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Par Thierry PERRET , Journaliste à RFI et écrivain

L’image de l’Afrique projetée à l’extérieur du continent constitue une préoccupation récurrente. Les Africains et nombre d’observateurs ne cessent de dénoncer une vision jugée trop souvent négative et réductrice qui, notamment à travers le prisme des médias, privilégie la perception d’une Afrique en état de crise permanente, soumise à des fléaux multiples (sida, pauvreté, instabilité, corruption...). Institutions internationales et organisations non gouvernementales ont souvent réfléchi à la question ces dernières années. Avec le lancement, en 1996, de l’Initiative spéciale des Nations unies pour l’Afrique (UNSIA), l’organisation mondiale avait mis l’accent sur la nécessité d’améliorer l’image de l’Afrique, intégrant cette dimension à sa stratégie de communication.

Une même préoccupation a été exprimée lors de l’élaboration en 2003 de l’Initiative Afrique 2015 du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), ou au travers d’initiatives comme l’organisation du Sommet panafricain des jeunes leaders, en juin 2004 à Dakar. Diverses institutions se sont saisies du problème, et récemment encore la 4econférence internationale Africités (consacrée, en septembre 2006 à Nairobi, à la coopération entre collectivités locales) a mis le sujet à l’ordre du jour.

En Afrique, les prises de position ne manquent pas. Participant en mai 2005 à Nairobi au congrès mondial de l’Institut international de la presse, le président rwandais Paul Kagamé protestait contre une couverture « constamment négative » des médias internationaux sur l’Afrique, un point de vue très largement partagé par les leaders et intellectuels africains..
L’enjeu est clair : pour les instances internationales comme pour les gouvernements d’Afrique, l’amélioration de l’image du continent à l’extérieur doit permettre de créer un contexte plus propice à la mobilisation de l’aide et à l’augmentation des investissements étrangers sur le continent. Il faut pour cela encourager une approche moins globalisante de l’Afrique, et mettre en relief les ressources et capacités des pays africains, notamment les initiatives issues de la société civile et des milieux privés.

Un traitement de l’actualité africaine dominé par les stéréotypes
Les objectifs étant posés, il reste difficile d’infléchir les tendances constatées à la dramatisation et à la schématisation, dont les médias occidentaux continueraient au premier chef à se faire le relais. Toutefois un certain nombre d’idées reçues sont à examiner. Il est ainsi généralement admis que l’Afrique est peu présente dans les médias occidentaux. Des études [1]montrent que cette perception est très relative : c’est l’actualité internationale dans son ensemble qui est peu traitée par les principaux médias, et l’Afrique n’y est pas moins évoquée que d’autres zones géographiques.
En revanche, le traitement dominant pour l’Afrique reste en effet celui des crises et des soubresauts politiques, et certains sujets stéréotypés (conflits et violations des droits de l’homme, antagonismes ethniques, corruption et pauvreté, ou encore maladies endémiques) reviennent de manière abusive. Dans ce tableau, des approches plus positives sont à constater : le sport, la culture (spécialement la musique) constituent des domaines où l’Afrique est vue de façon plus favorable. Enfin le paysage des médias traditionnels et leur couverture de l’actualité africaine n’ont rien d’homogène : selon les organes de presse, selon le moyen d’expression (presse écrite, radio ou télévision), selon les pays considérés, d’importantes variations sont notées. On sait ainsi que la presse française réserve une place importante aux pays francophones d’Afrique et ignore peu ou prou le reste du continent, pendant que la presse portugaise privilégie, elle, l’Afrique lusophone.

On a pu signaler par ailleurs que le développement des sites d’information sur internet permettait une approche de plus en plus diversifiée (et encore difficile à évaluer), et que nombre de sites spécialisés sur l’Afrique tendaient à s’y faire une place. Enfin, on ne peut ignorer les réactions de plus en plus nombreuses et vigoureuses des associations, au sein de la société civile en Europe, qui dénoncent désormais les propos discriminatoires et vont jusqu’à agir en justice ; phénomène qui correspond, dans un pays comme la France, à l’émergence de prises de position communautaristes. [2]
Si les médias occidentaux sont volontiers pointés du doigt, des observateurs font remarquer que ceux-ci ne font que refléter un contexte socio-culturel défini : l’anthropologue français Jean-Loup Amselle souligne dans ses écrits que la vision de l’Afrique est prisonnière d’une histoire et de tendances lourdes, où l’Afrique est volontiers fantasmée, souvent d’ailleurs de façon contradictoire, à la fois comme « continent dégénéré » et « source de régénération » créative. De cette vision, tous sont responsables à un degré ou à un autre : médias, mais aussi artistes et intellectuels, Ong comme bailleurs de fonds pour lesquels « l’Afrique est le continent par excellence de la misère au point qu’Afrique et pauvreté deviennent dans cette perspective largement synonymes ». [3]

La volonté de changer l’image de l’Afrique manque de relais
La multiplication depuis une décennie des opérations de maintien de la paix, et plus encore les mobilisations humanitaires en Afrique contribuent de la sorte à véhiculer une perception de celle-ci comme dépendante et passive. Cette perception, signale encore l’anthropologue, peut se trouver renforcée par le discours de « victimisation » des porte-parole de l’Afrique eux-mêmes, intellectuels ou leaders politiques, qui tendent tout à la fois à dénoncer le poids de l’héritage colonial et à réclamer toujours plus d’aide au nom des responsabilités de la communauté internationale. On citera à ce propos la réflexion d’un ancien ministre de la communication du Ghana, Ekwow Spio-Garbrah, qui signalait, lors d’un séminaire organisé en 1998 par le Pnud, que « créer une image de soi plus positive en Afrique même est bien plus important que de s’attaquer à l’image médiocre que donnent les médias occidentaux ».
Il est un fait que la volonté de changer l’image de l’Afrique manque de relais, en Afrique même. Aujourd’hui comme hier -quand, au début des années soixante-dix, se mettait en place la stratégie du Nouvel ordre mondial de l’information (NOMIC)-, l’Afrique souffre de ne pas disposer de puissants moyens de communication vers l’extérieur. Ce déficit est aujourd’hui mis en lumière par le développement, dans le monde arabe, de grands relais à vocation internationale dont la chaîne de télévision Al Jazira n’est qu’un exemple. L’agence panafricaine d’information (Pana), lancée en 1983, n’a qu’un impact réduit à l’international, et le projet de création d’une chaîne de radio-télévision panafricaine, présenté au sommet de l’Union africaine en 2006, reste à l’étude. Ses objectifs, selon ses promoteurs, seront de « favoriser l’intégration et la solidarité africaines, promouvoir la véritable image du continent, conforter la culture et le patrimoine africains ».

[1] Exemple d’une étude de la société Spotter portant sur la presse écrite française, présentée aux Entretiens de l’information d’avril 2003 (Radio France).
[2] En France, c’est le cas d’associations comme le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) ou SOS racisme.
[3] Les temps modernes, n° 620-621, août-novembre 2002.