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Par Asma T. Uddin

Philadelphie - Dans le discours qu'il a prononcé le 4 juin dernier au Caire à l'intention du monde musulman, le Président des Etats-Unis Barack Obama a amorcé ses propos sur la liberté de culte en soulignant que "l'islam a une tradition de tolérance dont il est fier".  
 
Après avoir évoqué la longue tradition islamique de protection des minorités religieuses et avoir rappelé sa propre expérience, sa jeunesse vécue dans une Indonésie très majoritairement musulmane où les chrétiens pratiquaient librement leur religion, il a porté son attention sur une catégorie de certains musulmans tapageurs qui ont “malheureusement tendance à mesurer leur propre croyance à l'aune du rejet des croyances d'autrui”. Il a instamment invité son auditoire musulman à ne pas se départir de l’esprit de tolérance dont témoigne toute leur histoire. 
 

Ces musulmans du refus évoqués par Obama ne constituent qu’une partie infime du vaste monde musulman. D’après des enquêtes effectuées dans 44 pays par l’Institut Pew dans le cadre de son projet sur les mentalités dans le monde, les habitants des pays musulmans accordent une valeur élevée à la liberté d’expression, à la liberté de la presse, aux systèmes politiques pluralistes et à l’égalité des droits devant la loi. Pourtant, alors que de nombreux musulmans aspirent au type de pluralisme qui est le propre des démocraties à l’occidentale, ceux qui cherchent à faire progresser ces idées dans le monde musulman s’exposent à des pressions, voire à des menaces ou à la persécution, tant de la part de leurs gouvernements que de groupes rivaux pour lesquels il n’y pas de place en islam pour la liberté de religion. 
 
Le discours sur le pluralisme religieux et ses ramifications politiques plonge ses racines dans l’histoire politique et intellectuelle de l’islam. Il continue d’être interprété et réévalué de jour en jour. Pour certains, l’essence de ce discours réside dans la définition des "Gens du Livre", terme coranique qui désigne ceux envers qui les musulmans doivent faire preuve d’une tolérance religieuse absolue. 
 
Dans l’esprit de nombreux musulmans, il ne s’agirait que des chrétiens et de juifs, puisqu’ils étaient les seuls Gens du Livre à l’époque où vivait le prophète Mahomet, dans l’Arabie du 7e siècle. Cependant, ainsi que le souligne le chercheur musulman sud-africain Farid Esack dans son article "Muslims Engaging the Other and the Humanum", ce terme n’a pas désigné, au cours de l’histoire de l’islam, celui qui était considéré comme une Personne du Livre. Il se référait plutôt à la façon dont les groupes religieux traitent les personnes dans le besoin. 
 
Selon Esack, ce qui différenciait surtout les “païens” des “Gens du Livre”, dans la Médine ancienne, était la façon dont les prétendus païens manipulaient la religion institutionnelle, disait-on, pour exploiter les déshérités. C’est ainsi qu’à diverses époques de l’histoire, les érudits, suivant l’époque et le lieu où ils vivaient, ont inclus dans la catégorie élargie des “Gens du Livre” des ensembles aussi hétéroclites que les hindous, les bouddhistes, les magiens, les zoroastriens et les sabiens.  
 
Il existe, parmi les musulmans séculiers, un vaste éventail d’opinions sur le pluralisme religieux. Certains considèrent l’Autre religieux comme un ennemi : d’autres considèrent les non-musulmans comme des gens à qui le message de l’islam doit être prêché. D’autres encore considèrent que les gens des autres croyances méritent la tolérance et le respect. Un dernier groupe, enfin, allant au-delà de la simple tolérance, estime que les autres confessions sont égales à l’islam sur le plan théologique. 
 
Parmi toutes ces tendances, celle qui définit le mieux les musulmans est celle de la tolérance et du respect. Une enquête relative aux valeurs dans le monde, effectuée en 2003, a comparé 11 pays à majorité musulmane à plusieurs pays occidentaux. Dans tous les pays musulmans sauf un, le soutien à la démocratie, y compris le principe de pluralisme religieux, était supérieur ou égal à celui des pays occidentaux. Une enquête plus récente du Gallup Center for Muslim Studies (qui représente 1,3 milliards de musulmans) a mis en évidence une même aspiration à la démocratie, aux droits de la personne et à la liberté. On voit qu’il existe un soutien au pluralisme religieux ainsi qu’aux systèmes politiques qui le mettent en application. 
 
Il y a toutefois une fracture entre les convictions de cette majorité de musulmans et les politiques des gouvernements sous lesquels ils vivent. Alors que de nombreux musulmans souhaiteraient que la liberté de culte fasse partie intégrante de la politique intérieure, les Etats membres de l’Organisation des pays de la conférence islamique soutiennent des mesures telles que la résolution non-contraignante des Nations Unies sur la diffamation des religions qui invite les Etats membres à interdire, par la voie légale et constitutionnelle, toute diffamation de la religion. A première vue, ceci semble admirable, mais beaucoup y voient une mesure de restriction de la liberté de parole. En effet, dans leur politique intérieure, ce sont souvent ces mêmes pays qui appliquent de sévères lois anti blasphématoires contre les minorités religieuses et les musulmans dissidents.  
 
La vraie question n’est donc pas de savoir si les musulmans soutiennent le pluralisme religieux, mais bien plutôt si des réformateurs musulmans pourront un jour amener leurs gouvernements à le mettre en oeuvre.  
*Asma T. Uddin est avocate et rédactrice en chef de Altmuslimah (www.altmuslimah.com). Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews), dans une série sur le pluralisme dans les pays à majorité musulmane, et publié d’abord dans On Faith du Washington Post/Newsweek. 
 
Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 31 juillet 2009, www.commongroundnews.org