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Au cœur d’un grand festival Suisse

Publié le, 21 août 2024 par Mme LENA REY

Par Lena REY (Correspondance particulière)

Le Paléo festival s’est comme chaque année, déroulé à guichet fermé. Quel est l’ingrédient secret de cet événement qui a rassemblé 250'000 personnes sur 6 jours dans une bonne humeur et une convivialité qui n’est pas toujours celle qui définit le mieux celle des Suisses ?

Après un été qui avait de la peine à démarrer, c’est pour le Paléo qu’il a enfin pris ses quartiers sur la plaine de l’Asse et plus généralement en Suisse romande, pour le plus grand bonheur des organisateurs, commerçants et festivaliers dont je fais partie. D’ailleurs je me présente. Je m’appelle Lena, je suis née à Genève mais j’ai des origines du Congo pour moitié. En 2023, j’ai rencontré Gorgui au Paléo justement. Lors de la conférence de presse d’ouverture du festival, il était tellement solaire que c’est la première personne que j’ai souhaité interviewer. Il m’a donné des réponses qui m’ont touchée au cœur durablement et donné envie de poser un autre regard sur les rencontres qu’on peut faire lors d’un tel événement. C’est donc un immense honneur cette année de livrer un compte rendu de mes 4 jours de pérégrinations festivalières pour Continent Premier.

Je vous emmène avec moi pour un récit au cœur du festival.

Mon premier soir : Jeudi 

22h30. Arrivée tardive sur le site. L’ambiance est déjà largement à la fête. Je retrouve de vieux amis derrière un stand de nourriture. Sébastien Courage est le patron du Village du Soir, l’une des plus importantes discothèques de Genève. Au Paléo, il a souhaité être présent avec un concept simple lui permettant de régaler les festivaliers tout en profitant lui aussi de « bambouler » comme le disent encore certains ici . Derrière la roulotte de Pan Bagnat, bonne ambiance et récits de voyage nous emmenant en Inde où une rencontre avec des singes finit en anecdote rocambolesque qui fait encore rire l’assemblée bien des années plus tard.

Soudain, les premières notes d’un concert retentissent de la scène Véga, le patron s’éclipse alors pour profiter de Vladimir Cauchemar. Pas vraiment un concert à vrai dire, plutôt un Dj set sombre. Tête de mort derrière les platines, têtes de mort projetées sur toute la scène.

Je cherche plus de joie, direction le Club Tent. On me dit que s’y déroule le concert d’un groupe africain qui fabrique ses propres instruments à partir de matériaux recyclés. Et c’est vrai, sur scène, le groupe Kin’Gongolo Kiniata venu de RDC joue avec une batterie composée de boîtes de conserve et de basses en plastique montées sur des planches. Quelle énergie ! D’ailleurs ils préviennent le public qu’il faut se préparer à transpirer, impossible de ne pas danser.

Je me dis «waouh, il me les faut en interview ! » Hélas je n’ai pas pu en décrocher une. Alors j’ai tenté ma chance en improvisant. Les supers équipes du Paléo m’ont laissée entrer dans le Backstage du Club Tent, mais avec la condition de ne pas aborder le groupe directement. « Il ne faut pas les déranger, si on trouve leur manager c’est à lui de leur demander, mais on ne sait pas où il est. Et ce soir c’est la fête au Club Tent alors ça va être compliqué » me dit-on. Le groupe est là, à portée de stylo, mais je repars bredouille.

C’est quand même une jolie soirée qui s’achève.

 

Vendredi

Pas question d’arriver tard aujourd’hui, en fin d’après-midi j’ai rendez-vous avec l’une des membres du collectif Zagaza composé de cinq africaines de Suisse romande. Dj Hirma Ndayiziga est née au Burundi et est arrivée en Valais à l’âge d’un an. À présent, elle est installée à Lausanne. « Le Burundi, je n’ai jamais eu l’occasion d’y retourner. Ce n’est pas le bon moment pour le faire. J’espère bientôt si les conditions le permettent. Mais grâce à la musique j’ai eu l’occasion de mixer au Ghana. On y a fait une résidence avec le collectif via Pro Helvetia dans le cadre d’un travail de recherche sur les femmes Queer là-bas » m’explique la jeune femme. Après un premier set à 17h30 sous le soleil de Belleville - la scène électro du Paléo, elle n’a que peu de temps à accorder aux interviews, devant remplacer Ahadadream au pied levé, elle doit faire chauffer ses platines une seconde fois avec ses sons afrobeat à 19h45 avec sa devise « Que la foule se sente sexy ! »

Après l’interview, direction l’espace presse. Pour y accéder il faut connaître les chemins de traverses et faire scanner son bracelet. On y croise des confrères journalistes et c’est l’occasion de parler médias. Justement, voici le directeur d’une jeune radio romande, M le Média. C’est en fait plus qu’une radio, c’est une chaîne qui se décline aussi à l’image sur Canal+ Suisse en diffusant en clair son émission matinale sous forme de vraie émission de télévision. D’ailleurs cet été, les abonnés de MyCanal peuvent aussi suivre le « Canal des festivals » avec Philippe Morax et son équipe. Un petit verre durant lequel j’apprends qu’ils ont fait parler d’eux dans le monde entier en innovant avec la première présentatrice météo issue de l’intelligence artificielle, et j’enchaîne sur la discussion suivante. Comme je l’écrivais quelques lignes plus tôt, le Paléo c’est surtout des rencontres, comme celle avec Giovanni qui dirige les Francomanias, un autre festival romand qui se déroulera à Bulle du 28 août au 1er septembre.

Pour lui, le Paléo c’est le lieu idéal pour réseauter. Il a raison. Mais ce n’est pas tout, le concert d’IAM commence, impossible de manquer cette légende du rap français.

Les oreilles bien remplies, restent à faire de même avec l’estomac.  Paléo en matière culinaire, c’est encore mieux qu’assister à un festival de food truck, encore faut-il s’accorder le temps de manger entre deux concerts ou discussions passionnantes. Envie d’une fondue à minuit ? C’est possible au Cosmo, une chaleureuse façon de terminer la soirée.

Samedi

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Pascal, co-responsable des loges de Véga. Véga c’est l’ancienne grande scène du Paléo qui fait partie des aménagements récents du festival qui a gagné du terrain. Profitant de l’espace supplémentaire, il s’est donc doté d’une grande scène encore plus grande, et d’un nouvel espace pour accueillir plus de têtes d’affiche. Pour attrapper Pascal et lui poser quelques questions, il faut être patient. Il faut dire qu’il doit donner de la tête partout pour répondre aux innombrables demandes des artistes ; monter sur scène avec une Sophie la girage en caoutchouc notamment. Ce grand personnage plein d’humour ne manque pas de rigueur, des qualités appréciées depuis plusieurs années par le festival et qui lui ont valu de monter en grade. Son travail consiste en quoi ? « Préparer au mieux l’accueil et la partie hospitalité aux artistes » répond t’il, précisant que « c’est beaucoup de travail, ça commence en janvier, on doit échanger avec toutes les acteurs, les programmateurs, les chauffeurs, les restaurateurs… Et ce n’est pas toujours simple parce que les équipes changent, les gens partent parfois avec leur savoir ». Prendre une semaine de vacances pour aller travailler au Paléo, pour Pascal ce n’est que du bonheur « C’est une expérience enrichissante socialement, une bulle à part. Pendant une semaine tu es dans l’univers Paléo où les gens ont tous le sourire. Je viens ici depuis que je sais marcher, avec mes parents, je suis un enfant de la région. Je ne pourrais jamais retourner ici en tant que festivalier. Je vais dans d’autres festival à l’étranger, mais pour des styles musicaux spécialisés. La force de Paléo c’est le mélange des styles et l’attrait des stands culinaires et des magasins ». Et si on demande à Pascal des anecdotes, il en a plein, comme l’année où on lui a dit que « Didier n’a pas de chauffeur » et qu’il ne saisissait pas le degré d’urgence car en fait le Didier en question, c’était JoeyStarr mais venu se produire avec un collectif de reggae. « Je n’ai jamais vu quelqu’un être malheureux ici » se réjouit Pascal. « Il y a deux ans je crois, après son concert, Ibrahim Maalouf a jammé dans les arrières de la scène avec ses musiciens tant ils étaient chauds et l’ambiance était bonne ».

Pascal a raison, Paléo on y vient pour les artistes mais aussi pour les virtuoses des fourneaux. Mais cette fois, avec cette chaleur je cherche un peu de fraîcheur. Tiens ! Un stand qui propose de l’ananas frais, exactement ce qu’il me faut. C’est un stand du nom de Kimi et en s’approchant on voit qu’il sert de la cuisine du Togo. J’aimerais parler au patron mais c’est impossible, il s’affaire à tailler ses fruits comme un orfèvre. Il me rappelera plus tard pour une interview, en attendant je déguste mon ananas avec du basilic et de la menthe tout en marchant en direction du Village du monde. Cette année, les Balkans sont à l’honneur, j’arrive par hasard au moment du concert de Shantel & Bucovina Club Soundsystem. De la FOLIE ! Une bande inarretable qui fait même monter le public sur scène, dont un type avec un masque de cheval… Il n’y a qu’au Dôme qu’on peut voir ça.

Le téléphone sonne, OK interview, c’est parti direction Kimi ! Agbeko Komlan c’est le nom du patron. Il est né en Haute Savoie et vit depuis 20 ans à Lausanne. Il est dans le commerce de l’ananas depuis 13 ans. Son père est un petit producteur qui possède un champ d’ananas au Togo. « C’est tellement beau un champ d’ananas, c’est vraiment le roi des fruits » déclare Agbeko avec le regard plein d’images. « Alors j’ai décidé de faire découvrir les bons produits d’Afrique. J’ai deux employés au pays et ici je vais sur les marchés de Lausanne et Gland, on trouve aussi mes produits dans des magasins bio. À part des ananas frais je vends de la confiture d’ananas, de la moutarde, il m’est arrivé de proposer de la glace. J’ai même des collaborations avec des chocolatiers et une dame qui fait du granola ». Agbeko vient depuis longtemps au Paléo « La première fois c’était en 2003 au Village du monde, l’Afrique était alors à l’honneur. » Plus récemment il a été désigné comme 5ème meilleur stand du festival, et même 3ème l’année dernière grâce à ses produits, mais aussi celle qui sait les apprêter, sa cuisinière Kokoé. « C’est ma cousine, en vrai c’est elle le capitaine. Ici c’est une affaire de famille, on est tous trop occupés pour se voir dans l’année, alors Paléo c’est l’occasion de se retrouver ». Il y a d’autres stands africains au Paléo, mais pas de rivalités selon Agbeko « même eux viennent manger l’attiéké de Kokoé car ils reconnaissent ne pas en avoir dégusté d’aussi bon depuis longtemps » se réjouit-il. L’homme parle aussi avec fierté de ses projets « Je sponsorise une école, chaque année avec mes propres moyens, je fais la distribution de fournitures scolaires quand je me rends au Togo. Quand mes filles seront grandes et pourront reprendre l’affaire en Suisse, je partirai vivre au Togo. Ici c’est trop stressant, j’aspire à une vie plus calme dans mes champs d’ananas à Lomé ».

Dimanche

Ce soir, le public assistera aux derniers concerts : Christophe Maé, Gims et Mika pour le haut de l’affiche mais aussi Die Klar B2B Dj Kwamé ou encore Tsew The Kid originaire de Madagascar pour les découvertes.

Et qui dit dernier jour de festival, dit conférence de presse de clôture à 15h en pleine canicule. Pour Paléo, Burna Boy a « tenu la promesse de son nouveau statut d’icône à l’occasion d’une performance spectaculaire » même si certains détracteurs ont estimé qu’il n’était pas une vraie tête d’affiche. Le public lui, a suivi la programmation du festival dans sa volonté d’ouverture à d’autres styles. D’ailleurs en matière d’innovation, pour la première fois le feu d’artifice est remplacé par un spectacle de drones. Daniel Rossellat, le big boss du festival l’explique ainsi « Notre philosophie c’est d’essayer des choses, on ne se contente pas de rester plusieurs années sur ce qui fonctionne, mais on ne peut pas toucher aux éléments iconiques. C’est comme quand on retourne quelques années plus tard dans une ville, on ne veut pas que tout ait changé. C’est pareil pour Paléo, il s’agit de trouver le bon dosage. C’est ce que nous faisons durant les 50 semaines qui nous séparent de la prochaine édition. »

Alors pour répondre à la question « Quel est l’ingrédient secret de ce festival ? » Et bien c’est un peu de tout ça à la fois, des stars, des découvertes, des moments d’échange qui viennent du cœur, la convivialité d’un verre partagé, quelques bouchées d’un plat exotique, beaucoup de litres d’eau et presque autant de sueur et, des souvenirs plein la tête.

Clap de fin pour la 47ème, rendez-vous à Nyon du 22 au 27 juillet 2025 pour la 48ème édition.

Photo: Kin'Gongolo Kiniata, Paléo Festival Nyon 2024 — © Paléo Lionel Flusin