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GOANA, vers un idéal de développement territorialisé et global

Publié le, 27 juillet 2010 par Boubacar BA

De la crise alimentaire aux malaises du monde rural en passant par le chômage massif dans les centres urbains, ce sont cinquante années de développement économique et social du Sénégal et de l’Afrique qui se trouvent ainsi auscultées. Des succès sont certes réalisés, mais tout le monde s’accorde qu’ils sont insuffisants à notre bonheur. D’où l’urgence des prochaines années et notamment d’une question : comment cultiver l’avenir du monde rural au Sénégal afin que celui-ci soit le fondement d’un développement économique endogène et ouvert sur le monde ?


La crise alimentaire mondiale, c’était l’année dernière. Moi, je dirais c’était plutôt toutes ces années derrières nous. Tous les grands médias du monde en avaient fait leur une. Quelques sommets furent organisés ici et là. Des manifestations, appelées honteusement émeutes de la famine, se passèrent ici et là dans quelques capitales de pays pauvres. Dans ce cortège, de bons esprits, surtout des altermondiaux humanistes du moment, portèrent la clameur des ventres vides dans les salons feutrés du système marchand. Une année plus tard, notre responsabilité reste interpellée. Nous avons l’obligation de nous interroger sur les résultats de toutes ces agitations, serais-je tenté de dire. Concrètement, qu'est-ce qui a été fait ? Qu’ont fait les institutions habilitées ? Qu’ont fait les États concernés ? Pour finir, la question essentielle, la famine a-t-elle régressé ? Peut-être avions-nous tort d’être sceptiques à l’époque ? Ce sont autant de questions qu’on doit raisonnablement se poser aujourd’hui.
Malheureusement, je dirai d’emblée, sans glorification aucune, que notre scepticisme était bien fondé. Les marqueurs de la famine persistent. Ils sont là, autour de nous. Le calvaire des personnes souffrantes de famine, de malnutrition et de sous-nutrition et de celles qui en meurent continue. Pire, rien n’indique qu’il devrait s’estomper. En effet, à la lumière des nouvelles statistiques de la FAO et de la Banque mondiale, le fléau sévit encore, et pire la famine (cf. illustration de la hausse des prix alimentaires depuis 2002). Les prix alimentaires qui avaient augmenté de 35 % entre janvier 2007 et janvier 2008 n’auraient pas baissé. L’envolée de 65 % demeure et la Banque mondiale d’enfoncer le clou en nous annonçant récemment que les prix alimentaires avaient augmenté de 83 % depuis 2007. Ce phénomène honteux concerne tous les continents, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine étant les plus affectés. Mais dans ce cercle de continents où les populations ne dînent pas quand elles le veulent, le continent africain présente visiblement la situation la plus préoccupante. Des tentatives de sortie de crise ont été prises, mieux elles ont été mises en œuvre ici et là.
Pour sa part, le Président de la République du Sénégal avait sonné l’alerte et avait invoquait une solution hardie et révolutionnaire. Mais probablement, le fait d’avoir accusé les institutions onusiennes d’inefficacité absolue sur la question a brouillé son message et du coup en avait limité la portée. Il avait, on s’en souvient, pointé un doigt accusateur – à juste raison - sur les grandes institutions spécialisées sur l’agriculture et l’alimentation et sur les effets contre-productifs de l’Aide alimentaire. Le président Wade avait raison. Il avait raison de contester non la pertinence, mais l’utilité de la FAO et de dénoncer l’obsolescence de l’Aide alimentaire. Cette diatribe de Maître Wade posait justement la question de l’adaptabilité et des capacités de ces organismes à résoudre les problèmes alimentaires. Je me propose de revenir sur la question dans ma prochaine contribution. En même temps qu’est-ce qui est fait dans nos pays face à ce problème ?
Si je reviens à la crise alimentaire, c’est parce que je suis de ceux qui pensent qu’elle n’était pas une véritable crise, encore moins pour le Sénégal. Elle était plutôt l’expression de l’essoufflement d’un système marchand et d’une approche du fait alimentaire, en l’occurrence la sécurité alimentaire, par le marché. Donc, pour le Sénégal, ce qui était nommé crise ne l’était pas du tout. Il s’agissait surtout, et encore, d’un problème structurel récurrent de l’économie et de l’agriculture du pays dont les dysfonctionnements rendent, par moment, extrêmement difficile la satisfaction des besoins alimentaires. La source de ce problème structurel est évidemment lointaine. On pourrait la chercher dans la colonisation, mais personnellement après cinquante années de souveraineté, il me semble que nous devrions désormais assumer nos erreurs. C’est pourquoi, les causes aux problèmes alimentaires de notre pays, je les situe plus dans les choix économiques et alimentaires du pays depuis notre indépendance. Je pense que le manquement le plus important, c’était celui de n’avoir jamais pensé l’économie, la question alimentaire et l’aménagement du territoire comme un système global. La structure de production économique, malgré les changements introduits au fil des années, est demeurée une structure typiquement rentière, figée dans des parallélismes qui interdirent et interdisent encore toute synergie, empêchent un ancrage territorial ; et ce faisant expliquent que les populations, urbaines et rurales, n’ont jamais pu disposer de solutions convenables et durables à leurs problèmes alimentaires. En revanche, il s’agit d’une structure extrêmement poreuse, sensible aux vicissitudes climatiques et au marché international comme le témoignent si clairement les pénuries observées actuellement à travers le pays. Avec une telle structure, il conviendrait de dire que quelles que soient les politiques préconisées, et leur efficacité et leur impact sur les populations seront toujours subordonnés à la forme d’organisation qui sera choisie sur la totalité du territoire national.
Il s’agit là d’une perspective territoriale innovante pour la satisfaction des besoins alimentaires et plus généralement du développement du pays. A mon avis, elle pourrait être envisagée avec la GOANA, celle-ci étant vue, conçue et mise en œuvre comme un macro-outil et une macro-technostructure avec lesquels chaque portion du territoire sera mise en valeur compte tenu des spécificités socioéconomiques et écologiques locales. Mais je me précipite d’ajouter à la condition qu’elle soit, cette GOANA, articulée à une administration territoriale repensée et réadaptée aux conditions actuelles de développement.
Dans le cadre d’une nouvelle administration territoriale, il faudrait qu’elle soit génératrice d’espaces pertinents de production, de commercialisation et consommation alimentaire. Pour ce faire, deux à trois mesures me paraissent nécessaires à prévoir. Dans un premier temps, et le Président Wade en avait parlé il y a quelques années, il faut aider les communautés paysannes à se doter de structures modernes de participation aux prises de décision. Les organisations syndicales en seront une composante, mais aussi il faut penser à créer des organismes capables de contribuer à valoriser la production agricole dans sa toute sa diversité. Et dans ce sens, le développement d’une économie sociale innovante axée sur la coopération rurale (fondée sur l’actionnariat) et un maillage territorial systémique et graduel pourrait être un outil efficace aux mains des paysans pour faire face aux banques et aux commerçants. Acteurs conscients et formés, les coopératives et les syndicats ruraux seront à même de discuter avec les autres pouvoirs publics et privés sur les choix de production, les prix, l’accès au crédit et aux intrants, mais aussi d’organiser les sessions de formation sur par exemple les itinéraires de production et sur la gestion des marchés. Il s’agit là du deuxième préalable à une véritable autosuffisance alimentaire et mieux à la réalisation des conditions de sécurité alimentaire satisfaisantes sur l’ensemble du territoire. Le troisième préalable auquel l’on devrait travailler, c’est celui de définir une sorte de convergence des défis, des enjeux, des objectifs et des moyens pour y aller. Dans ce sens, la GOANA deviendrait une dynamique, donc un outil adaptable, à travers laquelle, périodiquement est défini un Pacte rural de développement des territoires.
La population rurale est certes la plus importante du pays (65 %), mais elle doit aller dans le sens de nourrir la population urbaine, et non l’inverse. Si elle y arrive, la GOANA aura ainsi renouvelé la ruralité sénégalaise et aidé le Sénégal à structurer sa population rurale au service du développement économique du pays. Elle aura aussi mis fin au cercle vicieux du système alimentaire actuel qui n’a cessé depuis cinquante ans de creuser le déséquilibre de la balance commerciale du pays.
Si l’on pouvait au lendemain du cinquantenaire se réveiller dans un pays où la question de la production de nourriture, son accès et sa disponibilité n’est plus liée au marché international, mais à des dynamiques endogènes, avec des effets multiplicateurs, l’on pourrait dire que le Sénégal amorce l’émergence économique durable.
Dr Boubacar Ba Fondation Biotechnologie pour le développement durable en Afrique, Canada/ Boubac837@gmail.com