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DECLARATION SUR LES APE ET MANIFESTATION DE SOUTIEN RESOLU AUX PRESIDENTS ABDOULAYE WADE ET TABO MBEKI
Nous économistes ressortissants des Etats de la CEDEAO, de la CEMAC et de la Mauritanie, réunis dans les locaux de l’Ecole de Dakar, sous la co-présidence du Professeur Moustapha KASSE, Kader DIAKITE et SIDI BABA, après une analyse approfondie des Accords de Partenariat Economique et des diverses déclarations de la Réunion de Lisbonne entre l’Union Européenne et l’Union Africaine (les 8 et 9 décembre), suite aux positions et propositions défendues par les Présidents Abdoulaye WADE et Tabo MBEKI au nom du Continent, déclarons solennellement ce qui suit :
Considérant que le système des relations ACP-UE repose textuellement sur trois dimensions : politique, commerciale et économique et qu’en conséquence la coopération commerciale ne doit constituer qu’un des volets d’une stratégie globale de partenariat et ne saurait nullement être une fin en soi.
Considérant d’une part que l’OMC est principalement une Organisation de concertation entre divers pays membres d’égale responsabilité, permettant ainsi un processus décisionnel fondé exclusivement sur la concertation ( consensus) et non le diktat et d’autre part que la promotion d’un commerce international mutuellement avantageux pour tous les partenaires appelle l’acceptation de règles à la fois équilibrées, efficaces et équitables pour tous les partenaires.
Considérant que les économies africaines, dans la plupart des régions, amorcent un processus de sortie des crises des années 80 et 90 par l’instauration de politiques
- macroéconomiques qui ont permis une réduction notable des déficits internes et externes, un assainissement des cadres de la gestion publique,
- de politiques de Bonne gouvernance économique, institutionnelle et sociale avec en priorité une lutte opiniâtre contre toutes les formes de corruption ;
- et enfin de recherche obstinée de la paix, de la sécurité et de la stabilité à l’échelle de tout le Continent.
Toutes ces actions, fruit de lourds sacrifices de toutes les composantes sociales, nonobstant la grave crise de l’énergie, les turbulences monétaires et l’inflation mondiale galopante, commencent à produire des résultats appréciables notamment
- le retour de la croissance au taux annuel moyen supérieur à 5% ce qui contribue, bien qu’encore insuffisante, à la réduction de la pauvreté de masse dans laquelle le continent était englué ;
- l’atténuation de la conflictualité africaine permettant l’avènement progressif d’un cadre d’ordre et de paix favorable au développement économique et social
- l’insertion dans le système des relations économiques et financières internationales ce qui se reflète dans la diversification des partenariats : NEPAD, AGOA, Plan d’Action de Beijing, DSRP et OMD
Considérant, dans ce contexte, que les APE, après une évaluation exhaustive, produiront incontestablement une série de conséquences négatives dont trois au moins risquent de compromettre les performances de nos politiques économiques et financières et de précariser encore plus les conditions de travail et de vie de nos populations ; il s’agit
- de la liquidation programmée de nos systèmes productifs locaux qui, en recherche de compétitivité, seront démantelés au profit des importations provenant d’Europe. Sont concernés l’élevage et tous ses produits dérivés, les agro industries, tout le tissu industriel naissant ou en pleine restructuration. A titre d’illustration, Oxfam France a démontré en 2004 comment les exportations européennes de volailles avaient été catastrophiques pour les producteurs en Afrique de l’Ouest. Pareille situation se généralisera dans plusieurs secteurs ;
- de pertes substantielles de recettes ce qui va aggraver, dans cette période de baisse drastique de l’Aide Publique au Développement, le double déficit des balances de paiements et des finances publiques. Cette situation affaiblira irrémédiablement la capacité des Etats à produire des externalités positives pour les acteurs du développement dans les domaines vitaux de la construction des infrastructures de base, de la formation des ressources humaines de qualité, de la lutte contre les grandes pandémies, de l’exercice des différentes fonctions régaliennes des Etats et qui, par ailleurs, renforcent les processus de démocratisation ;
- enfin de l’approfondissement du couple infernal pauvreté-chômage, la dégradation de la condition sociale et la précarisation des groupes vulnérables.
Considérant que le caractère pernicieux des APE est révélé par les faits stylisés qui suivent :
- L’article XXIV de l’OMC ouvre la possibilité d’introduire une dérogation pour permettre l’application d’un traitement spécial et différencié.
- L’OMC est un forum politique au sein duquel le tandem ACP-UE pourrait exercer conjointement des pressions pour défendre des approches et des règles plus équilibrées et plus respectueuses du développement humain dans la mesure où ce tandem représente 83 des 150 pays membres.
- Le cycle de Doha est en panne et il est encore loin de pouvoir redémarrer sans encombre.
- L’AGOA entre les Etats-Unis et les pays d’Afrique est en vigueur depuis 2000 et ce jusqu’en 2015. Pour autant, l’OMC n’a pas statué sur la demande de dérogation déposée depuis 2005 par les Etats-Unis.
- L’UE est quasiment autorisée à attendre jusqu’en 2013 pour réformer en profondeur sa Politique Agricole Commune ce qui lui donne un délai pour continuer à subventionner son agriculture afin de la rendre compétitive.
- L’OMC a donné 10 ans aux pays en développement non PMA (pays moins avancés) pour réduire leurs droits de douane agricoles de 24%. En appliquant cette dérogation, un calcul simple établirait que la conformité de l’APE avec l’OMC exigerait 33 ans pour qu’ils les réduisent les droits de 80%.
Considérant, sur une autre plan, que la perspective offerte par une version améliorée du Système préférentiel d’accès au marché de l’Union Européenne baptisé GSP+, a été écartée de manière pernicieuse. En effet, elle devrait pouvoir préserver le régime préférentiel dont bénéficient les pays ACP tout en respectant les règles édictées par l’OMC.
Considérant l’impérieuse nécessité d’inverser la logique commerciale au profit d’une logique de développement pour bâtir une alliance stratégique qui mettrait, selon le mot du Président A.WADE, « en commun la technologie, le savoir faire, les capacités financières de l'Europe d'une part et, d'autre part, le potentiel humain et les ressources naturelles de l'Afrique ».
Considérant, en conséquence, que les négociations actuelles des APE constituent un forcing pour l’UE qui impose à la fois agenda, rythme et modalités en foulant aux pieds l’esprit et la lettre des Accords de Cotonou.
Considérant le rejet quasi unanime des APE par les Associations africaines de producteurs agricoles et industriels, par plus de 240 ONG à travers le monde et par la Société civile internationale du fait de leur manque de pertinence technique et de leurs conséquences sociales incalculables.
Nous économistes et chercheurs stagiaires apprécions les positions à la fois lucides, responsables et courageuses défendues par les leaders africains notamment les Présidents Abdoulaye WADE et Tabo MBEKI et proposons l’organisation d’un vaste débat sur les APE en vue de leur renégociation dans des délais acceptables d’accord parties.
Dans cette direction toutes les contributions écrites (articles, motion de soutien, informations) peuvent être adressées au Site de l’Ecole de Dakar ( ecodak.org ) ou aux membres coordonnateurs de cette initiative :
- Kader DIAKITE Tel : 777838781
- Sidi BABA : 777025487
- Moustapha KASSE : 766613939
- Mme Niuonka TOURE : 776449873
- Sidy KANE : 766614201
- Dana NAFE : 775424834
- Mlle Nitya DEGUE : 776516748
- Frank DOBE : 777838781
- Issa KOBYAGDA : 777843337
- Assane DIAWARA : 777235068
- Sada SY : 775345132
- Demba SY : 773559020
- Mamadou MARONE : 775521316
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