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DES ETUDES A L’ETRANGER : POURQUOI FAIRE ?

Publié le, 30 juin 2004 par

Par Ibrahima GUISSE
Sociologue, Représentant permanent de la RADDHO

La finalité universitaire que les étudiants africains assignent à leur projet de départ, n’est pas une finalité unique. Le motif de départ est toujours double ou triple. Au-delà du motif proprement universitaire, peuvent se repérer d’autres motifs légitimes qui sont entre autres, celui de promouvoir sa carrière d’universitaire et de faire l’expérience d’une autre société. Cette dimension que l’on peut désigner « sociétale », peut signifier qu’à travers le choix effectué par l’étudiant de prendre une université d’un pays du Nord comme destination ( Genève), sinon un échec, du moins un rejet du système universitaire déficient de son pays d’origine..


La première motivation née d’un manque de débouchés ou de perspectives pour les diplômés africains. On constate que plus de 70 % des étudiants africains ont, au moins accompli leur cursus universitaire dans leur pays au moins jusqu’à la fin du second cycle. C’est à ce moment que les étudiants africains se réalisent d’un manque cruel de perspectives d’insertion professionnelle qui reste très difficile juste après la fin des études.

C’est ainsi que la migration vers une université européenne ,Genève en l’occurrence, élargit les perspectives du candidat au départ, en ce sens qu’elle renvoie à l’obtention d’un capital universitaire susceptible d’être reconverti sur le marché économique du pays d’immigration ou ailleurs. De telles migrations s’apparentent ou préfigurent ce que les anglo-saxon appellent « skilled migration », ce qui pourrait littéralement se traduire par migration de compétences et ou migration de personnes qualifiées.

Le deuxième type de migration qu’on pourrait qualifier de culturel voire idéologique est plus « représentationnel » que réel. Sa dimension culturelle consiste pour certains étudiants, à considérer leur « aventure genevoise » comme un « accès à la modernité » et l’obtention d’un diplôme est perçue comme quelque chose de « survalorisant » ; qui devrait leur « ouvrir les portes du travail au pays ».

« Eh ! tu sais mon ami, c’est une chance d’être en Europe, surtout en Suisse, un pays très développé et très riche. Tu sais, les diplômes extérieurs sont biens respectés chez nous…, mais malheureusement même avec ça, on ne peut pas trouver du travail quand on rentre, à moins d’avoir quelqu’un qui aide. » (Etudiant Guinéen, Licence mathématiques).

En plus d’une certaine « supériorité » reconnue à la société d’immigration, les sociétés de départ sont dépeintes comme non favorables à la recherche, compte tenu de certaines pesanteurs d’ordre sociologique et politique.

Il serait exagéré de comparer ou d’assimiler les étudiants africains à Kocoumbo, héros du roman autobiographique de Aké Loba. Mais on ne peut manquer de remarquer qu’à la faveur d’une répartition inégale des richesses de la planète, l’Occident a toujours exercé une attraction quasi fantasmatique sur les ressortissants des pays dits « sous-développés ».

« C’est vrai que j’ai toujours rêvé de venir en Suisse. Lorsqu’on était enfant chacun disait, quand je serais grand, j’irais en France, j’irais aux Etats-unis…Moi je connaissais quelqu’un qui fait partie des premiers Guinéens en Suisse. On nous a toujours dit, c’est un pays très propre, où il est interdit de jeter un papier dans la rue, un pays très riche où on garde l’argent des plus riches du monde, cela m’a beaucoup influencé …» (étudiant Guinéen, diplômé en biologie).

S’il est vrai que les facteurs tels que la « recherche du mieux-être », et quelque fois ce qu’il conviendrait d’appeler, le « miroir aux alouettes », exercent une forte attraction sur les étudiants, il demeure que le facteur le plus déterminant pour le choix de la destination Genève est la présence dans cette cité d’une connaissance, soit d’un membre de la famille, d’un ami, d’un camarade ou d’un collègue. Le caractère de ville internationale de Genève incite également les étudiants à y venir pour continuer leur formation dans l’espoir de « travailler dans les institutions internationales ».

Au demeurant, ces facteurs d’attraction sont à rechercher aussi dans le contexte planétaire actuel qui prône l’internationalisation des échanges économiques et la libre circulation des biens et des idées. De ce point de vue, les modèles culturels produits dans les pays riches et véhiculés par des systèmes de communication tentaculaires permettent la création d’un imaginaire mondialisé de recherche du mieux-être. C’est nous semble-t-il, dans ce cadre global et paradoxal de libre circulation des biens matériels, et la volonté politique des Etats de contenir les mouvements des personnes, qu’il faudrait essayer de comprendre les stratégies de vie des étudiants africains à Genève et la question de leur avenir professionnel.