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Pour l’ensemble de ses recherches sur l’Islam présentées à Alexandrie, Mme Fawzia Ashmawi, suissesse d’origine égyptienne a reçu au mois de février dernier des mains du Président Hosni Mubarak une médaille d’honneur en or massif qui sanctionne la qualité de ses travaux. L’UNESCO, temple du Savoir et de l’Education, a décidé pour sa part de publier prochainement deux études de la Genevoise dans sa nouvelle encyclopédie sur l’Islam.

Al Azhar, l’Université la plus prestigieuse du monde arabo-musulman, organise chaque année depuis dix ans une conférence annuelle à laquelle elle invite...

des professeurs et des chercheurs spécialistes de l’Islam et qui sont issus de toutes les parties du monde. C’est l’ensemble des recherches présentées à cette conférence par la Genevoise qui a été reconnu à travers cette médaille d’or.

Al Azhar a pris en compte plus précisément deux recherches importantes faites par Mme Ashmawi à la demande de l’Unesco ; la première : « l’Évolution sociale et culturelle de la femme musulmane dans le monde » et la deuxième : « l’Image de l’Islam dans les manuels scolaires en Europe».

Pour Mme Ashmawi et pour sa famille, notamment son fils et ses deux petites filles qui regardaient la télévision égyptienne au moment où le Président Moubarak lui remettait la médaille, cette distinction constitue « une grande fierté». Elle nous confiera : « Je voyais cette joie dans les yeux de mon fils et de mes deux petites filles. Cela m’a comblé de bonheur». Mais la professeure n’oublie pas ce que la société suisse lui a apporté. Elle déclare avec modestie, signe d’une grandeur et de reconnaissance : « Je n’oublie pas la Suisse car c’est grâce à mes études à Genève et à mes professeurs suisses que j’ai acquis une certaine méthode académique, analytique et critique. Tout ceci m’a permis d’arriver à un certain niveau dans mes études et dans mes recherches.».

Une année présidentielle

En moins de deux mois, la médaillée d’or a serré la main à deux présidents. En effet au mois de janvier 2008, Mme Ashmawi avait eu le plaisir de rencontrer à Alexandrie le Président suisse Pascal Couchepin lors de sa visite officielle en Egypte. Invité à une manifestation par l’association suisse d’Alexandrie qui fêtait son 150ème anniversaire, Pascal Couchepin a eu « la convivialité, la gentillesse et la simplicité » de couper et de servir le gâteau d’anniversaire. C’est ce qui fera dire à Fawzia Ashamawi : « j’étais vraiment ravie car c’était la première fois que j’étais servie par un Président de la République». Cerise sur le gâteau : « M. Couchepin m’a même dit qu’il aurait souhaité apprendre l’arabe s’il avait eu beaucoup plus de temps ». Je lui ai dit « je vous donnerais volontiers des cours d’arabe».

Les années genevoises

En trente cinq ans de vie en Suisse à Genève, Mme Fawzia Al Ashmawi a été tour à tour étudiante dans la Ville de Calvin avant d’y enseigner l’arabe au sein de la Faculté de Lettres et Sciences humaines. Ancienne étudiante au Département Français, Mme Ashmawi se souvient de ses anciens professeurs dont certains ont eu une renommée internationale : Jean Strabowski, Michel Butor etc. « Ces professeurs, nous confiera -t-elle d’une voix nostalgique, ont eu une grande influence sur moi». « Ils m’ont appris la rigueur scientifique, la méthode d’analyses. Je leur dois beaucoup».

Aujourd’hui, l’enseignante de l’Unité d’arabe et d’islamologie est à la retraite. Son principal regret : « l’Université de Genève ne lui a pas donné la place qu’elle y méritait ». En effet, elle est la seule enseignante genevoise à avoir participé à une recherche européenne financée par le Fonds National de Recherche Suisse à Berne sur « Les musulmans en Suisse». Elle a aussi travaillé sur d’autres sujets sous l’égide de l’Unesco qui lui ont valu sa médaille d’or et une reconnaissance internationale. Des travaux qui n’ont pas été signalés à l’Université de Genève. Ces études reconnues et rendues publiques pourraient pourtant aider la société suisse qui souhaite intégrer ses étrangers et les minorités.

Intégration

Présidente d’un Forum qui regroupe une cinquantaine de femmes, Fawzia Ashmawi souhaite organiser une rencontre annuelle pour montrer que la femme musulmane peut s’intégrer dans la société occidentale. Elle dit sans complexe que la société suisse est une société d’accueil. Par ailleurs dit-elle : « Rien, dans le statut de la femme en Islam, n’est en contradiction avec les lois des pays européens».

L’intégration dans la société d’accueil est donc une possibilité offerte aux musulmans. « Je n’ai jamais senti que j’étais rejetée en Suisse. A Genève, comme à Alexandrie, je suis chez moi».

La salinité de l’eau de la Mer méditerranéenne semble bien faire bon ménage avec l’eau douce du Lac Léman. Alexandrie comme Genève sont toutes deux des villes cosmopolites.

«La diversité est une vraie richesse. Si nous étions toutes et tous identiques, quel ennui!» s’exclame Mme Ashmawi avant de conclure avec humour : « On serait comme de vieux couples qui n’ont plus rien à se dire !»

Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE.