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(Annemasse-France) - Dans le cadre de la mise en œuvre de son projet ‘Un concert, une école’, le chanteur ivoirien Tiken Jah Facoly a donné un concert très réussi, le samedi 19 septembre 2009 au Château rouge d’Annemasse en France. Les recettes de ce concert organisé en partenariat avec la Mairie d’Annemasse sont destinées à financer la construction d’une école à Nialé à Orodara au Burkina Faso... La construction de l’école démarrera fin septembre. C’est la première réalisation de la coopération entre la ville d'Annemasse et celle d’Orodara, signée en mars 2009. Avant son concert, le Reggaeman déclaré persona non grata au Sénégal se prononce sur la situation de politique de notre pays, sur la Guinée de Dadis ...  
 
Pouvez-vous nous parler de votre projet ‘Un concert, une école ’ et nous faire un bilan d’étape ?

Au départ, l’idée était d’organiser avec la jeunesse africaine une série de concerts pour trouver des moyens de construire des écoles en comptant d’abord sur les fils et filles du continent. Vous savez, je crois que c’est uniquement par l’éducation que nous pourrons libérer l’Afrique et ancrer la démocratie. Par ce projet, j’espérais également démontrer que si on est ensemble, on peut faire des choses qui marchent. L’autre étape de la réflexion était aussi d’obliger les hommes politiques à écouter la jeunesse. En Afrique, malheureusement, ce que tous les Etats africains partagent ensemble c’est la corruption. Malgré le succès populaire de ces concerts, les recettes étaient nulles sauf au Burkina où l’Etat s’est impliqué pour une bonne organisation de l’événement en assurant la sécurité. En Côte d’Ivoire sur un public de 20 000 personnes, après le décompte, seules 3 000 avaient payé leur billet. On ne sait pas comment les autres ont fait pour entrer ? En Guinée, j’ai rencontré le Président pour solliciter que les militaires puissent payer leur entrée. Dadis, a lui même payé 7 000 tickets d’entrée distribués ensuite aux militaires à qui il avait demandé de venir en civil. Il leur a même payé la boisson. A notre grande surprise, les militaires sont venus en treillis pour ne pas s’acquitter du prix d’entrée. Mais le plus rocambolesque, c’est que ces soldats ont vendu à des tiers leurs billets d’entrée. Ils ont forcé une porte et sont entrés avec leur famille, amis, copains et copines etc… C’est presque général en Afrique, les hommes de tenue utilisent leur uniforme pour avoir accès gratuitement à certaines manifestations. Seul le concert organisé au Burkina a été un succès financier et nous avons épongé avec les recettes les dettes que nous avions dans l’organisation des deux précédents. Permettez-moi de dire au moins qu’au Burkina, les choses fonctionnent. Nous avons bénéficié de l’apport des sponsors et l’Etat a soutenu l’organisation.’

Votre idée  ‘un concert, une école’ n’ayant pas marché en Afrique, vous décidez alors de la délocaliser en Europe ?

Oui, en Afrique cela n’a pas marché, c’est pourquoi je suis venu faire une tournée en France et en Belgique afin d’honorer mon engagement auprès des populations et de la jeunesse africaine à qui j’ai promis la construction d’écoles. Ceci dit, il n’est pas exclu de revenir en Afrique. Il faudra seulement que nous puissions trouver des sponsors prêts à financer entièrement la construction d’une école. Il s’agira alors de faire des concerts gratuits. Le sponsor nous donne auparavant toutes les garanties sur le budget destiné à la construction d’une école. Ainsi, on aura avant même la tenue des spectacles, le financement de l’école.

Votre engagement de construire des écoles n’intègre pas le Sénégal. Est-ce que vous en voulez à ce pays où vous avez été déclaré persona non grata ?

Je peux vous assurer que je suis partant pour la construction d’une école au Sénégal. J’en ai parlé avec le vice-président de la région Rhône-Alpes qui m’a d’ailleurs informé qu’il y a une région au Sénégal qui a un partenariat avec son entité. Je voulais vous dire aussi que le Sénégal n’appartient pas à ceux qui m’ont interdit d’y remettre les pieds. Je ne suis pas du tout par ailleurs pressé d’aller au Sénégal car moi je suis resté six ans sans aller dans mon propre pays. Je sais aussi que ceux qui gouvernent le Sénégal ne sont que de passage. Peut-être qu’en 2012, ils vont s’en aller. Surtout, vu le réveil qu’il y a au Sénégal aujourd’hui. Je le dis parce que la leçon donnée au fils de Wade par les Sénégalais lors des dernières élections municipales, laisse à croire que je reviendrai pour pas longtemps au Sénégal. Je reviendrai dans deux ou trois ans au Sénégal. Mais je ne mélange pas ce qui s’est passé avec mon engagement aux côtés des populations africaines. Vous savez, je peux construire une école au Sénégal sans pour autant y aller. Je

Ce n’est pas loin 2012, ne pensez-vous pas que les autorités peuvent revenir avec de meilleurs sentiments à votre égard ?

Vous savez, on est chaque jour en train d’écrire l’histoire. C’est aux autorités sénégalaises de voir si elles veulent lever ou pas la sanction. Si ces autorités décident aujourd’hui de lever la sanction cela ne ferait que les grandir. L’histoire retiendra qu’il y avait un artiste qui avait été interdit d’aller au Sénégal et que le président, dès qu’il s’est rendu compte de la réalité, a rétabli les choses. C’est au président de trouver les moyens de se sortir de cette histoire par la grande porte. Je voulais aussi vous signaler, d’ailleurs, qu’en m’interdisant de venir au Sénégal, les autorités ont violé les textes de la Cedeao. Je ne fais que mon travail d’artiste qui est celui d’éveiller les consciences et d’éduquer, c’est aussi de transmettre les sentiments du peuple. On me reproche d’avoir pris position dans une polémique concernant l’éventualité de la succession du président Wade par son fils’

Me Wade a déclaré récemment qu’il serait candidat à sa propre succession. Comment jugez-vous Abdoulaye Wade et son fils Karim ?

Non, je ne veux pas juger Wade et son fils. Je souhaite simplement que le peuple sénégalais continue son réveil. C’est ça mon souhait parce que le président Wade a le droit de dire qu’il veut être candidat tout comme son fils. C’est aux Sénégalais aussi de dire ce qu’ils veulent. Mon message ne peut que s’adresser au peuple sénégalais pour dire qu’on a eu les échos des élections municipales et qu’il a trouvé la clef de la solution : c’est d’avoir l’organisation d’élections démocratiques. Et ces dernières élections municipales ont démontré que c’est le peuple qui a le pouvoir. L’important, c’est d’avoir des élections transparentes. En vérité, c’est le peuple qui a le pouvoir. Si le pouvoir du président était si absolu, il aurait mis son fils tout de suite au pouvoir. Je veux aussi dire que si ses prédécesseurs de Wade, Senghor et Abdou Diouf, avaient mis leurs fils au pouvoir, lui [Me Wade, Ndlr] n’allait jamais être président. Le Sénégal n’est pas une propriété personnelle. Le président Wade et son fils peuvent y avoir des maisons, des biens et tout ce que vous voulez, mais la terre du Sénégal n’appartient pas aux Wade.

Parlons d’un autre ‘fils’ de Wade, le Capitaine Moussa Dadis Camara : quel commentaire vous inspire la situation actuelle en Guinée ?

Le Dadis que j’ai rencontré qui est quelqu’un qui n’est pas forcément éloquent à la télé mais qui a eu des messages assez forts. Il est le seul président africain qui a dit ‘je vais combattre les trafiquants de drogue’, et qui l’a fait. Aujourd’hui, les trafiquants ont quitté la Guinée où ils sont dans l’impasse pour se réfugier au Mali au Côte d’Ivoire, au Sénégal, etc. En plus le problème de l’Afrique, c’est qu’on ne fait rien contre l’impunité. On ne fait rien contre les gens qui ont volé ni au Sénégal ni en Côte d’Ivoire où, par exemple, depuis la mort de Houphouët, tous ceux qui sont venus ensuite se sont enrichis. Le problème c’est que, comme on n’a pas sanctionné les anciens dirigeants, les nouveaux qui arrivent répètent les mêmes choses. Ils s’enrichissent et enrichissent leurs proches. Aujourd’hui, la seule entreprise qui embauche en Côte et dans les pays africains où l’on n’est sûr de recevoir son salaire, c'est le parti du président de la République. Quand on est proche du président, on revient au quartier avec une grosse voiture et on construit une maison…

Et pour en revenir à Dadis, quel regard portez-vous sur son action au pouvoir ?

