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Par Anne Holtkamp et Fatima Ibrahim

Sharjah (EAU) /Amsterdam – Le film néerlandais Fitna, qui décrit l’islam comme étant fondamentalement violent, a suscité la controverse et un débat intense, avant et juste après sa sortie. L’émotion étant aujourd’hui retombée, il est utile d’analyser le rôle éventuel des médias dans cette affaire et son incidence sur les relations entre les musulmans et l’Occident.

Le 23 mars, Fitna (la Discorde), film réalisé par le député néerlandais Geert Wilders, est sorti sur les écrans. Dans cette œuvre hautement politique sur le Coran et l’islam, Wilders superpose des passages du Coran à des images d’agressions extrémistes et terroristes. Son but : prouver que le Coran inspire la haine du non musulman.

Des mois avant sa sortie, le monde entier bruissait du contenu de ce film et de son message anti-islamique. Certains craignaient qu’il ne nuise aux relations entre sociétés occidentales et musulmanes. On craignait qu’il ne déchaîne les mêmes réactions et les mêmes émeutes que les caricatures danoises du prophète Mahomet et l’assassinat du réalisateur néerlandais Theo van Gogh, dont le film Soumission était lui aussi porteur d’un message anti-islamique.

Les critiques néerlandaises et arabes, tout en traitant de cette œuvre sous des angles différents, se recoupaient sur des analogies intéressantes.

Aux Pays-Bas, la sortie de ce film d’un quart d’heure a été accompagnée de mesures sécuritaires. La presse rapportait que les milieux politiques craignaient d’éventuels attaques terroristes sur des cibles néerlandaises, comme par exemple les militaires des armées d'Afghanistan et d'Irak, d’autres évoquaient la possibilité d’un boycott économique et politique de la part des pays musulmans, non sans raison, puisque la publication des caricatures avait été suivie d’un efficace boycott des produits danois. Dans le même temps, la presse néerlandaise insistait sur le nécessaire respect de la liberté d’expression et de culte aux Pays-Bas.

Fitna ayant été diffusé sur le site LiveLeak, les médias néerlandais se sont dit soulagés que Wilders, contrairement à ce qu’on pouvait attendre, n’ait pas inclus les scènes dans lesquelles il arrache et brûle les pages du Coran. Citant fréquemment l’expression “coexistence pacifique”, la presse a souvent dénoncé le message agressif du film. De nombreux articles ont également souligné que le gouvernement néerlandais, de même que les Nations Unies et l’UE, avaient condamné le film et rejeté les opinions de Wilders sur l’islam.

De leur côté, les médias arabes ont aussi abondamment commenté l’événement. Al Jazeera English lui a consacré deux articles. Loin d’être inflammatoires, ces articles commentaient une lettre de Wilders, publiée dans un journal allemand, et dans laquelle il comparait le Coran à Mein Kampf. Ces articles faisaient aussi savoir au monde arabe que les chaînes de télévision néerlandaises refusaient de diffuser le film.

Gulf News, quotidien émirati, écrivait que certains dirigeants religieux musulmans égyptiens appelaient les musulmans du monde entier à ne pas réagir agressivement à ce film et à saisir cette occasion d’informer l’Occident sur l’islam et les musulmans.

Un autre article signalait qu’un émissaire néerlandais avait été envoyé dans les pays arabes pour y expliquer que le gouvernement néerlandais ne pouvait interdire le film en raison de ses lois sur la liberté d’expression. Dans un autre article de Gulf News intitulé "Hypocrisie et liberté de parole”, Linda S. Heard préconisait une limitation de la liberté d’expression dans la mesure où “nous vivons ensemble, et la libre expression de chacun est très souvent insultante et nuisible à d’autres”.

Au vu de ces articles, nous voyons que les médias néerlandais et arabes ont joué un rôle positif, empêchant l’escalade des tensions. De part et d’autre, ils ont insisté sur le fait que le gouvernement néerlandais avait condamné le film et que celui-ci n’exprimait que l’opinion d’une seule personne et non d’une nation entière. Dans les deux régions, la presse a soutenu que la violence n’est pas la bonne réponse à la rhétorique anti-islamique.

Là où la presse néerlandaise et la presse arabe ont divergé, c’est sur leur appréciation de la liberté d’expression. Si ce principe est sacré et à l’abri de toute contrainte aux Pays-Bas, dans le monde arabe la presse estime qu’il faut le limiter lorsqu’il vise à blesser et à insulter autrui.

On voit, à partir de cet exemple de la diffusion de Fitna, que des sociétés différentes réagissent différemment à des valeurs comme la liberté d’expression. Malgré ces différences, les points communs existent aussi : tant en Occident que dans le monde arabe, la violence a été et est condamnée. Même si nous ne sommes pas d’accord sur des questions importantes, voire des valeurs, nous devons nous efforcer d’accepter les convictions des autres sans pour autant minimiser l’importance des nôtres. A l’occasion de la sortie de Fitna, nos sociétés ont prouvé, par leur comportement constructif, que cela est possible.

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* Fatima Ibrahim, étudiante à l’Université Américaine de Sharjah, prépare un diplôme d’études internationales, option relations internationales. Anne Holtkamp, à l’Université d’Amsterdam, prépare elle aussi un diplôme en relations internationales. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews), accessible sur www.commongroundnews.org

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 15 août 2008, www.commongroundnews.org