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Il semblerait que les sociétés humaines ne sont présentes sur la scène du monde et n’imposent leur image que parce qu’en fait, elles ont une puissance qui leur permet de traiter d’égal à égal avec les sociétés les plus fortes. Aujourd’hui, c’est le développement intellectuel, économique, culturel de l’Afrique qui permettra à l’Africain de se faire accepter.

Aimé Césaire était très inquiet de l’avenir des Antilles et angoissé par les perspectives africaines. « C’est normal, disait-il, le monde vit dans un équilibre précaire qui peut être rompu à tout moment.». La fin de la Guerre froide, avec la destruction du Mur de Berlin, n’a pas tenu ses promesses d’un monde fraternel et plus humain. « L’abyme à l’heure actuelle ne fait que s’élargir ». Il est plus que jamais abyme eu égard à la recrudescence du binôme égoïsme et racisme européen. Le clivage Nord-Sud s’est accentué. « On va dans la lune et à côté de ça, il y a les ghettos de New York n’est ce pas ?». Les Américains sont capables d’aller là-bas. Et ils sont incapables de tenir des procès équitables pour les Noirs. « Ils ne sont pas capables, dira Césaire, d’aménager leurs rapports avec leurs propres citoyens américains parce qu’ils sont noirs.». « ça me choque profondément ». Nous aussi. L’Afrique est appauvrie dans un océan de richesses. Sa jeunesse volée se suicide. Sa voix de sagesse est étouffée.

Le 21ème siècle n’a pas changé le regard de l’Occident sur l’Afrique. Le racisme s’est accru, et de manière plus insidieuse, plus sournoise et plus désastreuse. Le racisme d’Etat qui a cours est une discrimination subtile et ravageuse.« Je vais faire une confession. C’est une certitude ; contrairement à ce que l’on croit, que c’est la raison qui mène le monde. Je ne crois pas que le racisme soit en régression. On est beaucoup plus raciste à l’heure actuelle et je n’hésite pas à le dire et dans toutes les couches de la population européenne et française…J’en suis absolument sûr.».

Césaire qui répondait en 1976 à Edouard Maunick dénoncera cet « être de raison épris de domination» chez qui pourtant existe « l’appel à la fraternité ». Césaire ! « Tu n’es pas mort» . Tu es encore ce Caïlcédrat debout. Car, ce monde n’est pas encore fraternel. Liberté, Egalité, pour certains. Fraternité ? Tu disais à juste titre à Abdou Diouf, qui soutient ta panthéonisation, « Identité, c’est le mot qui manque ». Le maillon de la chaîne pour constituer la véritable Fraternité. C’est vrai, pour dire « nous », il faut pouvoir nommer le « moi » et le « toi ». Malheureusement, pour les Maîtres du monde, il n’y a de civilisation, de création, d’humanité, que ce qui est occidental. Césaire, tu disais : « La mort terrifie ma raison » avant de dire « j’accepte ». Car tu étais un combattant lucide.

Et Césaire, qui a lutté pour la Dignité des Noirs, pour l’indépendance des pays africains qui le souhaitaient, constate la tragédie de l’Afrique : la trahison de l’Elite . « On le voit et on le verra en Afrique, l’indépendance contre un oppresseur ne garantit pas les droits de l’Homme. Ni les étapes ultérieures.».

Sommes-nous vraiment maudits ? Qui sont ces gens à la tête de nos Etats? Qui sont ces intellos qui sapent le moral de notre Continent? Et les malheurs ( catastrophes naturelles, conflits armés, sida, paludisme etc) de l’Afrique avec des élites complexées plus enclines à rechercher la reconnaissance de l’Homme Blanc que de trouver des solutions indigènes aux vicissitudes de leurs peuples, ne font que ternir davantage l’image du Nègre.

C’est pourquoi Césaire n’est pas mort ! Ni Alioune Diop ! Ni Birago Diop ! Ni Senghor ! Ni Cabral ! Ni Machel ! Ni Lumumba ! Ni Moumié ! Ni Nkrumah ! Ni Cheikh Anta ! Ni même le jeune Sankara !

Tu le disais Césaire, invoquant l’esprit de l’âme noire dont le vulgaire ne se doute guère «Pour certains êtres disparus, ça je crois très fortement comme Birago Diop, les morts sont là ».

C’est pourquoi, « ce nègre, nègre, depuis le fond du ciel immémorial », est pour nous immortel. Césaire, désormais, repose dans le cœur de chaque nègre. Son panthéon, c’est notre cœur... Ces millions d’âmes qui battent au rythme de la Négritude. Ce « casserole » dont l’homme Noir a tant besoin dans un monde où on avait fini depuis des temps immémoriaux, notamment et bizarrement au siècle des Lumières, à le décrire comme le sauvage. C’est là d’où sort l’expression « continent noir ». L’Afrique noire pour l’Occidental c’était cette partie de l’humanité qui dysfonctionne. Cette humanité grouillante, la face sombre et négative de l’Homme Blanc. Pascal Sevran en tirant sur la « bite des Noirs », responsable des maux du Continent, ne fait que reprendre ses ancêtres dont la progéniture transforme aujourd’hui les crimes contre l’humanité en bienfaits. C’est clair, pour dominer, il faut nier jusqu’à l’humanité de l’autre.

Repousser le Cri Nègre

Déjà, dans « Combat » du 30 novembre 1946, Albert Camus écrivait : « Ce qu’il faut défendre, c’est le dialogue et la communication universelle des hommes entre eux. La servitude, l’injustice, le mensonge sont des fléaux qui brisent cette communication et interdisent ce dialogue. C’est pourquoi, nous devons les refuser. Mais ces fléaux sont aujourd’hui la matière de l’histoire.»

« Si vous prenez le siècle des Lumières, où l’Europe entre dans une certaine modernité, me confiera l’historien Mamadou Diouf de Columbia University, l’Afrique c’est le monde primitif. L’Afrique, c’est le continent obscur. L’Europe se définit par les cultures, et l’Afrique par l’absence de culture. L’Europe se définit par une raison scientifique, l’Afrique par une raison émotive ».

« J’ai bien conscience qu’un cycle est terminé, qu’il y a un autre monde à inventer ». « On a la foi ou on ne l’a pas, mais moi, je refuse de désespérer de l’Afrique » a souligné Césaire dans un entretien avec Maryse Condé en juin 2004. Deux mois avant, était créé ContinentPremier, ce magazine panafricain, lancé le 23 avril 2004 au Club Suisse de la Presse. Oui, c’est à notre jeune génération de déconstruire la littérature désastreuse sur l’Afrique. Cinq ans déjà ! ContinentPremier sait que le véritable enjeu est d’arriver à produire des images sur soi-même de telle sorte que les gens ne peuvent pas vous représenter sans utiliser les informations que vous diffusez. C’est ce qui fera que les Africains se feront mieux représenter par rapport à ce qu’ils pensent qu’ils sont réellement.

Le Travail c’est l’urgence ! C’est le viatique d’Aimé Césaire aux Nègres. « Moi, je crois que ce que nous devons faire, c’est travailler. Voilà. C’est s’accrocher. Et c’est préparer nos peuples qui ont été précipités dans une évolution tourbillonnante… Je crois il faut que nous travaillions à les former, à les armer davantage, à les aguerrir davantage pour que précisément ils subissent moins et qu’ils transforment l’événement en décision et le destin en histoire »

Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE.