons également à la communauté internationale de s'investir afin de trouver des solutions effectives. Nous soutenons qu'il faudrait un mécanisme de suivi qui permet d'éradiquer définitivement ces problèmes de maltraitance. Les travailleurs migrants sont des êtres humains. Par conséquent, leur dignité devrait être préservée et leurs droits reconnus partout ».
Mais, les droits de l'Homme, c'est aussi l'organisation d'élections transparentes. Pouvez-vous donner des garanties sur la transparence des élections présidentielles de 2012, si elles ont, toutefois, lieu ?
« Nous avons engagé le processus électoral sur une base qui nous permet d'obtenir une transparence irréprochable, une transparence qui sera assez solide. Nous avons dit et répété que nous étions ouverts à toutes les démarches que l'opposition ou d'autres entités pourraient engager pour nous permettre d'identifier là où il y a des problèmes afin que des solutions puissent être trouvées ».
Le nouvel appel au dialogue de Me Wade pour un dialogue avec l'opposition permettra-t-il de faciliter les choses ?
« Bien sûr. Par le dialogue, toutes les difficultés pourront être identifiées et des solutions consensuelles pourraient leur être apportées. Nous avons écrit à l'administration américaine. Rappelez-vous que le Ndi avait beaucoup soutenu le Sénégal pour certaines procédures avant l'alternance. Nous leur avons dit que nous sommes disposés à ce que des experts soient envoyés et qu'ils puissent travailler pour rendre plus fiable le fichier électoral et le système électoral. Nous avons aussi saisi nos partenaires dans tous les pays occidentaux pour faire la même démarche. C'est dire que nous sommes ouverts à toute démarche pour rendre crédible notre volonté de transparence. Le Sénégal sera à la hauteur. Les acteurs doivent donc être responsables. Et qu'on ne se permette pas de se lever et de faire des déclarations sans qu'on puisse apporter la plus petite parcelle de preuve. Il faudrait qu'on se montre sérieux.
Nous sommes dans une période qui permet à tous les acteurs de consolider le fichier, de faire des propositions pour la modification du Code électoral. C'est le moment de le faire, mais il ne faudrait pas attendre que cette période soit derrière nous et d'attendre d'être en pleine élection pour créer des situations de contentieux. Je reviens sur les élections de 2007. Combien de fois, l'opposition a soutenu qu'il y avait fraude sans avoir pu apporter la plus petite parcelle de preuve. Une fois de plus, le Sénégal est un pays de droit, un pays de démocratie. La mise en œuvre de dispositions relatives à une bonne organisation des élections, constitue l'un des piliers de la démocratie et de l'Etat de droit. Dans ce cadre, le Sénégal ne peut pas faillir à ses obligations d'avoir des élections transparentes en 2012 ».
Les Sénégalais de Suisse ont beaucoup de difficultés pour obtenir un passeport. Malgré les efforts des différents ambassadeurs et l'installation d'une ambassade, la situation n'a pas changé. Allez-vous mettre fin à cette situation pour que nos compatriotes puissent également voter en Suisse ?
« J verrai cette question avec l'ambassadeur de même que je serai en contact avec le ministre de l'Intérieur parce que c'est son ministère qui délivre les passeports. Nous allons pouvoir, en parfaite collaboration, faire en sorte que nos compatriotes disposent de leur passeport. Encore une fois de plus, c'est une revendication légitime à laquelle il faut apporter une solution diligente.
Par ailleurs, d'énormes dispositions ont été prises. Avant l'arrivée des passeports biométriques, nous avions beaucoup de difficultés, mais aujourd'hui, grâce à la mise en œuvre des recommandations du président de la République, nous avons réglé beaucoup de problèmes. Et je suis sûr que s'il y a un stock de personnes qui ne sont pas encore détentrices de passeport, cela ne devrait pas être très important, mais nous allons nous évertuer à faire de telle sorte que leur demande soit satisfaite. Le fait de revendiquer un passeport est un droit légitime pour tout citoyen. Il faut donc le satisfaire pour qu'il puisse profiter de ce qui lui revient comme privilège.
Concernant l'organisation des élections, des dispositions seront prises en conformité avec le Code électoral pour permettre à nos compatriotes de voter. C'est l'occasion pour moi, de lancer un appel à tous, en leur disant que la période des inscriptions est ouverte et aussi la période qui permet d'apporter des corrections nécessaires par rapport à des omissions ou par rapport à d'autres problèmes liés aux inscriptions ou d'autres dispositions du Code électoral. C'est aussi l'occasion de dire aux Sénégalais d'en user. Voter est un devoir. Plus qu'un devoir, c'est une forme de revendiquer son appartenance à un pays. Il faudrait que les Sénégalais s'inscrivent massivement et qu'ils puissent voter. Ce qui serait une excellente chose pour le triomphe de la démocratie.
'Il faut savoir que tous les succès diplomatiques remportés ont vu la forte implication du président de la République. Ce dernier ne se contente pas seulement de définir la politique étrangère, mais il s'implique personnellement pour permettre au Sénégal d'engranger des victoires »
Une partie de la société civile a parlé d'une image dégradée du Sénégal. Par ailleurs, des critiques avancent que la diplomatie sénégalaise a perdu son lustre d'antan. L'image de notre pays est-elle réellement intacte ?
