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« On doit arrêter de dire que le mariage forcé, c’est l’affaire des gens venus d’ailleurs ». En Occident, « le mariage forcé est un sujet tabou dont on a peur de parler. Certains responsables politiques ont peur d’être taxés de racistes alors qu’ils se doivent de protéger tous les citoyens» constate Leila. En 2004, elle a publié à Oh Editions « Mariée de force », un livre autobiographique très touchant et poignant, qui fut un best-seller. Leila sera régulièrement l’invitée de la presse de l’Hexagone. Cinq ans après, elle revient avec nous sur son livre en constatant amère que l’Etat français ne bouge pas face à la gangrène des mariages forcés. « C’est l’affaire des autres », dit-on alors que cela se passe aussi ici en Europe. Les médias ont beaucoup parlé du procès du Pakistanais Mushtaq Amer Butt, 28 ans, condamné à 20 ans de prison pour avoir brûlé à 60% son ex-petite amie Chahrazad Belayni, âgée de 21 ans qui avait refusé sa demande en mariage en novembre 2005. Un mois auparavant le mariage forcé, défrayait encore la chronique avec l’affaire de la fille Iranienne de 10 ans mariée et déjà divorcée. Cet entretien remet les pendules à l’heure en suggérant plus l’action que les gesticulations.   

Mme Leila, pensez-vous malgré tout le succès de « Mariée de force » que votre objectif est atteint? 

« Je n’ai pas eu totalement ce que j’attendais de ce livre. Mon livre veut mobiliser et dénoncer le mariage forcé qui est un problème qui se passe aussi en Europe. Je voudrais que les politiciens y réfléchissent et apportent des solutions. L’âge légal du mariage a été certes relevé depuis à 18 ans alors qu’il était à 16.  Le mariage forcé est un sujet tabou dont on a peur de parler. Certains responsables politiques ont peur d’être taxés de racistes alors qu’ils se doivent de protéger tous les citoyens ». 

Avez-vous saisi le Président Sarkozy ? 

« Oui, j’ai écrit à Nicolas Sarkozy, avant même qu’il soit élu. Il m’avait mis en contact avec son conseiller en politique intérieure. Ce dernier m’avait dit que c’était « un problème délicat ». Quand Sarkozy est élu Président de la République, j’ai écrit à son épouse Carla Bruni. Auparavant, j’avais écrit à Jacques Chirac et c’est son chargé des affaires sociales qui m’avait reçue ». 

Pas de suite, mais qu’attendez-vous concrètement du Gouvernement français ? 

« Je voudrais interpeller mon pays la France pour que l’Etat crée une Commission qui aura comme attribut de se pencher sur le mariage forcé. Il s’agit pour moi de réfléchir sur des solutions aptes à enrayer cette gangrène. Je plaide par exemple pour la prévention dans les collèges car dans ce milieu, on peut avoir un réel échange. J’aimerais dire qu’il faut qu’on arrête de dire que c’est leur problème. Nous sommes tous égaux en droits et nous avons des devoirs envers notre patrie. On doit arrêter de dire que le mariage forcé, c’est l’affaire des gens venus d’ailleurs. C’est ce qui fait que en tant que Française, je me pose souvent la question  « Qui suis-je, et qu’est-ce que je représente dans ma société?». J’ai écrit dans une lettre à Nicolas Sarkozy : « Sommes- nous les bâtards de la République ? ».

Comment vos parents ont-ils accueilli votre livre à sa sortie ?

 

« Mon père avait très mal pris la publication du livre. Par ailleurs, quand j’étais l’invitée de Marc Olivier Fogiel malgré que je me sois cachée derrière mes lunettes noires, mon père m’avait reconnue. Mon papa était furax. Certains, m’avaient d’ailleurs proposé de fuir la France. Contrairement à la peur et aux conséquences redoutées, mon père a finalement acheté le livre qu’il a lu d’un trait. Nous étions restés un mois durant sans nous parler mais nous nous sommes retrouvés ensuite. Histoire de s’expliquer. » 

Etes-vous victime de l’Islam ? 

« Je ne suis pas victime de l’Islam. Je vis ma religion. Mes parents m’ont imposé le mariage dans le respect de leur coutume traditionnelle. Je ne suis pas en train de combatte l’Islam mais la tradition. Le mariage forcé n’existe pas que chez les musulmans. D’autres peuples l’ont connu mais ils s’en sont débarrassés. Pourquoi ce retard chez les Arabes? »

Que représente pour vous l’enfant que vous avez eu avec cet « inconnu » avec lequel vous êtes divorcés aujourd’hui ?

 

« Mon fils est âgé d’une dizaine d’années. Il est plein de vie. Je voudrais vous dire que je ne lui empêche pas de voir son père. Je n’ai pas voulu prendre mon enfant en otage. Il va à l’école et respire la joie de vivre. Mon enfant, c’est une de mes victoires mais ma première victoire, était de pouvoir dire non je ne suis pas d’accord et de pouvoir argumenter. Je ne suis plus dans la crainte. Mon fils m’a aidé à survivre». 

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE