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Anonyme : Épisode 1. Par Oumou Kaltom

Publié le, 06 août 2015 par Mme Oumou Kaltom SOW

Oumou Kaltom anime sur sa page facebook "La chroblog de Oumel".  Continentpremier est heureux de l’accueillir dans sa rubrique Bashò.  Oumou qui évolue plus dans le sectaire bancaire que dans celui littéraire est une grande lectrice et passionnée de la plume. Elle nous parlera ici de plusieurs sujets tout au long des épisodes, des sujets qui sans nul doute trouveront écho en vous. 

 

Anonyme : Épisode 1

 

Un calme serein régnait dans l'appareil qui continuait sa trajectoire pour ramener les pèlerins exténués vers leurs familles. Exténués, ils l'étaient certes. Mais la foi irradiait dans leur cœur et leur procurait une paix intérieure que nul autre voyage n'aurait pu leur fournir. La voix du commandant de bord troubla le silence jusque-là ponctué de quelques ronflements, signes d'un sommeil réparateur bien mérite.

- Nous allons amorcer notre descente sur Dakar; nous vous prions de bien vouloir attacher votre ceinture de sécurité et relever le dossier de votre siège."

Hadja Nafissatou ouvrit les yeux et tenta de regarder par le hublot les toitures des premières maisons. Mais il faisait encore nuit noire, et quelques étoiles certainement perdues sur le chemin du retour, s'attardaient encore dans le ciel. Un sourire se dessina sur ses lèvres à l'idée de retrouver sa petite famille. Papy, Ousmane et Mamichou la petite dernière ne tenaient déjà plus en place, quand elle leur a annoncé la veille son arrivée. Ses enfants lui manquaient terriblement. Elle revoyait déjà leur petit minois fendu d'un grand sourire, et se préparait aux millions de questions qu'ils lui poseraient. Les enfants sont un cadeau que Dieu confie à nos bons soins et Il peut les reprendre à tout moment. Ces derniers temps, sa petite tribu a constitué pour Nafi sa seule force, sa raison de vivre. En toute honnêteté, elle ne sait pas ce qu'elle serait devenue sans leur affection, leurs petits bobos et surtout l'attention constante qu'ils exigent.

L'avion venait de toucher terre doucement, malgré quelques secousses. L'intérieur de l'appareil se transforma en une sorte de fourmilière toute de blanc vêtue, où les locataires s'affairaient fiévreusement à récupérer et porter leurs bagages. Tout ce petit monde s'ébranlait vers la sortie de l'avion, frappé de plein fouet par le vent glacial de ce matin de Novembre. Les pèlerins rejoignaient prestement les hangars aménagés pour les besoins du pèlerinage à la Mecque. Après les formalités d'usage accomplies, ils allaient enfin pouvoir serrer les membres de leur famille dans leurs bras. Malgré sa joie, Nafissatou était quand même très anxieuse. Cheikh, son époux, devait l'attendre à la sortie. Au vu des derniers événements ayant précédé son voyage, et depuis déjà presqu'un an, la situation était très tendue entre eux. Où était donc passée cette complicité que leur enviait tant leurs amis? Cette télépathie qui faisait que l'un comprenait, voire ressentait les pensées de l'autre avant même que celles-ci ne soient clairement conçues par son esprit? Avaient-ils perdu cette précieuse? Cheikh avait radicalement changé. Ou bien était-ce elle? Nafi espérait y voir plus clair avec ce voyage. Trouver les questions aux réponses alambiquées qui s'offraient à l'évidence? Quel paradoxe de la vie! Voilà toutes les interrogations qui s'entrechoquaient dans sa tête, pendant qu'elle était à la recherche de son mari.

- Bonjour ma Hadja! J'espère que tu as fait un bon voyage!

Nafissatou se retourna et se retrouva nez à nez avec Cheikh. Grand et svelte, teint très foncé, Cheikh était très élégant dans sa tenue "demi saison" en basin blanc. Une barbe en forme de "O" ornait sa bouche aux dents blanches et serrées, qui affichait un sourire hésitant. Il était tout aussi anxieux et appréhendait le retour de son épouse. Pendant son absence, leurs conversations téléphoniques tournaient uniquement autour de leurs enfants, laissant un vide de plus en plus grandissant. Mais le savait-elle?

Tiens, elle n'avait pas remarqué que ses tempes commençaient à grisonner. Nafissatou lui rendit son sourire. Elle était heureuse de revoir son mari mais un sentiment indescriptible lui étreignait le cœur et assombrissait légèrement le ciel de ces retrouvailles. De ces sentiments qui flottent dans l'air, annonçant une pluie fine qui cache un orage.

- Oui! Merci, tout s'est très bien passé Mach'Allah! Et les enfants? Ils sont avec toi?

- Grands Dieux non! Ils sont complètement surexcités et n'ont pas fermé l'œil de la nuit, empêchant d'ailleurs tout le monde d'en faire autant. Je les ai laissés chez ma mère jusqu'à ce soir, pour que tu puisses te reposer un peu. Allez, rentrons à la maison.

Ils se dirigèrent vers la sortie du hangar et rejoignirent le véhicule dans le coffre duquel Cheikh déposa les bagages de son épouse. Ils devront revenir plus tard pour récupérer les autres valises et colis envoyés plus tôt par freight. Un silence gêné s'installa pendant que la voiture se dirigeait vers la maison. Rien ne vaut son chez soi! Personne n'était prévenu de son arrivée. Elle allait donc pouvoir être au calme le temps que la nouvelle se diffuse toute seule, tel le parfum de l'encens savamment distillé par la cendre chaude. Une douche! Bien chaude! Après avoir rallumé son téléphone portable qui attendait depuis lors son retour au bercail, Nafissatou se précipita dans la salle de bain et accueillit avec un plaisir non dissimulé, le jet d'eau tiède qui s'abattait sur son corps, cherchant à quérir tout le bien être qu'il pouvait offrir.

La sonnerie insistante de son téléphone rompit le charme qui l'envoûtait déjà. Ses pas mouillés laissant des auréoles furtives sur le sol, Nafissatou se précipita dans sa chambre et se saisit de son téléphone, étonnée. Qui pouvait bien l'appeler aussi vite?

- Allo?

- Nafissatou Diop?

- Oui, elle-même.

- Bienvenue Hadja!

- Merci beaucoup, mais qui est à l'appareil?

La voix éclata d'un rire moqueur et lui répondit avec mépris :

- Oh ça ma chère ne te presse pas, tu le sauras bien assez tôt!

Nafi regardait l'appareil, complètement ébahie! À l'autre bout du fil, la tonalité entrecoupée signifiait la fin de cette conversation, ô combien étrange. Un "Numéro Inconnu" était à l'origine de l'appel. Nafi haussa les épaules et retourna sous la douche. C'était sûrement une erreur.

La télévision du salon diffusait les premières informations du matin. Les soldats d'Ansardine venaient encore de faire parler d'eux dans le Nord Mali, en fouettant en public un homme et une femme qui avaient commis le sacrilège de mettre au monde un enfant hors des liens sacrés du mariage. Tout ceci au nom de l'Islam, leur islam. Barack Obama était suivi de près par Mitt Romney, dans les sondages en prélude aux élections présidentielles américaines. Une tasse de café froid était posée sur la table basse, à côté d'un paquet de Marlboro light sérieusement entamé. Cheikh regardait les images défiler sur le petit écran, sans les voir.

- Nafi et moi devons avoir une discussion sans plus tarder, pensa-t-il.

- Non, je vais encore prendre le temps d'y penser! Décida-t-il.

On le sait bien, le courage n'a de masculin que l'article défini qui le précède. Où sont donc passés les descendants de Lat Dior Ngone Latyr, Alboury Ndiaye et Maba Diakhou? La race des hommes intègres, dont le "jom" et le "fit" ne faisaient aucun doute s'était-elle éteinte avec la mort de nos aïeuls?

Cheikh se leva brusquement, avala son café froid en grimaçant et sortit de la maison. Il avait besoin de fuir les pensées coupables qui l'assaillaient. Comment avaient-ils pu en arriver là? Le moteur de la voiture s'emballa brusquement, sortant celle-ci du garage de la belle villa de la famille Ndiaye. Cheikh roula longtemps au hasard des rues, incertain quant à la direction à prendre. Tout d'un coup, il donna un brusque coup de volant et prit à gauche. "C'est beaucoup plus simple ainsi", pensa-t-il.