« Oui, l'image du Sénégal est intacte, car la personne à qui la Loi donne la prérogative essentielle de déterminer la politique étrangère à mettre en œuvre est toujours là. C'est le président de la République qui détermine la politique à faire appliquer. Il faut savoir que tous les succès diplomatiques qui ont été engrangés, ont vu la forte implication du président de la République. Ce dernier ne se contente pas seulement de définir la politique étrangère, mais il s'implique personnellement pour permettre au Sénégal d'engranger des victoires. Il faut aussi considérer que les acteurs de la diplomatie sénégalaise sont toujours là. Ce sont donc les mêmes acteurs que j'ai à côté de moi (Ndlr : lors de l'entretien, il était entouré des ambassadeurs Bocar Ly, Babacar Carlos Mbaye, et du ministre conseiller Momar Guèye de la Mission permanente à Genève). Je saisis cette opportunité pour rendre un hommage mérité à tous les diplomates sénégalais. Nous avons des ressources humaines de qualité.
Quand je suis arrivé à la tête de la diplomatie, mon premier souci, a été de dire qu'il faut que l'on recentre tout le soutien que je m'engage à apporter aux professionnels de la diplomatie. Il faudrait qu'ils soient dans des conditions qui leur permettent de jouer le rôle qui leur est dévolu. Nous avons obtenu du président de la République la promotion de quatre jeunes conseillers méritants qui ont été élevés au rang d'ambassadeur. C'est un signal qu'il fallait donner.
Sur le terrain, nous sommes partout présents. En quatre mois à la tête de la diplomatie sénégalaise, j'ai eu à voyager dans vingt-huit pays. J'ai été au minimum dans trois continents. J'ai participé à de grandes réunions et aujourd'hui, dans toutes les crises africaines, nous sommes présents. Mais il y a une nouvelle approche. Elle consiste à faire de telle sorte qu'au lieu de s'exposer, ou d'exposer les Sénégalais en se mettant beaucoup en relief, nous avons opté pour une approche qui nous permet de venir en appoint. C'est le cas, par exemple, de notre action en Guinée, ce pays, notre voisin immédiat, dans le territoire duquel, nous avons près de 400 mille âmes sénégalaises qui y vivent. Nous avons, aussi, près de 1 million 500 mille Guinéens qui sont chez nous. Il y a donc autant de choses importantes qui nous ont amené à dire qu'il ne fallait pas s'exposer. La meilleure position était de soutenir la médiation qui était entreprise et de faire en sorte qu'elle aboutisse. Le Sénégal a une part considérable dans ce succès, mais il faut le dire : le mérite revient au président Blaise Compaoré.
Au Niger, j'ai été le premier à être sur le terrain. Nous sommes en train de conseiller ce pays, des contacts réguliers existent entre nous et les autorités du Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie. Nous continuons donc de les conseiller pour que la transition soit une bonne et heureuse transition pour le Niger. C'est-à-dire qu'on puisse aboutir à la réinstallation des institutions de la République.
Il fallait par ailleurs vivre ce qui s'est passé à Addis Abeba, lors du dernier Sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine pour se rendre compte que le Sénégal continue à avoir un leadership réel qui est d'abord celui du président Wade mais aussi du pays et, à travers tout cela, la diplomatie sénégalaise qui est toujours active. Je peux, donc, le dire avec conviction, l'image du Sénégal est aujourd'hui plus que jamais très crédible. Ce dont nous nous réjouissons ».
Ce n'est pas l'avis de ceux qui pensent que la diplomatie sénégalaise a échoué avec la candidature de l'ancien ministre Abdoul Abdoul Aziz Sow pour la direction de la Cedeao ?
« Il n'y a pas eu de dépôt de candidature parce que les élections n'ont pas eu lieu. Nous nous sommes tous fourvoyés. Tout le monde avait cru que le Ghana n'allait pas réclamer ce qui restait du mandat de Chambas après son départ. Il lui restait une année sur son mandat et nous avions cru que des élections allaient vite être organisées pour désigner son remplaçant. Le Sénégal avait donc manifesté son désir de présenter la candidature d'Aziz Sow. »
Aziz Sow est donc bel et bien le candidat du Sénégal ?
« Oui, il est le candidat du Sénégal. Et c'est quand nous sommes arrivés pour le dépôt des candidatures que le président de séance, le président par intérim du Nigeria, a brandi une lettre du Ghana qui réclamait son droit de continuer ce qui restait du mandat de Mohamed Ibn Chambas. Immédiatement, les pays ont reconnu que les mandats n'étaient pas destinés à des personnes, mais à des pays. Le Ghana avait donc le droit de dire : « Je continue le mandat jusqu'à son terme ».
Nous avons battu campagne dans l'ensemble des treize pays qui ont le droit de vote au niveau de la Cedeao. Notre candidature a des chances réelles. Nous allons faire de sorte que notre candidat puisse triompher.
Je voudrais dire aux Sénégalais qu'ils doivent être fiers de leur pays. Chaque fois que je viens ici, à Genève, vous-même vous pouvez en témoigner, je suis bien accueilli par les autres délégations. Toutes mes interventions ou celles d'une autorité sénégalaise suscitent un élan d'estime qui est entretenu par beaucoup de délégations. Les Sénégalais doivent être fiers de leur pays et de leur président. Une fois de plus, je dis que, grâce au leadership du président Wade, le Sénégal qui est un petit pays, est un pays écouté et respecté. Je voudrais partager cette fierté qui m'habite avec tous les Sénégalais ».
Propos recueillis à Genève par El Hadji Gorgui Wade NDOYE
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