Ont collaboré à ce numéro

 Alioune NDIAYE
 Déclaration de Berne
 Francophonie
 Iran Talks
 M. Al Amine Kébé
 M. Christina DAVID
 M. Mbaye DIEYE, SFG
 M. Stéphane Weyland
 M.Abdou Ndao
 Mme Alice Martin
 Mohamed Lamine Diop
 Nouridine DIOP
 Pr. Bachir Diagne
 Souleymane B Diagne
 Tribune de Genève
 UPAF
 Ville de Rufisque
 Voix de Fête

Nous lire dans

Compte Utilisateur

Audios



Souscription

MERCI

Le groupe

Directeur de publication
· Elh Gorgui W NDOYE

Rédacteur en chef
· Elh Gorgui W NDOYE

Comité de Rédaction
· El hadji DIOUF
· Papa Djadji Guèye ·

Responsable Informatique
· Alassane DIOP

Responsable Gestion
· Cécile QUAN

Webmaster
· REDACTION

Contact

Adresse
   Salle de Presse
   N0 1 Box 35
   8, Avenue de la
   Paix Palais des Nations Unies
   1211- Genève 10 Genève Suisse.
Téléphones

   +41 22 917 37 89
   +41 76 446 86 04

Service

Publicités, Abonnements et Souscriptions

Téléphone
· Suisse:
   +41(22)917 37-89
   +41(76)446-86-04

Ou envoyez un courriel à Info@ContinentPremier.com

De l’originalité aux défis de la démocratie sénégalaise, pour la réforme et contre la ruine de l’école sénégalaise, pour un tourisme professionnel et original, la Casamance, de la crise Senghor-Dia ( 1ère partie), de la dislocation de la Fédération du Mali, la responsabilité des élites africaines, la parité FCFA-Euro, de la France, sa langue et notre identité plurielle (2ème partie), le philosophe sénégalais de renommée internationale invité par le Club de la Diaspora, une émission radio animée depuis les Etats-Unis par Amath Diouf sur Seneweb et par le magazine panafricain ContinentPremier.Com dirigé par Gorgui Wade Ndoye, basé à Genève, en Suisse, ouvre son cœur, se dévoile et nous engage à aborder les questions avec sagesse et pragmatisme. (Entretiens)  

 

La dictature au Sénégal ?

Nous avons une sorte d’instinct démocratique qui a été cultivé par une longue tradition et qui s’est installée. La mobilisation des Sénégalais autour de Blaise Diagne qui allait devenir notre premier député noir à l’Assemblée française pour nous représenter, constitue l’affirmation d’un jalon important dans cette indépendance que nous allions construire. Un signe de la santé démocratique du pays.

Le Pr Diagne est d’avis qu’emprunter des voies dictatoriales pour mener le Sénégal serait sans issue. Pour l’universitaire, même si de temps en temps quand nous sommes énervés par notre propre indiscipline nous commençons à dire qu’il nous faut un homme fort qui fasse ceci, qui fasse cela et nous pouvons mêmes nous amuser à dire qu’il faudrait que l’armée intervienne, les Sénégalais savent qu’ils ne s’accommoderaient pas d’un dictateur. Ce n’est pas dans notre tempérament, dit-il. Vous savez l’un des plus grands compliments que le Président Léopold Sédar Senghor ait fait aux Sénégalais à l’époque où la grande mode en Afrique était d’avoir des présidents à vie : est, de le refuser. En effet, à la question “Monsieur le Président pourquoi ne pas décréter la présidence à vie vu que vous organisez des élections que vous gagnez à 80 ou à 90%”, Senghor avait répondu: “ Vous voudriez que les Sénégalais éclatent de rire?”. C’est à dire, selon Bachir Diagne qui fait l’exégèse de la réponse senghorienne que le rire est encore plus mortel que la révolte. Rire en disant que voilà un homme qui aime tellement le pouvoir qu’il se décrète Président à vie! Cela a été de sa part la preuve qu’il connaissait son peuple.

Une fois d’ailleurs le Président Abdou Diouf et moi parlions du Commissaire au pèlerinage à la Mecque, El Hadji Rawane Mbaye, je lui ai dit je crois qu’il fait un travail magnifique parce qu’emmener 2000 pèlerins sénégalais à la Mecque est beaucoup plus compliqué que d’y emmener 2 millions de Chinois. Nous sommes ainsi faits ! Le Président Diouf m’avait dit “Je sais”. En réalité nous sommes ce que nous sommes nous avons été moulés dans une tradition démocratique ! Nous sommes un peuple hâbleur. On ne nous mène pas à la baguette. Cela veut dire que notre pays nous allons le bâtir à partir de ce que nous sommes non pas sur un modèle qui serait extérieur, un modèle pour lequel nous n’avons pas les mêmes valeurs et la même mentalité. Cet espèce d’esprit confucéen qui fait qu’on peut vivre patiemment deux décennies de dictature ne peut pas nous être imposé. En revanche, il faut savoir parler à l’intelligence des Sénégalais et leur parler toujours et encore car il s’agit d’une opinion publique qu’il s’agit de respecter. Nous sommes ainsi faits et c’est ainsi que nous pouvons être dirigés. Notre plus grande gloire et peut être aussi pour notre malheur c’est avec ce modèle là que nous allons essayer de fonctionner.

Que de l’instruction naisse la grandeur des nations

Le drame est que quand l’école est en ruine c’est la fabrique de l’avenir qui est en ruine. Un pays est atteint lorsque la matrice même de fabrique de l’avenir est atteinte. Et c’est cela le drame de notre système éducatif. Qui va à vau l’eau et ce système est à reconstruire. Il y a des réformes qui sont proposées, une réflexion qui est menée. Toutes choses dans lesquelles nous devons nous engager en estimant que l’avenir est à ce prix. C’est vrai que c’est un système où les décisions mettent du temps à donner leurs fruits mais une fois que nous l’avons compris c’est là dans que nous devons investir parce que c’est là où se trouve l’avenir.

Aujourd’hui les parents sont prêts à faire tous les sacrifices pour que leurs enfants reçoivent la meilleure éducation. Il faudrait que nos élites mettent leurs enfants dans nos écoles parce que quand ils y mettent leurs enfants qui ont un capital culturel et même financier assez important, ceux-ci vont tirer le système vers le haut.


Par ailleurs, il serait irresponsable de la part d’un parent de dire je vais mettre mon enfant là, même si le système n’est pas bon car aucun parent n’a le droit de sacrifier son enfant s’il a la possibilité de faire autrement. Il s’agit donc de projeter à la dimension de notre pays ce raisonnement tout à fait rationnel car il s’agit de son enfant.

C’est la responsabilité de chacun d’entre nous cela veut dire que la responsabilité individuelle est une chose extrêmement importante. Le rappel qui a été fait des propos de John Fitzgerald Kennedy est à ce propos très éloquent quand il disait : “Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi mais ce que tu peux faire pour ton pays.” Cette manière de ramener tout à la responsabilité individuelle doit rester une attitude de tous les jours. Par exemple si dans une administration on déplore certaines choses mais qu’on se dise “ je sais que ce n’est pas bon mais je fais finalement comme tout le monde, rien ne changera”.  

Ce type de raisonnement est la pire des choses. En revanche si l’on estime que le changement commence par soi-même on peut dans un système corrompu refuser de l’être car chacun devrait se dire je ne vais pas me comporter comme tout le monde, que Dieu me Regarde et par conséquent que le système soit pourri ne devrait pas être une justification pour se laisser tremper dans la corruption. Certes en adoptant un tel comportement pour le changement on va ennuyer du monde et peut être même on sera taxé d’être celui qui empêche la machine de tourner en rond et qu’on sera même appelé par certains qui vous diront je vais vous montrer comment cela fonctionne ici. Eh bien l’attitude à adopter dans ce cas est de refuser de faire comme tout le monde: “ je le refuse d’abord au nom de ce que je me dois à moi”.

L’idée de responsabilité individuelle est celle sur laquelle nous devrions élever nos enfants parce que c’est la seule manière de sortir d’un système qui marche en dépit du bon sens. Pour changer un tel système il faut opérer par le changement individuel. 

En réfléchissant avec le système scolaire sénégalais avec des amis, des collègues de la communauté universitaire, une des choses que j’avais dites était que nous pouvions bien proposer des mesures mais que celles-ci n’auraient aucun sens si elles n’étaient pas appropriées par les personnes à qui elles sont censées être utiles. C’est à dire qu’il faudrait que chacun demande, dans cette nouvelle philosophie, quelle part me revient pour que le système marche.

Le Révérend Martin Luther King disait quelque chose de très juste : “ si vous êtes dans un pays et que votre responsabilité est de balayer les trottoirs soyez le meilleur balayeur possible.” En effet, rien ne remplace le fait de prendre la décision de se dire je suis la pièce qui va changer le système et le changement va commencer par moi. 

Professionnalisation et un nouveau discours pour le Tourisme

Nous devons mettre plus de professionnalisme dans la manière dont nous pénétrons les marchés. Par exemple les Ghanéens attirent beaucoup plus d’Afro- Américains en vendant l’idée qu’il y avait beaucoup plus de départs d’esclaves à partir de leur pays. Ce discours apparait d’ailleurs de temps en temps dans cette espèce de dévaluation de la signification de Gorée. On dit qu’il y a moins d’esclaves qui ont passé par Gorée, le nombre est symbolique par rapport à ceux qui viennent du Golfe de Guinée ou de ceux qui viennent de l’Angola etc. Ce n’est pourtant pas une affaire de chiffre, nous n’avons jamais été clairs sur la réponse à donner à cela et pourtant la réponse est simple. Il faut demander aux gens de regarder une carte, le point le plus à l’Ouest sur la carte africaine c’est le Sénégal c’est à dire qu’il ne s’agit pas de dire qu’il y a trois ou quatre fois plus d’esclaves partis d’ailleurs que de Gorée, cette espèce de mathématique tout à fait sinistre.  

Il s’agit donc de dire le dernier point passé par les bateaux négriers qu’ils viennent du Sénégal ou pas lorsqu’il s’agissait d’affronter l’atlantique c’est l porte sénégalaise, c’est Gorée. Gorée a une valeur symbolique que la géographie lui a confiée et personne n’y peut rien. La porte du Non retour, géographiquement c’est Gorée. Personne ne se bat sur des chiffres parce que s’est une arithmétique absolument horrible à faire. En revanche nous disons simplement que voilà un symbole c’est ce discours là qu’il nous faut avoir. Nous n’avons pas ce sens de la bonne répartie et de la manière de mieux construire notre discours sur nous mêmes, de présenter notre propre identité culturelle pour un tourisme qui soit également un tourisme culturel. Et nous avions sur ce domaine d’énormes potentialités. Par exemple le fleuve Sénégal peut être mis en relief et même un tourisme plus intégré.

 La Casamance aussi …

Pour parler de la construction de la paix en Casamance : ce type de tourisme dit intégré qui existait déjà dans cette région devrait être relancé. Dès que nous serons sortis de cette situation de ni paix ni guerre, voici une région qui a toutes les potentialités possibles et imaginables.

J’ai pour ma part personnellement grandi à Ziguinchor où j’ai appris à marcher et à parler. J’y ai fait l’école maternelle, ce qui ne se faisait pas beaucoup à l’école pour les enfants de ma génération. J’y ai fait aussi mon école primaire. Si ce « pays » devient indépendant je prendrai la nationalité casamançaise (éclats de rires …). J’espère quand même que nous allons tous rester profondément Africains d’abord et Sénégalais ensuite.

 Crise Senghor contre Dia

La crise de 1963 est le désastre qui est arrivé au Sénégal d’après indépendance. Il n’est certes pas utile de pleurer sur le lait renversé mais parfois on peut faire de l’histoire fiction et imaginer ce qu’aurait été notre pays si ce duo Senghor/Dia avait fonctionné au delà de 1963. On ne le saura jamais ! Mais quand on relit leurs propres écrits et quand on voit la complicité qui était la leur, leur complémentarité, on ne peut que dire il est dommage que cet attelage ait été fracassé.

(A suivre …)

Propos rassemblés par El Hadji Gorgui Wade NDOYE, directeur des publications.