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« Au-delà de 30 %, je pense qu’on prendrait de vrais risques parce que soudain ça pourrait basculer mais si ça reste une petite progression, à ce moment-là ce danger pourrait être évité». Le Président du Club de la Presse nous avait reçu deux jours avant les élections d'octobre qui auront donné une victoire historique à l'UDC. Cependant, l'euphorie udéciste s'est vite estompée après l'éviction du tribun zurichois, Christophe Blocher. Retour sur un entretien plein d'enseignements
« Il y a plusieurs enjeux importants dans ces élections. Le premier enjeu, c’est de savoir si le parti extrémiste, populiste de droite continuera à progresser ; actuellement il est le premier parti politique de Suisse et s’il continue de progresser, évidemment c’est un gros enjeu pour la Suisse parce que cela risque d’imprimer une marque, une empreinte sur l’ensemble de la politique suisse. Et la deuxième chose, qui est le corolaire, c’est : est-ce que les partis du centre seront capables de résister à cette vague populiste, sachant que la gauche traditionnellement en Suisse est forte… minoritaire. Et de là découle en fait la survie de ce principe essentiel de la politique suisse qui est l’art du consensus, l’art du compromis ou ce qu’on appelle chez nous la politique de concordance qui veut qu’au gouvernement on ait toujours un gouvernement de coalition représenté par des conseillers fédéraux issus des principaux partis et non une alternance gauche/droite comme cela se fait dans la plupart des pays. Mais cette politique de concordance risque d’être mise à mal si le parti populiste progresse encore et tout l’enjeu de ces élections, en tout cas à mes yeux, c’est …. La progression de ce parti populiste pour que les partis du centre conservent suffisamment d’importance pour empêcher cette dérive du système politique suisse ».
La politique de l’UDC a t-elle un impact négatif sur l’image de la Suisse?
« Evidemment, pour moi qui travaille comme journaliste et beaucoup dans le sillage international, c’est-à-dire en contact permanent avec des représentants d’autres pays ici à Genève, je considère comme catastrophique le fait que notre pays, la Suisse, puisse basculer dans le populisme. Je crois que la réaction qui a eu lieu dans la presse étrangère ces dernières semaines est importante mais malheureusement, je ne suis pas sûr qu’elle soit de nature à convaincre les électeurs et les électrices suisses de ne pas voter pour ce parti. C’est un défi parce que la Suisse a une image de démocratie directe à défendre, de fédéralisme, cette image de diversité culturelle au fond, cette capacité à faire vivre ensemble des religions et des cultures différentes et ce serait vraiment dommage que cet acquis historique soit remis en cause par ce vote. Je suis quand-même d’un naturel optimiste, je pense que la population suisse a pris conscience quand-même du danger, et même s’il peut y avoir encore une progression de ce parti qui pourrait passer de 26,3 % à peut-être 28 %, disons que sa progression va rester raisonnable et ne va pas aller au-delà de 30 %. Au-delà de 30 %, je pense qu’on prendrait de vrais risques parce que soudain ça pourrait basculer mais si ça reste une petite progression, à ce moment-là ce danger pourrait être évité».
L’UDC ayant une politique assez violente, on dit que les autres partis n’ont pas su porter le débat là où il fallait…
« Les autres partis ont essayé de créer le débat ; moi je viens d’un parti centriste, le Parti Démocrate Chrétien, nous avons essayé de lancer le débat sur la politique des PME, les petites et moyennes entreprises, sur la politique de la famille, c’est-à-dire du soutien à la famille pour notamment pouvoir favoriser la formation des jeunes et la formation continue des adultes, la politique aussi des personnes âgées. On a essayé effectivement. Sur l’intégration, j’ai lancé un projet de contrat d’intégration pour définir les droits et les devoirs des immigrants étrangers en Suisse, donc nous sommes actifs. Le problème c’est que dimanche, ce parti a réussi à monopoliser l’attention des médias et par ses provocations continues a au fond monopoliser l’attention de l’opinion publique en général relayée par des médias qui préfèrent les théories ou les actes un peu extrémistes par rapport aux mesures raisonnables qu’on peut proposer. Nous sommes au fond victimes de cette tendance des médias à privilégier les provocations mais il faut faire avec. Notre devoir de politiques est de rester raisonnables, de répondre pied à pied à chacune des provocations, de montrer à la majorité des citoyens et citoyennes de ce pays que seules des solutions raisonnables ont des chances d’être appliquées et apportent des vrais remèdes aux problèmes qui se posent parce qu’un parti populiste ne fait que …. C’est un pompier pyromane. Il prétend résoudre des problèmes mais il rallume l’incendie derrière parce qu’il est condamné à être toujours plus provocateur pour rester à la une des médias et à capter l’intérêt de l’opinion publique parce qu’il faudra peut-être encore quelques années pour que les gens prennent conscience de ce type de choses et agissent finalement en abandonnant ou en écoutant plus ces sirènes dangereuses et qui n’apportent rien à notre pays».
Quels sont aujourd’hui les objectifs de votre parti ?
Notre parti qui, en tant que parti centriste, a perdu des voix aux dernières élections, est en train de remonter la pente. En principe, les sondages nous créditent d’une progression et j’espère que ce sera le cas dimanche prochain. Si tel était le cas, cela permettrait de reconstruire un centre raisonnable qui soit fidèle à l’image que la Suisse donne à l’étranger, aux valeurs qui fondent notre pays. Le but majeur, c’est de conquérir quelques sièges, au dépens si possible du parti populiste, pour qu’on puisse réaffirmer nos valeurs».
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