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Par Papa Diadji Guèye

Après la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Suisse, l'Espagne, c'est au tour des Etats-Unis de montrer leurs crocs en menant une campagne contre les immigrés " clandestins ". La nouvelle loi sur l'immigration fait couler beaucoup d'encre, installant un climat de protestation et de manifestation de personnes d'origine étrangère, principalement les latinos, soutenues par certains patriotes. Dès lors, il devient légitime de se poser la question rectrice de notre préoccupation quant à la tournure que prennent les courants migratoires : l'émigration des pays pauvres vers les pays riches n'est-elle plus qu'une une entreprise frappée d'obsolescence, une épave à la dérive dans ce monde globalisé où le profil des économies subit de profondes mutations ?

Le constat est sans appel : que de durcissements des conditions d'entrée et d'établissement des ressortissants des pays pauvres qui, à tout prix, tentent d'enjamber les frontières de la misère, souvent même au péril de leur vie, vers les pays riches. Mais ils ne flanchent pas pour autant car la résolution face à la peur de l'échec est irrévocable. Les traditionnels comités d'accueil dans les pays industrialisés se sont mués en de véritables gendarmes des frontières et ne sont prêts à aucun compromis pour fluidifier les entrées : les pauvres sont les rebus des temps modernes. Le traditionnel dialogue nord-sud fondé sur un simulacre de partenariat sur fond des spoliation déguisée des richesses naturelles des pauvres à cédé la place à un cérémonial d'aide au développement. On déclare tout haut ce qu'on ne fait pas tout bas. Les organisations internationales invitent à plus d'humanité vis-à-vis des nécessiteux. Mais lorsque les intérêts propres des puissants ne sont pas engagés, la philanthropie et l'altruisme en faveur de démunis deviennent une utopie, un très long chemin à parcourir.

Malgré toutes les péripéties de l'aventure et tous les risques que cela comporte, les habitants des pays en développement s'obstinent à vouloir aller " chercher fortune " en Occident. A ce titre, il sied de distinguer trois catégories dans cette population candidate à l'émigration : il existe ceux qui, au terme de leur formation professionnelle ou universitaire ne trouvent qu'un petit boulot largement en deçà de leurs compétences. D'autres, malgré une bonne insertion dans leur pays, essaient d'aller s'aventurer dans l'espoir que la très grande aisance ne peut s'obtenir rapidement que dans les pays industrialisés. La dernière catégorie est constituée par les jeunes qui, avec ou sans formation, n'arrivent pas à trouver la moindre occupation dans leurs pays. Ce sont ces gens- là qui, en général, empruntent les chemins les plus périlleux de l'immigration et préfèrent une mort effective à une mort virtuelle. Etre virtuellement mort, c'est vivre sans action ni responsabilité; c'est se lever le matin sans aucun projet journalier, c'est partager les heures avec les ménagères, se révélant même encombrant aux yeux de sa mère. Vivre ainsi n'est pas vivre, c'est mourir sans horreur. Ainsi, on ne perd rien en tentant de conjurer ce sort sans espoir aucun. La devise devient : " migrer ou mourir effectivement ".

L'émigration vers les pays développés est-elle encore possible ?

Avant la montée en puissance du secteur des services, la plupart des pays occidentaux avaient besoin d'une main-d'œuvre forte, rencontrée généralement par le biais d'une main tendue aux étrangers des pays au revenu bas afin de leur faire faire des tâches pénibles mais nécessaires pour la bonne marche de l'économie. C'est ainsi que de nombreux ressortissants des pays en développement arrivaient - une fois en Occident - à trouver un emploi dans les domaines du bâtiment, de l'agriculture de la restauration et de l'industrie.
Or, de nos jours le profil des économies de ces pays a considérablement changé : les services prévalent sur toutes les autres activités économiques, dépassant dans pratiquement tous ces pays industrialisés les 70% des activités, par rapport à l'agriculture, à l'industrie et aux mines.

C'est l'ère de l'informatique et des nouvelles technologies qui impose de plus en plus à la population des compétences de technocrates. Les métiers traditionnels deviennent dès lors surannés, frappant d'emblée de nullité le besoin de la force physique, atout par excellence de nombreux immigrés. Alors, il faut trouver un moyen de retenir ces étrangers chez eux. La France reconnaît sa position en mettant en avant ce qu'il est convenu d'appeler " l'immigration choisie ". L'Espagne voulant profiter davantage de ressources générées par les travailleurs clandestins au travers des impôts, procéda à la régularisation de milliers de " sans-papiers ". D'autres pays ne veulent tout simplement pas des étrangers, et aucune concession n'est à espérer, même avec des compétences adéquates. La droite suisse se dresse sans ménagement contre les étrangers et fondamentalement les requérants d'asile.

L'hospitalité est devenue une trivialité lorsqu'elle va dans le sens des plus pauvres. Certaines nations s'abritent même derrière l'étendard de la lutte contre le terrorisme pour écarter les plus pauvres. Alors, tous les moyens sont bons, seule la fin importe.
Et l'on s'achemine de plus belle vers des économies de plus en plus basées sur les services dans les pays développés. Les compétences professionnelles seront encore plus exigées pour faire tourner la machine de la technologie moderne dans les entreprises.
La main-d'œuvre étrangère qui est déjà caduque le sera davantage dans les prochaines années, balayée par le vent de la mondialisation, de l'informatisation et de la robotisation de la société, de sorte que c'est à bon droit que nous affirmerons sans risque de nous tromper que l'émigration du sud vers le nord est en train de souffler ses dernières bougies.

De surcroît, l'invasion par l'Asie des marchés occidentaux ainsi que la course effrénée vers la délocalisation des grandes entreprises est en passe de sonner le glas du recours à la main-d'œuvre traditionnelle.

Les dés sont jetés et le sort des pays du sud reste entre leurs propres mains. Six mois après l'annulation de la " dette odieuse ", pour reprendre le jargon onusien, pour une quarantaine des pays les plus pauvres, l'observation quotidienne de la gestion des ressources matérielles et immatérielles de ces pays, augure-t-elle d'une certaine sortie de crise ?

Nous aimerions bien répondre de façon positive à cette question, mais le constat de tares incorrigibles nous désole et extirpe tout espoir d'une solution dans le court terme : servage de certaines grandes nations s'immisçant de manière prégnante dans les affaires politiques et économiques des pays du sud à des fins personnelles, pérennisation de la corruption et de la concussion, développement et institutionnalisation d'un népotisme outrancier au grand dam du règne de la méritocratie, politisation des activités même économiques, soustraction, par abus, des deniers publics, creusant les fossé entre les extrêmement riches et les démesurément pauvres, des inflations pantagruéliques ôtant même la possibilité d'un repas par jour, soins médicaux inaccessibles aux populations démunies, conflits ethniques pour le pouvoir ou pour des lopins de terre, des " infirmités culturelles affectant le métabolisme de base " de nombreuses sociétés, pour honorer la pensée de l'historien J.Ki Zerbo préfaçant Moumouni 1998…

Au total, la bonne gouvernance reste le rêve brisé de nombreux citoyens des pays du sud. Vers quels cieux migreront les générations futures lorsque l'on sait qu'elles ne seront les bienvenues nulle part, même pas chez eux ? Le Canada semble être à la mode de nos jours en raison de ses besoins économiques, mais jusqu'à quand, le sera-t-il ?