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Le Canton universitaire de Genève, Ville internationale nous servira de miroir dans notre Dossier sur les étudiants africains pourquoi quittent-ils la Suisse pour le Canada?

Une Loi restrictive.

Les contraintes d’ordre structurel et légal auxquels les étudiants étrangers restent confrontés, notamment l’impossibilité de travailler en Suisse ou de valoriser leur capital universitaire, constituent des situations qui risquent de mener à un gaspillage de ressources humaines. Ce constat ressort d’une recherche1 conjointe de l’Université de Genève, de l’Organisation internationale pour les migrations et du Ruig. S’interroger sur le statut des étudiants, c’est poser la question des statuts des migrants et leur accès à l’emploi.

Parmi les difficultés soulevées par les étudiants interrogés par l’étude, figurent notamment l’équivalence des diplômes qui peut souvent aboutir à plusieurs années d’études perdues et cela concerne généralement des étudiants en formation sans support institutionnel. L’analyse des obstacles liés à la reconnaissance des diplômes indique un processus de remise en question des acquis de formation dans le pays d’origine, notent les chercheurs. Ce qui contraint souvent ces migrants à une redéfinition de leur projet professionnel et à un renoncement de leur ambition initiale. Cette situation concerne souvent les femmes qui sont venues pour des raisons liées au regroupement familial ou au mariage.

Les femmes qui sont venues pour des motifs non liés au regroupement familial ou au mariage, ont un niveau de formation et de responsabilités professionnelles plus élevées. Cela concerne à la fois des femmes africaines qui ont fait leur formation en Europe et venues en Suisse avec un projet migratoire professionnel, des professionnelles de santé qui ont fait toute leur scolarité en Suisse et enfin des professionnelles femmes ayant un statut de fonctionnaire international. Leur nombre reste cependant quantitativement faible.

Le retour peut s'entrevoir soit comme une suite logique de la fin des études et de la formation poursuivie en Suisse, soit comme un projet reporté suite à une migration vers un autre pays. Ce retour pour d'autres étudiants paraît hypothétique du fait du chômage galopant et de la persistance de conditions générales défavorables alors que certains pensent plutôt à s’installer durablement en Suisse.

Les difficultés rencontrées par les migrants dans le cadre des lois du pays de résidence, font ressortir un rapport conflictuel aux lois du pays de résidence, qui du reste, est fonction des statuts juridiques des uns et des autres, souligne l’étude.

A l'évidence, on note une persistance de nombreux déséquilibres qui sont à l'origine des migrations internationales, ce qui pousse bon nombre de personnes à reporter leur retour en attendant une situation meilleure ou à l'envisager de moins en moins.

Etudiants indésirables ?

De 2004 à 2007, le nombre d’étudiants africains admis à l’Université de Genève a diminué passant de 953 à 688. Soit une perte de 261 étudiants. Selon les chiffres de l’Université, en 2005, ils étaient 834 et 726 en 2006. Les femmes-étudiantes représentaient en 2004 un chiffre de 304, passant à 280 en 2005, et 255 en 2006 avant de remonter à 267 en 2007. Quant aux hommes, ils seront 649 en 2004, 554 en 2005, 471 en 2006 avant de redescendre à 421 en 2007. On retrouve les étudiants en majorité dans les facultés des sciences, de médecine et sciences économiques et sociales, en études de développement et en relations internationales.

Cette baisse s’explique par deux changements : il y a quatre (4) ans, tous les Africains étaient soumis à l’examen de français. La seconde raison, c’est la politique de l’Office fédéral des migrations (ODM).

Pourtant malgré la baisse du nombre d’étudiants africains admis à Genève, le nombre de diplômés en provenance du Continent est resté stable. En 2004, ils étaient 168 diplômés, en 2004, 160 et en 2006, le chiffre remonte à 168 .

Cependant seule la politique restrictive de la Suisse n’explique pas tout. En effet, l’ODM avait constaté en 2005, un énorme accroissement du nombre de demandeurs d’asile, et de permis de séjour en provenance du Cameroun, du Congo et de la Guinée. Les dossiers en provenance de ces pays se ressemblaient presque tous. L’ODM suggéra qu’il y avait du faux, et décida de bloquer ces dossiers.

Si la politique fédérale ne va pas changer de sitôt malgré le départ de M. Blocher, l’Université de Genève a pour sa part changé sa politique. Désormais, toutes les personnes qui ont suivi un enseignement en langue française ne seront plus soumises à cet examen de français à partir de la campagne d’immatriculation qui se fait actuellement et qui se poursuivra jusqu’en avril 2008.

Combien coûte un étudiant ?

En Suisse, un étudiant coûte en moyenne suivant sa formation ( lettres, sciences etc) et selon l’accord inter-cantonal de 12.000, à 25.000 jusqu’à 45.000 FCH. Ce qui ne prend pas en considérations tous les coûts liés à la formation de l’étudiant .

D’ailleurs, certains milieux politiques demandent qu’on fasse payer le même montant aux étudiants étrangers qui ne s’acquittent que du paiement des 500 francs de taxe par semestre soit la somme de 1000 F-CH par an. A noter que le Service social de l’Université octroie très souvent des réductions des taxes aux étudiants étrangers.

L’Exil vers le Canada

Pascal Garcin du Service administratif de l’Université de Genève souligne qu’en « Suisse, on reçoit avec beaucoup de surconspection les étudiants et dès qu’ils finissent, ils doivent partir. C’est une double perte», souligne le fonctionnaire. L’argument souvent avancé par certaines autorités est de dire : « nous ne voulons pas faire de vol de cerveaux ». Pour notre interlocuteur, « on pourrait imaginer qu’on leur fasse bénéficier de ce qu’ils ont obtenu ». Des pays plus ouverts, comme le Canada, l’Angleterre et l’Allemagne donnent par exemple une année aux étudiants pour trouver du boulot sur place. L’école polytechnique fédérale de Lausanne avait attiré l’attention des autorités fédérales sur ce problème.

Deux témoignages d’une forte intensité.

Bien intégrés ou en processus d’intégration, ces deux ex-étudiants de l’Université de Genève sont arrivés pour le premier il y a deux ans au Canada et pour le second il y a moins d’une année. Tous deux sénégalais, ils ont de leur propre gré décidé de quitter la Suisse. Reconnaissants à ce pays, ils lui reprochent pourtant sa politique envers les étrangers (racisme institutionnel et populaire, obstruction de toute carrière professionnelle). Nous avons posé les mêmes questions à nos interlocuteurs dont nous garderons l’anonymat.

Témoignage 1


1) J'ai décidé d'aller au Canada, parce qu'une opportunité s'est présentée à moi et je l'ai tout simplement saisie. Avec un statut de résidence permanente, on est plus à même de construire, dans la durée, un projet familial et d'insertion socioprofessionnelle. Et ainsi, de participer positivement au relèvement des nombreux défis économiques, démographiques et autres de notre société d'accueil.

2) Oui, j'aurais pu rester en Suisse, si et seulement si, j'avais retrouvé des conditions similaires à celles que j'ai au Canada. A un moment, j'ai fait l'analyse qu'il n'y avait pas d'avenir pour moi en Suisse. Ce qui m'a poussé à prendre la décision de partir pour ne pas passer l'année de trop. Cela dit, j'ai bien aimé mon séjour helvétique. La Suisse reste un beau pays, malgré la bêtise xénophobe de certains Suisses.

3) Retourner au Sénégal, oui, c'était une possibilité. Et j'y ai beaucoup pensé durant mes dernières années en Suisse. D'ailleurs, j'étais inscrit à certains sites d'emploi comme Senjob et cabinets de recrutement au Sénégal. C'est vous dire que je recherchais activement du boulot au Sénégal. Pour le moment, cela ne s'est pas encore fait et je ne dis pas que cela ne se fera pas. Tout est question de circonstances!!!

Témoignage 2

Chaque être aspire à une évolution personnelle et, fondamentalement à la stabilité dans sa situation professionnelle. Pour ce qui me concerne, il y a quatre raisons principales qui ont fait que j'ai quitté la Suisse.

1- La nouvelle politique suisse à l'égard des ressortissants des pays pauvres avec l'Afrique à leur tête. Le racisme à la fois institutionnel et populaire a tenu les africains en tenaille ces dernières années, ne laissant espérer aucun revirement. Sont condamnés à la déchéance ceux qui restent.

2- Le regroupement familial: la Suisse évite un "encombrement" perçu de manière erronée et illusoire dans la retrouvaille entre les étrangers ou étrangères avec leurs conjoints ou conjointes. Sans vie familiale, il est difficile d'envisager une vie sereine. Le Canada a bien ouvert ses portes à des entreprises de cette nature. Au moins on peut y vivre en famille dans une grande quiétude. Alors, j'ai voulu en profiter.

3- Le déclassement: avec des diplômes d'une utilité notoire, s'il est difficile de mettre ses compétences au service d'une entité géographique donnée, alors autant en faire profiter des pays plus méritants et qui montrent qu'ils en ont besoin, à l'exemple du Canada.

4- La précarité: quelle que soit l'activité professionnelle que l'on exerce, l'Etat suisse nous confine au statut éternel d'étudiant et nous oblige à aller à l'université et réussir impérativement aux examens. Et si on finit une formation, on est persécuté pour quitter le territoire comme si on était des voleurs ou brigands. Je dis oui, pour étudier durant toute sa vie. Mais non, pour avoir la profession éternelle d'étudiant L'être humain a besoin d'une tranquillité d'esprit et d'un statut acceptable que n'offre pas la Suisse. L'intégration des étrangers dans ce pays n'est plus qu'un vieux souvenir perdu dans l'ombre des années fastes d'après-guerre.

Pour finir, pourquoi le choix du Canada au lieu du retour au pays: là, je dirai que c'est le Canada qui offre plus de perspectives professionnelles pour des personnes ayant mon profil.

Ni la politique, ni l'orientation économique du Sénégal ne permettent d'espérer des lendemains meilleurs pour ce pays. L'attente de toute la famille est trop grande pour que l'on puisse oser prendre le risque d'un retour incertain, si ce n'est une désillusion programmée d'avance et opaque à l'inflexion.

Une Ouverture

Un permis temporaire (par exemple le Permis-B étudiant, ne peut pas accéder à un permis B travailleur ou d’établissement Permis-C. En clair, le permis donnant accès au travail, n’est pas possible avec un permis d’étudiant sauf dans de très rares exceptions. Les permis de travail sont soumis à un quota. Il y a un nombre limité fixé par la Loi à l’avance. Pour Zurich par exemple, il est de 430 par an et pour Genève 130 par an. Les permis d’études ne sont pas soumis à un quota mais les étudiants étrangers qui veulent changer de statut seront soumis aux quotas. Avec la nouvelle Loi entrée en vigueur en janvier 2008, les étudiants auront la priorité selon leur filière et les besoins de l’économie suisse.

En fin février, à Genève, les députés ont transmis deux résolutions à une commission du Grand Conseil pour permettre aux diplômés étrangers titulaires d'un master ou d'un doctorat obtenu en Suisse de pouvoir rester en Suisse un an après leurs études. Mais le débat révèle encore les clivages entre une partie de la droite et son extrême.

Il est clair par ailleurs que seule l’introduction de la migration dans les politiques de développement permettra de créer des cadres institutionnels permettant de mieux valoriser le statut du migrant au profit de son pays d’origine comme de son pays d’accueil.

NB: lire également les autres éléments du Dossier sur les étudiants africains.

Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE