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« L’Afrique dans la mondialisation »
Le Sénégal est historiquement lié à l’OIT. Blaise Diagne, premier Député noir au Parlement français, avait, en effet, pris part à la Conférence constitutive de l’OIT en 1919 et y défendait déjà la cause des peuples africains. Les temps ont changé, les défis aussi. En 2007, devant 3000 délégués, gouvernants, syndicats, patronat, participants à la 96ème session de la Conférence internationale du Travail, le président Abdoulaye Wade a exposé les nouveaux défis que l’Afrique doit relever pour prendre toute sa place dans le 21ème siècle.
Par Me Abdoulaye WADE, Président de la République du Sénégal.
GENEVE - ONU – ( Salle des Assemblées) - La mondialisation est pour moi une réalité objective. Elle dérive à la fois du développement fulgurant des technologies de l’information et de la communication, du volume et la mobilité des capitaux, ainsi que du mouvement et de la diversité sans précédent des échanges de biens et services.
Elle engendre la rencontre des cultures et des civilisations dans une dynamique ambiguë où le pacifique côtoie le conflictuel.
Croire que la mondialisation est un épiphénomène procède à mon sens d’une grande erreur d’appréciation. Elle est plutôt une donnée qui s’inscrit dans le temps et avec laquelle il convient désormais de composer. On ne choisit pas la mondialisation, on la vit car elle s’impose à tous.
La question n’est donc pas de savoir si on est pour ou contre la mondialisation, mais plutôt comment l’apprivoiser en intégrant les paradigmes de vitesse, de compétitivité et les facultés d’anticipation qui la commandent.
Voilà les vrais défis que l’Afrique doit relever pour combler le fossé qui la sépare des pays développés et éviter une marginalisation préjudiciable à sa marche vers le progrès.
Il est vrai qu’à la différence des autres continents, l’Afrique porte le lourd fardeau de l’esclavage, de la colonisation, du pillage de ses ressources naturelles, de l’échange inégal et de l’exode de ses cerveaux.
Une telle saignée laisse assurément de profonds stigmates.
S’agissant en particulier des négociations à l’OMC, mon pays a l’avantage d’avoir été désigné pour parler au nom de l’Afrique à Cancun, au Mexique. Si l’Afrique l’a fait, c’est bien parce qu’elle était convaincue que le Sénégal exprimait et défendait bien les intérêts du Continent selon les lignes de l’article que j’avais publié dans le quotidien Le Monde à la veille des négociations de CA NCUN.
Aujourd’hui, la liberté des échanges dont nous approuvons le principe est viciée non pas par les Africains mais par des pratiques de subventions agricoles des pays développés à leurs agriculteurs ; pratiques contraires aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (1milliard de $ par jour) parce qu’elles faussent la concurrence et ferment les marchés des pays développés à nos produits. Pire, nous ne pouvons même pas prendre des mesures de protection puisqu’on dénoncerait vite ‘’les violations’’ des règles de l’OMC par les Africains et on leur couperait l’aide.
Le paradoxe est qu’au même moment, on réclame aux pays africains d’ouvrir leurs marchés au nom du libre échangisme.
Comment, dans un environnement si hostile, s’étonner que la part de l’Afrique dans le commerce mondial soit inférieure à 2 % ? En réalité l’Afrique n’est pas pauvre. Elle a été appauvrie.
Plus que d’une aide, dont l’efficacité est d’ailleurs fort douteuse, ce dont elle a d’abord le plus grand besoin, c’est de justice et de respect par tous des règles qui encadrent le commerce mondial.
Je voudrais, pour la circonstance adapter le mot de Jean Baptiste Henri Lacordaire, « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la justice qui affranchit ».
Dans une mondialisation responsable, où sont appliquées les règles d’équité et de justice réclamées aux Etats dans leur système interne, l’Afrique, riche de son énorme potentiel humain et de ses ressources naturelles, peut supporter la concurrence. Elle a la vocation et la capacité de générer les conditions de son développement économique et social et de faire face avec optimisme aux réalités de la mondialisation.
Voilà pourquoi l’Afrique peut contribuer au succès du cycle de négociations de Doha. Mais comme je l’ai souligné au G8 à Heiligendamm en Allemagne, pour supprimer les obstacles et accélérer le commerce, les mesures commerciales ne sont opérantes qu’entre pays du même niveau de développement et doivent être complétées par des mesures économiques. Faute d’investissements suffisants dans le domaine des produits d’exportation, les pays en développement ne pourront pas suivre le rythme du commerce mondial.
Le seul correctif, à mon sens, est de compléter nos efforts internes par des investissements étrangers en Afrique (qui en attire 1,7% seulement) pour stimuler l’exportation.
Voilà pourquoi je crois plus à la dynamique prometteuse du partenariat qu’au binôme « aide-crédit » qui a fini de montrer ses limites.
Le NEPAD, dont je suis un des initiateurs, porte dans sa conception et ses objectifs, cette nouvelle vision de nous-mêmes et de nos rapports avec nos partenaires.
A partir de trois paramètres (facteurs de long terme) que sont, le secteur privé, la bonne gouvernance et la région en tant qu’espace de développement intégré, le NEPAD définit dans huit domaines prioritaires les fondements d’un décollage de l’Afrique :
- les infrastructures
- l’éducation
- la santé,
- l’agriculture
- l’environnement
- les TICs
- l’énergie
- le commerce et l’accès aux marchés des pays développés
Si le NEPAD en tant que réponse africaine à la mondialisation n’a rien perdu de sa pertinence, il faut reconnaître qu’il souffre d’un retard considérable dans sa concrétisation, faute d’un management approprié pour mobiliser les ressources nécessaires à sa mise en œuvre.
La seconde réponse africaine au défi de la mondialisation réside, de mon point de vue, dans le parachèvement de l’unité africaine par l’avènement des Etats-Unis d’Afrique.
Il y a une vérité évidente par elle-même : aucun pays africain ne peut, isolément, soutenir la compétition avec les grands pays industrialisés et les ensembles supra nationaux.
Si des pays beaucoup plus puissants que les nôtres éprouvent le besoin de se regrouper ou de s’associer suivant des arrangements appropriés, c’est bien parce qu’en dehors des grands ensembles, l’Etat-Nation, le micro-état, n’a plus de chance de survie.
Le plaidoyer du Sénégal pour un gouvernement fédéral africain repose sur cette lecture lucide du devenir de nos peuples. C’est le point de vue que nous défendrons au Sommet d’Accra convoqué sur un seul point d’ordre du jour : le Gouvernement continental africain et les Etats-Unis d’Afrique.
Dans ce débat, nous pensons avoir trouvé une réponse aux préoccupations de souveraineté nationale exprimées par certains Etats de l’Union Africaine.
D’autre part, il me parait fondamental de souligner qu’un Etat qui penserait pouvoir devenir un îlot de richesse dans un océan de pauvres, parce qu’il aurait du pétrole, par exemple, commettrait la plus grande erreur possible.
Ceux qui pensent que, parce qu’ils sont riches, ils ne devraient pas s’associer aux autres, devraient plutôt s’inspirer des exemples de la Bavière en Allemagne ou de la Californie aux Etats-Unis, ou même de certains grands pays au sein de l’Union Européenne.
Par Abdoulaye WADE, Président du Sénégal.
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