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RÉSOLUTION GÉNÉRALE DU COLLOQUE DE DAKAR SUR UN NOUVEL ÉLAN INDUSTRIEL  du 22-24 avril 2014.

Le Laboratoire d’Analyse, de Recherche et d’Etude du Développement et l’Association Sénégalaise des Economistes-Ecole de Dakar mènent depuis quelques années différentes recherches sur l’industrialisation de l’Afrique et du Sénégal.

À grands traits, historiquement l’industrie a produit cinq (05) séries d’effets qui font qu’elle est désirée et considérée comme une variable essentielle du processus de transformation des forces productives matérielles et humaines. Ces séries d’effets se résument comme suit :

1.    l’accroissement de la productivité du travail et de celle des autres  secteurs de l’activité économique ;

2.    la valorisation des ressources naturelles conformément aux besoins des autres secteurs. De ce fait, l’industrie devient la source d’importantes économies externes ;

3.    la formation et l’accroissement du capital productif national. Le processus d’industrialisation est largement générateur de surplus financiers qui peuvent être réinvestis pour accroître les capacités intra-sectorielles de production (investissement autonome) ou transférés vers d’autres utilisations productives.

4.    la création et à l’affermissement du marché national, c’est-à-dire que l’industrie ne peut exister sans élargir la sphère de la circulation des biens et briser les barrières régionales. De fait, elle contribue ainsi à la création d’une infrastructure de base.

5.    l’industrie accroît et diffuse la technologie et devient ainsi un vecteur d’élargissement du potentiel scientifique et technique, un amplificateur du savoir faire.

 Ces effets attendus justifient la mise en place de politiques industrielles qui, en dernière instance, permettent non  seulement une amélioration de la productivité globale et des aptitudes techniques, mais aussi une valorisation ou une exploitation conformément aux besoins de l’activité économique des ressources naturelles. C’est dire que l’industrie crée plus d’emplois que toutes les activités sectorielles, génère des revenus plus substantiels, contribue à la diversification et à la modernisation de l’économie par la diffusion du progrès technique, par la formation des hommes et par les effets d’entraînement sur les autres secteurs économiques.  Pour cela, l’industrialisation doit être le pivot de l’émergence économique et social.

 Le monde des chercheurs, des Institutions internationales de régulation et de coopération (l’ONUDI, la CNUCED, la CEA et l’UA notamment) ainsi que les décideurs politiques ont  désormais pris conscience de la fonction motrice de l’industrie dans la croissance et la création d’emplois et de la nécessité de soutenir son offre de production domestique. A titre d’illustration, le déficit industriel représente l’une des causes de la fragilité de la croissance et de l’insuffisance de l’emploi en exemple entre 1985 et 2009, la part de l’Afrique dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale est passée de 6.2% à 3.3% alors que cette même part est passée de 47% à 74.2% pour les pays d’Asie. Parallèlement, le chômage des jeunes a oscillé entre 18 % et 35% en moyenne au cours de la dernière décennie en Afrique alors qu’il a varié seulement entre 3% et 5% en moyenne en Asie du Sud.

Au moment de l’indépendance, le Sénégal possédait l’industrie manufacturière la plus développée d’Afrique occidentale. L’industrie a été, par la suite, érigée comme secteur prioritaire dans la stratégie du développement économique et social. L’objectif majeur était de mettre en place des capacités physiques de production industrielle susceptible non seulement de garantir l’autonomie économique nationale mais aussi de valoriser les matières premières d’origine agricole et minière afin d’en tirer le maximum de valeur ajoutée et de création d’emploi.  Cette politique était organisée autour de quatre pôles : le pôle de l’industrie minière (chimie, ciment, phosphates et fer du Sénégal-oriental), le pôle industriel de valorisation de la façade maritime (réparations navales, pêche industrielle et artisanale, etc.), le pôle des industries agro-alimentaires (huilerie, savonnerie, etc.) et le pôle des industries touristiques (création des zones d’expansion touristique autour du tourisme balnéaire et du tourisme d’affaires, etc.).

L’Etat, par son secteur public, était le principal promoteur et gestionnaire des différents sous secteurs du système industriel. Cette imposante structure industrielle était placée à l’abri de la concurrence internationale par une réglementation rigoureuse de protections tarifaires et non tarifaires.

Toutefois, l’avènement de chocs externes dus à la récession mondiale et des cycles répétitifs de sécheresse ont contraint le Sénégal à s’engager dans un long cycle d’ajustement structurel qui va entrainer un démantèlement du secteur industriel au nom de la libéralisation : plus d’une centaine d’entreprises ont été ainsi liquidées, privatisées ou restructurées. Aucune étude ni programme de réhabilitation ou de sauvetage n’a été entreprise. Pour juguler les dites contres performances, le gouvernement, sous contrainte d’ajustement structurel, adopte en 1986, la Nouvelle Politique Industrielle (NPI) qui est le nom donné au Plan d'actions destiné à désengager l'Etat du secteur productif, à  supprimer les protections tarifaires et non tarifaires en vue de renforcer la compétitivité et promouvoir des produits à haute valeur ajoutée. Ces mesures devaient améliorer la compétitivité extérieure et intérieure de l’économie, diversifier les exportations vers les produits manufacturés, encourager l’investissement privé et assouplir la législation du travail. 

 Cependant, seules les mesures relatives à la protection tarifaire ont été appliquées conformément au calendrier initial, ce qui a finalement réduit la NPI à une simple réforme du système de protection tarifaire. De plus la NPI a échoué en raison notamment du manque de crédibilité du programme de réforme, le brusque passage à une politique de déprotection tous azimuts, la non-association du secteur privé à la définition des actions de réforme. La dévaluation intervenue en 1994 n’a pas non plus réussi à absorber les nombreux problèmes structurels (difficultés du secteur bancaire et coût excessif des facteurs).

 Depuis l’échec de la NPI, les programmes industriels se sont succédés sans succès. Les diverses interventions ont montré, qu’aujourd’hui, il apparaît nettement que d’importantes opportunités s’offrent pour une stratégie d’industrialisation qui soit, avec l’agriculture, les pôles moteurs de la croissance économique et sociale donc de l’émergence.

Pourtant, le Sénégal dispose des atouts de taille qui permettent de bâtir une politique industrielle :

1.    des institutions démocratiques fortes, une législation appropriée débouchant sur un climat des affaires incitatif, lisible et prévisible et un partenariat public-privé qui bénéficie d'un système d'incitation et qui possède à son actif plusieurs projets.

2.    une dotation en ressources agricoles et minières faiblement exploitées, malgré l’existence d’un sous-secteur agroindustriel

3.    une position géostratégique qui place le pays au cœur des enjeux internationaux,

4.    une population jeune et des ressources humaines qualifiées,

5.    un cadre macroéconomique assaini capable d’entretenir la croissance économique déjà appréciable depuis plus d’une décennie,

6.    un réseau d’infrastructures de transport et de télécommunication,

7.    un engagement fort dans l’économie régionale, notamment l’UEMOA et la CEDEAO,

8.    un partenariat dynamique avec tous les pôles de puissance de l’économie mondiale.

Quels pourraient être les contours et les priorités d’un nouvel horizon industriel sénégalais? Comment financer l’indispensable effort d’investissement, d’innovation et de formation pour restaurer et rester compétitif  dans ce secteur? Quelles sont les institutions les plus innovantes pour approfondir et accélérer le rythme de l’industrialisation sénégalaise ? Comment positionner l’outil productif dans l’espace régional ?

Ce sont quelques questions fondamentales auxquelles le Colloque a tenté de répondre dans le cheminement d’une trajectoire vers l’émergence économique qui a exigé partout où elle a été appliquée en Asie et en Amérique Latine : Premièrement un Etat organisateur qui mobilise et oriente tous les acteurs. On a parlé d’un « Etat pro » c'est-à-dire Producteur, Promoteur, Programmeur et Prospecteur. Avec son administration, il doit être une machine efficace et équité d’impulsion de la création des richesses. C’est un Etat libérateur des énergies et des talents. Deuxièmement des options macroéconomiques et macro financières qui tournent autour des réformes et de l’ouverture. Cela devrait amener le contrôle et la surveillance de l’inflation, de la monnaie et des déficits internes et externes. Troisièmement l’Elaboration de nouvelles stratégies sectorielles dont le pivot est le secteur industriel et enfin quatrièmement la parfaite mise en synergie de tous les acteurs avec un  partage des rôles  entre eux : Qui fait quoi et pour Quelles externalités positives ?

Les différentes réponses peuvent se résumer à travers les points qui suivent qui peuvent se traduire en recommandations:

 

Premièrement : Mettre l’industrie au cœur des stratégies publiques et en faire un  préalable à la réalisation d’une croissance économique inclusive et durable.

 

Dans le cadre d’une nouvelle stratégie de développement pour l’émergence économique, il importe d’abandonner le mythe d’une société capable de s’auto-réguler  par les seules forces du marché. En effet, dans l’histoire, les sociétés humaines ont cherché à définir des normes et des institutions dont la fonction essentielle réside dans la régulation des intérêts contradictoires. L’Etat est de ce point de vue l’institution de régulation économique et sociale la plus importante. Il doit assurer la stabilité macroéconomique, lutter contre la pauvreté de masse, le chômage et les différentes précarités, il doit rechercher l’équité à travers les dépenses publiques et la fiscalité et élever les niveaux d’éducation et de santé de la population. Il doit investir massivement dans les infrastructures de base, routières, énergétiques et hydrauliques qui constituent des externalités positives pour l’ensemble de l’économie nationale. L’Etat doit jouer un rôle en matière d’organisation de la concurrence tant interne qu’externe, encourager et aider les entreprises à améliorer leur compétitivité et leurs performances. C’est de la sorte que l’Etat crée et organise une économie compétitive et une société ouverte.

Au demeurant, l'Etat doit mettre en œuvre, en accord avec le secteur privé, une stratégie de développement industrielle basée sur des outils économiques (contrôle du taux de change, niveau de protection, paramètres de productivité et compétitivité, etc.), mais aussi sociaux (développement du système éducatif adéquat et de formation des compétences, politique sociale etc.) et institutionnels (de nouvelles formes innovantes d’organisation de l’économie nationale).

En conséquence, il importe d’abord de réajuster les différents programmes du gouvernement notamment la Stratégie Nationale de Développement Economique et Sociale, la Stratégie de la Croissance Accélérée,  le 12ème Plan de Développement économique et social et le Plan Sénégal Emergent. Il s’agit ensuite, de définir des objectifs-cibles clairs et précis ainsi que les moyens adéquats et judicieux de leur mise en œuvre et enfin, de réorganiser la coexistence de plusieurs systèmes de pilotage et de régulation souvent antinomiques et de recentrer les priorités autour des deux pôles moteurs que sont l’industrie et l’agriculture. 

Deuxièmement : Créer des pôles régionaux de développement pour fortifier la décentralisation et exploiter les potentialités industrielles des terroirs.

Pour cela la politique de décentralisation doit s’appuyer sur un schéma créatif d’aménagement du territoire  qui se fonde sur les dotations factorielles des terroirs et les compétences collectives locales. Il importe alors de répertorier les facteurs déterminants de l attractivité des territoires : dotations factorielles naturelles, qualité des infrastructures, qu’il s’agisse des réseaux de transport et de communication ou bien des réseaux de distribution d’eau et d’énergie, la capacité des collectivités locales à maintenir ou créer un cadre favorable, la qualité de la main d’œuvre.

 Cette approche régionale, devra reposer sur la mise en place d’infrastructures et d’équipements structurants permettant la disponibilité de l’eau, de l’énergie, des voies de communication, des infrastructures de stockage, des écoles, des centres de santé.

Elle appelle alors

·      la mise en place, en relation avec les collectivités locales, de dispositifs de promotion des structures d’encadrement décentralisées ;

·      la promotion des incubateurs de PME/PMI au niveau régional pour l’exploitation des potentialités;

·      l’extension, la fortification et l’aménagement de parcs et domaines industriels et artisanaux au niveau régional et départemental en engageant en conséquence la réforme du cadre législatif et réglementaire existant ;

Cette configuration de la décentralisation renvoie aux économies de district et d’économies d’agglomération qui insiste sur la dimension spatiale du territoire au sein de laquelle se forme une forte synergie relationnelle de production et  d’échange entre plusieurs acteurs. En conséquence, l’Economie spatiale va relier désormais, la géographie, l’économie et le droit mais en même temps le local, le régional et le global.

Troisièmement : Rendre le secteur privé dynamique et motivé pour exécuter la stratégie pertinente d’industrialisation.

 Le rôle et la place de l’entreprise sénégalaise dans l’émergence économique est essentiel et déterminante. Elle doit être mise dans une logique de création de richesses et des emplois. Pour cela, il faut une politique systématique de promotion des PME, PMI et TPE. En effet, il faut rompre avec cette idée fausse mais répandue que les pays africains doivent rentrer dans la « modernité industrielle » par le chemin de la grande entreprise. Cette idée est historiquement fallacieuse car les pays industrialisés ont construit leur développement à partir de la ramification de plus en plus dense de petites activités de production et de commerce souvent «au ras du sol ». Il en a été de même en Asie de l'Est, comme en Amérique Latine. La véritable épine dorsale de l'économie européenne est constituée de PME qui présentent 99 % des entreprises, fournissent deux tiers des emplois dans le secteur privé et génèrent plus de la moitié de la valeur ajoutée créée.

 Au Sénégal, selon une étude récente réalisée par la Direction des PME, le secteur privé est composé d’une mosaïque d’entreprises et d’entrepreneurs où cohabitent d’une part un secteur moderne structuré et d’autre part un secteur de l’économie populaire, principalement urbaine, communément appelé informel peu structuré au niveau de l’organisation interne des entreprises qui le composent. Selon certaines estimations, le secteur informel représente environ 60% du PIB, emploie 90% de la main d'œuvre et génère un cinquième des investissements. Bien que constituent plus de 90 pourcent du tissu économique, il ne contribue que pour moins de 33 pourcent à la croissance et au chiffre d’affaires.

         a) Les contraintes au développement des PME

Les contraintes les plus importantes sont relatives à la technologie et au crédit. Les besoins de financement des PME sont énormes et ne sont couverts qu’à hauteur de  60% par le SFD. A ces contraintes s’ajoutent deux de nature technique à savoir l’état des infrastructures de base, les coûts élevés de certains facteurs ainsi que les coûts de transaction et l’absence de qualification du personnel.

Les PME et PMI placées au cœur des mutations, doivent savoir concevoir et produire dans des conditions de flexibilité, de qualité, de coûts et de délai. Cela devrait imposer quatre types de flexibilité : la flexibilité financière, la flexibilité technique, la flexibilité fonctionnelle visant une polyvalence accrue dans l’activité et la flexibilité numérique. Ce sont ces caractéristiques qui permettront l’exploitation des options définies dans le PSE notamment la réalisation du Hub logistique et industriel à travers deux (02) ou trois (03) plateformes industrielles de taille significative, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire, du textile-confection et des matériaux de construction.

         Pour ce faire, il importe de créer des organes nationaux de promotion de l’entreprise privée avec une double fonction :

·      une fonction d’identification et de préparation de projets, de recherches de partenaires financiers et techniques et de prise de participation directe au capital de l’entreprise

·      une fonction de bureau d’ingénierie chargé de réaliser pour les operateurs économiques nationaux toutes les études techniques nécessitées par leur politique d’investissement et de transfert technologique, d’évaluer et de contrôler toutes les opérations liées à l’exécution des projets.

 

b) L’Instauration d’une politique fiscale et douanière incitatrice pour le secteur industriel

 

Les politiques économiques des années soixante dix croyaient découvrir, dans le recours systématique aux investissements privés directs étrangers, un moyen pour amorcer et accélérer la croissance. Dans ce sens, les codes d’investissement seront élaborés et publiés comme une sorte d’appel d’offres à des détenteurs extérieurs de capitaux à qui des conditions fiscales et douanières sont offertes qui ouvrent des perspectives de coûts plus faibles et des marges plus fortes et plus durables.

Cette législation incitatrice, de désarmement fiscal et douanier n’a point concerné l’entreprise privée nationale qui pourtant peut contribuer plus efficacement que l’entreprise étrangère à la valorisation des matières premières locales, à la résorption du sous-emploi et à la génération de surplus pour le financement d’autres activités. Il importe donc d’élargir les avantages et concessions aux entrepreneurs nationaux.

 

c) La mise en place de structures de formation professionnelle et de perfectionnement

 

Le volet formation est très important pour les entrepreneurs appelés à évoluer dans des univers extrêmement mouvants et caractérisés par l’existence d’une concurrence de plus en plus vive. Les opérateurs doivent être techniquement préparés pour une meilleure maîtrise de la gestion et de l’administration de leurs affaires.

De tels objectifs peuvent être atteints par des stages de perfectionnement, des recyclages et des séminaires qui peuvent contribuer à l’amélioration du niveau de qualification professionnelle.

 

d) Mettre en place des formes innovantes d’organisation : clusters et pôles de compétitivité

De nombreux obstacles au développement et à la croissance des PME résultent de leur isolement : individuellement, les PME ont des difficultés à réaliser des économies d’échelle sur les intrants, à mettre en place une division efficace et spécialisée du travail, ainsi qu’à internaliser des fonctions telles que la formation du personnel, la veille sur le marché, l’innovation technologique ou la logistique. Le développement d’une collaboration des PME entre elles, ainsi qu’entre les PME et les institutions locales, leur permet de mieux faire face à ces problèmes. Cela établit le lien entre le local, le national et l’international.

Les ressorts de l’avantage compétitif des clusters reposent sur la spécialisation, la coopération et la flexibilité : le développement d’un cluster s’accompagne d’une spécialisation accrue des compétences techniques des ressources humaines locales. Les infrastructures et les instituts de formation au sein du cluster se spécialisent fortement. Le savoir-faire accumulé au niveau local est la principale motivation des entreprises qui viennent s’installer.  Cela nécessite disponibilité des ressources mais aussi flexibilité des entreprises.

Quatrièmement : Mobiliser des financements internes et externes des investissements industriels avec la mise en place d’une politique de crédit et de financement des investissements des opérateurs nationaux.

Le développement des entreprises nationales dépend  pour une bonne part de l’existence d’établissements financiers capables de fournir  au secteur privé les crédits dont il a besoin. Cela est d’autant plus nécessaire que les entreprises souvent familiales sont caractérisées par la faiblesse des capitaux propres. La politique de crédit doit combler  cette déficience et permettre à l’entreprise de disposer de capitaux à travers un système bancaire approprié, des caisses de garantie et autres fonds renouvelables.

C’est dire que la politique monétaire et de crédit doit agir principalement sur l’offre de liquidités et pour cela, il faudra réaménager, réformer le système bancaire et de crédit dont les vocations primaires étaient très éloignées des préoccupations de financement du développement et des activités productives. Ces carences transparaissent très nettement dans le taux effectifs appliqués et dans les garanties exigées aux entrepreneurs nationaux et qui sont trop nettement dissuasifs. Dans un tel contexte, il est illusoire de voir émerger une bourgeoisie nationale dynamique.

Il faudrait créer et mobiliser, dans des structures appropriées, toute l’épargne des ménages et de sociétés et les ressources budgétaires pour alimenter deux catégories d’institutions de financement :

·      Les fonds d’investissement et de garantie qui élargissent les capacités de crédit des opérateurs économiques ;

·      Les fonds de bonification d’intérêts qui rendent l’argent bon marché et encouragent, en conséquence, les investissements productifs.

A vrai dire, de tels fonds ne constituent pas une nouveauté en Afrique de l’ouest, certains pays les ont expérimentés depuis quelques années mais malheureusement ont obtenu des résultats très minces pour des raisons diverses.

Cependant, toutes ces mesures de réforme des structures et de la législation bancaires, de création de nouveaux organes de financement ne peuvent produire des résultats positifs que si elles sont intégrées dans une politique financière et de crédit intégrée et cohérente.

Cinquièmement : Repenser complètement le système éducatif, la recherche développement et les innovations technologiques. Avoir une bonne formation dans les filières techniques et professionnelles.

Pour y arriver il importe de réformer l’ensemble du système éducatif et de formation en l’articulant au système productif l’objectif est d’avoir une bonne formation dans les filières techniques et professionnelles. En effet, les entreprises sont vouées à innover sans cesse pour, modifier en profondeur le paysage productifs. Elles doivent être appuyées par une politique de recherche pour exploiter les grappes d’innovation radicales qui offrent des perspectives d’une meilleure compétitivité. En conséquence, il faut aider à développer toutes les opportunités qu’offre la nouvelle économie du savoir axée principalement sur les TIC.        

Lorsque les PME/PMI sont organisées en clusters ou en pôle de compétitivité dans des districts industriels le lien est facilement réalisable avec le monde  de la production des savoirs notamment les universités, les centres de recherche et les laboratoires. On peut penser aux « districts industriels » italiens ou aux clusters comme la Silicon Valley en Californie

Sixièmement : Agir au niveau des Communautés Régionales d’intégration par une exécution des Projets intégrateurs et la promotion de l’entreprise privée nationale

Face à la mondialisation, il faut penser et actionner les politiques industrielles dans l’espace régional d’intégration. La sous-région ouest africaine constitue un marché désormais potentiel en voie d’unification aussi bien du point de vue de l'offre que de la demande. Elle est le niveau pertinent pour articuler les politiques industrielles nationales. Dans ce cadre les Etats doivent définir de véritables politiques et stratégies industrielles de long terme, favoriser la transparence des transactions sur les patrimoines nationaux (contrats de concessions, partenariats public/privé, contrats d’exploitation des ressources naturelles…). Il importera alors de réactualiser et d’unifier les deux Programmes que sont la PIC de l’UEMOA et la PICAO de la CEDEAO.

Les Etats en isolement sont totalement impuissants à élever le niveau de forces productives matérielles et humaines et surtout à édifier des systèmes économiques performants capables d’avoir une conjoncture autonome. Dès lors, les stratégies du développement doivent s’inscrire dans une problématique de création d’un ordre régional ouest africain qui garantisse une libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes. Les entreprises nationales devront être les vecteurs de ce processus intégrateur qui leur ouvre des horizons nouveaux en élargissant leurs marchés nationaux étroits.

De même ce processus peut leur procurer des partenaires pour une mise en commun des capitaux propres et une exploitation de toutes les opportunités de développement. C’est de la sorte que l’on pourra bousculer le cloisonnement des marchés nationaux et créer de meilleures conditions d’intégration des systèmes productifs et des entreprises privées. Ainsi, le régionalisme sortira des vœux pieux pour modifier les ordres économiques internes, rationnaliser les potentiels de production et mettre en place des unités économiques de dimension optimale. La libre circulation cessera alors d’être une simple commodité.

L’Etat doit vigoureusement soutenir ces tendances à l’intégration au double plan institutionnel et financier et favoriser le déploiement et la valorisation régionale des entreprises nationales.

En conclusion les diverses interventions des participants ont établi, sous des angles d’analyse théoriques comme pratiques que les nouveaux chantiers de l’émergence  doivent placer l’industrie au cœur des stratégies. Le changement et les mutations c’est maintenant. Ils doivent  s’appuyer sur le rôle de l’industrie comme locomotive pour l’économie à cause de ses importants effets multiplicateurs en ce  qu’elle fait travailler plusieurs secteurs, en ce qu’elle est génératrice d’emplois et de revenus, du fait qu’elle est à l’origine des efforts de recherche et le moteur de l’innovation et enfin en ce qu’elle joue un rôle dominant dans les échanges extérieurs.

Dès lors,  les enjeux se ramènent: d’abord à systématiser les visions, les orientations et les mises en œuvre, ensuite à impliquer tous les acteurs et partenaires du secteur privé, des universités, des organisations syndicales et à opérer une meilleure gestion des ressources humaines et des compétences. 

                            Fait à Dakar le 24 Avril 2014