La Guinée est un pays pourri. Vous voyez quand Dadis est arrivé, il a commencé  à interpeller des dignitaires à la télé et en direct, mais il y a eu des levées de bouclier pour dire qu’il faut penser aux Droits de l’homme. Ce n’est pas bien que le président lui-même vienne interviewer ces dignitaires à la télévision, c'est vrai. Mais comment invoquer des Droits de l’homme pour ces gens-là qui ont volé de l’argent qui devait servir à faire construire des hôpitaux, de l’argent qui devait servir à faire développer l’éducation, à construire des écoles dans le pays, de l’argent qui devait servir à sortir le peuple des situations précaires dans lesquelles il est. Vous voyez, quand ces gens prenaient l’argent, aucune justice ne les a inquiétés. Donc quand Dadis essaie de jouer à la transparence en les interpellant à la télévision, certains se sentent choqués. Mais il fallait parler des Droits de l’homme quand ces gens détournaient l’argent… ’

Est-ce suffisant pour faire de Dadis un candidat à la prochaine élection présidentielle ?

Non, je ne le souhaite pas. Je ne le souhaite pas et je lui ai dit quand je suis passé le voir avant mon concert. Je lui ai dit que ce n’était pas une bonne idée de se présenter à l’élection présidentielle. L’important c’est que le peuple a pris note des actes qu’il a posés. De toute façon, si quelqu’un vient après lui et qu’il se comporte mal, c’est le peuple qui va aller le chercher. C’est le cas au Mali, où le peuple a réclamé Toumani Touré qui a été plébiscité à deux reprises. Ce n’est donc pas une bonne idée qu’il veuille tout de suite se présenter’.

Et si cela devait être le cas, on lui prête bien cette intention ?

Mais si cela devait être le cas, je souhaite que cela soit pris avec fair-play et qu’on exige simplement de lui qu’il organise des élections libres transparentes et démocratiques. Et que les Guinéens choisissent’.

Quel est le message que vous voulez porter à  la jeunesse africaine et particulièrement sénégalaise ?

Tout simplement que personne ne viendra changer l’Afrique à leur place. Je suis d’ailleurs souvent étonné à chaque fois qu’il y a des élections, on dise qui est le candidat de la France, des Etats-Unis, etc. Il faut arrêter cette manière de réfléchir. Si l’on veut construire des écoles, avoir des universités, gagner la bataille du développement, il faut se rapprocher et mener ensemble des luttes communes. Par ailleurs, je leur demande de se mettre au-dessus des questions ethniques qui sont instrumentalisées et constituent est une barrière à la réalisation de l’unité des peuples africains. Le Wolof qui vit à Pikine a les mêmes problèmes que le Sérère qui vit à Guédiawaye. Toutes les ethnies du Sénégal ont les mêmes problèmes que les ethnies qu’on retrouve en Côte d’Ivoire et qui sont dans le bas peuple. On a donc tous le droit à l’éducation, à la santé et de profiter des ressources de nos pays. C’est l’héritage même que nos parents nous ont laissé. Ce qu’il faut réclamer c’est l’intérêt général. Mais le piège que nous tendent les hommes politiques, c’est souvent de nommer un ministre par exemple issu d’une certaine région en Côte d’Ivoire ‘qui va manger’, mais qui va servir d’alibi pour calmer les autres. Quand ces derniers veulent se soulever, il circule avec sa grande voiture et va distribuer ici et là mille francs Cfa... Si nous arrivons à combattre cela, nous aurons tout gagné. D’ailleurs les politiciens ne se rapprochent de nous qu’en période d’élection. Si nous leur prouvons que nous avons la possibilité de les bousculer, cela pourrait changer beaucoup de choses. En outre si tous les gens s’en vont qui va venir faire la révolution en Afrique ?

Ps : Alors ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom, signe, le 13 décembre 2007, un arrêté déclarant persona non grata l’artiste musicien ivoirien. La veille, en concert à Dakar, Tiken Jah Facoly avait demandé à Me Wade de quitter le pouvoir.

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE