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GENEVE- A l’occasion de la célébration de la Journée de l’Afrique le 25 mai, Jean Ping, Président de la Commission de l’Union Africaine, a répondu à la question posée par la Mission permanente de l’Union Africaine à Genève dirigée par Mme Khadija Masri qui organisait le « Premier Forum africain de dialogue » portant sur le thème : « Le développement de l’Afrique : la responsabilité de qui ? » (Voici sa réponse)

« Comme vous le savez, cette plateforme d’échanges s’inscrit dans le cadre des événements prévus au titre de la commémoration annuelle de la Journée de l’Afrique,  perpétuant une conscience historique de l’identité commune africaine forgée il y a déjà plus de 46 ans, par nos Pères fondateurs lorsqu’ils ont décidé de créer le 25 mai 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine  (OUA). Outre le parachèvement de  la libération totale de l’Afrique  avec notamment l’éradication du système d’apartheid en Afrique du Sud, la vocation affichée de cette prestigieuse organisation  était le renforcement de l’unité et de la solidarité continentale. Il est patent que le sens donné à l’Histoire du Continent, par toutes les actions entreprises pour la réalisation de ces objectifs,  a été à la base du processus d’intégration et de développement que poursuit résolument aujourd’hui l’Union africaine (UA).

Chacun ici aura compris que le choix du thème de la rencontre n’est pas fortuit dans une configuration mondiale où l’avenir du monde ne saurait plus être envisagé en le dissociant de celui de l’Afrique, soulevant avec à propos et acuité, les questions récurrentes de propriété et de partenariat, dans la  stratégie de développement pour/de l’Afrique,qui plus est, dans un contexte de récession généralisée.

Bien entendu, la responsabilité du développement de l’Afrique, incombe aujourd’hui au premier chef aux Africains.  C’est une conviction profonde portée par l’identité commune africaine, la conscience collective d’appartenir à un même continent et la perspective d’un destin solidaire pour  tous les Africains en tant que citoyens de ce Continent.

C’est aussi maintenant dans le contexte actuel de la mondialisation et des défis que l’Afrique doit relever, une réalité étayée par la mise en œuvre de l’édification continentale vers une intégration politique et économique soutenue par un train de mesures et d’actions  sans lesquels l’Afrique raterait son rendez-vous avec l’Histoire ! La transformation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), organisation de coopération intergouvernementale en Union africaine (UA), organisation d’intégration régionale, est une des plus significatives à cet égard : après le sacerdoce de la lutte pour la libération  de l’Afrique, la mise en place d’un cadre continental plus adapté s’est imposée : d’une part pour raccourcir le processus d’intégration institué par le Traité d’Abuja de 1991 en vue de la création d’un Marché commun africain à l’horizon 2025, et d’autre part pour  favoriser le développement socioéconomique du Continent, notamment en renforçant les Communautés économiques Régionales (CER) et en accélérant la création des Institutions continentales de la Communauté Economique Africaine que sont la Banque Centrale africaine au Nigéria, le Fonds Monétaire Africain au Cameroun et la Banque africaine d’Investissement en Libye.

Avec l’initiative du NEPAD, l’Afrique a affirmé en outre  sa volonté de fixer les priorités et les programmes de son  développement. D’aucuns objecteront à ce stade qu’après tout le battage médiatique fait autour de lui,  le NEPAD semble être resté au stade d’une vision d’un nouvel engagement africain avec le reste du monde, fondé sur la gouvernance politique et économique ! En réalité, le Mécanisme africain d’évaluation par les Pairs ou MAEP, organisme indépendant destiné à surveiller les pays et à les classer suivant leurs résultats,  proposition concrète du NEPAD, est opérationnel depuis quelques années et le NEPAD fait désormais partie intégrante des  structures de l’Union africaine, pour promouvoir et assurer une meilleure gestion des politiques de développement sur le Continent. 

Renforcer la compétitivité demeure par-dessus tout un impératif incontournable pour l’Afrique pour relever les défis de la mondialisation. Des efforts sont déployés tant au niveau régional qu’à l’échelle continentale, dans les domaines clés comme les institutions, les infrastructures et l’énergie, la macroéconomie, l’agriculture, la santé et l’éducation, la formation, les nouvelles technologies…

Le développement en Afrique, comme dans d’autres régions du monde, passe aussi  par l’instauration et la consolidation de la sécurité et de la paix.  Il n’échappe à personne que des situations de conflits voire de guerre civile empiètent fortement sur le développement national et même sur une région et que le terreau de l’insécurité est principalement la pauvreté. L’Afrique a pris ses responsabilités avec la création d’une architecture de paix et de sécurité, dont la clé de voûte est le Conseil de paix et de sécurité, à côté du Groupe des Sages, du Système Continental d’alerte rapide, de la Force africaine en attente …

Des avancées certaines sont par ailleurs réalisées dans les domaines de la bonne gouvernance, de  la démocratie et des processus ainsi que de l’assistance électoraux, des Droits de l’Homme et des questions humanitaires, des Réfugiés et des personnes déplacées. La Charte africaine pour la démocratie, les élections et la Gouvernance est en cours de ratification, une  Unité pour la démocratie et l’assistance électorale a été mise en place avec le Fonds pour la Démocratie et l’Assistance électorale depuis mai 2008 et un Comité des sanctions va être bientôt opérationnel. 

Enfin, la Commission de l’Union africaine qui est l’exécutif de l’Union africaine, s’est doté d’un instrument essentiel à partir duquel s’engage et se poursuit la mise en œuvre du processus d’intégration politique et économique du Continent sur une période quadriennale.  Il s’agit du Plan Stratégique 2009-2012, cadre de travail de la Commission articulé autour de quatre piliers principaux, à savoir la paix et la sécurité, le développement, l’intégration et la coopération, les valeurs partagées et le renforcement institutionnel.

Tout ceci pour vous assurer à quel point l’Afrique, consciente de sa responsabilité première pour ce qui est de son devenir,  est décidée à relever les défis qui  entravent son développement, notamment  en se dotant de moyens et d’outils requis et en prodiguant les efforts nécessaires pour ce faire. D’ailleurs, les conditions indispensables par exemple à une industrialisation florissante sont remplies si l’on se réfère à des sources autorisées selon lesquelles, c’est en Afrique que les taux de profit sont les plus élevés et qu’en matière d’investissements, à l’exception de ceux en proie à des guerres, les pays africains débiteurs, considérés comme les bons élèves des Institutions de Bretton Woods, ont toujours honoré leurs engagements. En outre, en sus de l’existence avérée d’énormes réserves d’énergies renouvelables (solaire, hydraulique et éolien), le Continent dispose d’une main-d’œuvre qualifiée, sans parler de sa jeunesse qui représentera à l’horizon 2025, plus du quart de la population jeune mondiale !

Notre rendez-vous a lieu au moment où la Communauté internationale, tirant  les leçons d’une conjonction de  crises graves et surtout consciente de la solidarité imposée par la mondialisation, semble décidée et disposée à s’écouter véritablement les uns les autres pour tenter d’apporter une réponse globale aux défis globaux qui pèsent sur le monde en  faisant prévaloir l’intérêt général, l’intérêt de l’humanité et non pas seulement celui de quelques  groupes d’Etats. L’Afrique a une pleine conscience de sa part de responsabilité et d’efforts et elle entend les assumer totalement, avec détermination et courage car elle ne veut plus être à la remorque de la mondialisation. Mais il est des obstacles qui ne doivent pas être occultés d’autant plus qu’ils ne relèvent pas de la responsabilité de l’Afrique, sinon pour si peu,  comme les conséquences des changements climatiques, le changement des mentalités et la marginalisation condescendante de l’Afrique, sans oublier le fardeau de la dette qui compromet structurellement le développement de nos Etats.  La philosophie du partenariat par ailleurs gagnerait à être revisitée de façon à mettre l’accent davantage sur le renforcement des capacités africaines et le développement de solides institutions.

Vous aurez remarqué que je ne me suis pas étendu sur les différents partenariats du Continent auxquels j’exprime notre vive appréciation. Je l’ai fait à dessein, non pas pour les minimiser, car jamais au contraire, l’Afrique n’aura autant été sollicitée. Outre le fait évident que dans ce  monde d’interdépendance, le développement de l’Afrique dépend  également de ses partenariats, j’ai voulu en effet mettre plutôt  en exergue l’importance  de  l’orientation ainsi que de la bonne utilisation desdits partenariats. »

Par Jean PING, Président de la Commission de l’Union Africaine.