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Agé de 75 ans, M. Charles Bonnet ancien professeur à l’Université de Genève, a opté pour une carrière d’archéologue. Très réputé en Europe, il est part au Soudan pour travailler dans ce pays qui l’intéresse beaucoup du fait de son grand intérêt pour l’égyptologie. C’est ainsi qu’il poursuit son travail entre l'Egypte et le Soudan avec l’idée de se mettre à la disposition des populations pour leur faire profiter de son expérience.   Très vite au contact des Soudanais, il s’est rendu compte qu’il fallait faire de la formation. C’est ainsi qu’il a invité à Genève des spécialistes africains et peu à peu, il y a des échanges qui sont de qualité entre l’Europe et l’Afrique. Il est par ailleurs co-directeur de deux équipes d’archéologues d’une dizaine de personnes chacune. Ces équipes englobent européens et africains notamment des Egyptiens et des Soudanais.

Quel est l’intérêt de vos recherches au Darfour ?

Le Darfour est une petite partie du Soudan qui est pays immense, l’un des plus grands d’Afrique. En effet, le Soudan est composé de plusieurs pays et de plusieurs ethnies. Ce qui du reste difficile sa direction et son développement. Dès lors, on doit essayer de tenir compte de ces problèmes politiques et sociaux pour favoriser l’intégration et aider les gens. Dans la région où je travaille, il y a une classe moyenne qui s’intéresse beaucoup à son passé. Je dirai que notre travail aura montré que cela valait le coût. Nous avons montré que les Soudanais avaient un passé très riche et intéressant et qu’ils avaient des ancêtres qui étaient vraiment très importants. Nos découvertes participent donc à donner une identité à cette région. Par exemple, dans le Darfour les problèmes économiques ont pris tellement d’importance qu’on n’arrive pas à corriger la situation avec l’archéologie. C’est devenu la guerre, c’est devenu les conflits de grandes populations étrangères. C’est à dire ce sont  les Chinois, les Américains, les Russes, les Français, les Libyens qui se battent avec des populations qu’ils ont essayé de mettre avec eux. C’est le pétrole, surtout les énormes réserves qui sont à la base du conflit.

Comment expliquez-vous la difficulté de résoudre le problème du Darfour ?

Les puissances qui interviennent, utilisent au fond le sol du Soudan pour des intérêts. Cela a été toujours comme ça et si l’on voit la situation africaine aujourd’hui, presque dans tous les pays, c’est le même problème. Vous avez au Soudan l’influence chinoise qui est de plus en  plus forte, vous avez eu auparavant l’influence des Soviétiques mais aujourd’hui les Russes sont sur place parce qu’il y a du pétrole. C’est cela au fond le problème fondamental du Soudan. Par ailleurs, vous avez aussi un peu un pays assez artificiel, une ancienne colonie britannique dessinée de manière artificielle par les Anglais et vous avez un mélange de cultures très différentes. Il est difficile même en Europe de faire l’unité de nos pays; en Suisse, on a déjà tellement de peine à créer cette unité,  en Belgique vous voyez ce qui se passe aujourd’hui. Il ne faut pas aller en Afrique, pour des raisons seulement politiques ou économiques.  Il faut aller en Afrique avec une générosité humaine. 

Qu’avez-vous découvert au Soudan ?

Nous avons eu la chance de découvrir une immense ville entre 2500 et 1500 avant Jésus Christ qui l’une des villes qui les plus anciennes d’Afrique. Nous avons fouillé la ville dans de très bonnes conditions. Avec cette ville, il y avait une nécropole, une tombe de la même époque. La nécropole est immense, c’est un cimetière énorme où il y a à peu près 20 à 30 mille tombes. Et dans ces tombes, il y a beaucoup de matériel qui permet de comprendre au fond comment les gens vivaient, par exemple, quels étaient les produits qu’ils avaient etc.

Vos recherches sont-elles complémentaires ou antagonistes avec celles qui sont faites sur l’Egypte ?    

Nos recherches sont complémentaires, c’est comme si vous me demandez si les recherches au Sénégalais sont complémentaires ou contraires à ce que nous faisons au Soudan. Non, elles sont complémentaires, par exemple, ce qui se passe au Sénégal pour des périodes anciennes à maintenant seraient extrêmement importantes pour pouvoir les comparer à ce que nous faisons à Kerma. L’idée est donc que tout résultat de notre recherche soit comparable et utilisé.

Vous avez, justement en parlant du Sénégal, connu Cheikh Anta Diop qui a essayé de montrer l’antériorité de la Civilisation Nègre. Que représente ce savant sénégalais pour vous ?

Ecoutez, je pense que ses idées étaient extrêmement importantes surtout pour l’époque à laquelle il les a lancées, il y a maintenant 50 ans ou plus. C’était donc utile de prendre conscience de la richesse de l’Afrique. Peut-être qu’aujourd’hui, on pourrait être plus nuancé sur le plan scientifique dans le sens qu’on commence à mieux comprendre ces différentes parties de l’Afrique et je ne suis pas sûr que toutes ses théories soient justes comme les miennes d’ailleurs.    Elles seront un jour aussi dépassées et la grosse difficulté-vous me posez la question sur le plan scientifique- Cheikh Anta Diop a fait aussi de la politique au travers de la science. Disons ma conception à moi, est d’essayer d’être le plus scientifique possible et de laisser la politique à d’autres personnes. Et l’un des problèmes de Cheikh Anta Diop, c’est qu’au fond, il voulait montrer que la civilisation noire avait le mérite d’exister. C’est une grande civilisation, en cela il avait raison mais dire que c’est la plus ancienne, qu’elle vient avant l’Egypte, là on n’est dans le rêve, on n’est plus dans la réalité.

Mais y a –t- il aujourd’hui une thèse autre qui contredit Cheikh Anta par rapport même à l’antériorité de la Civilisation Nègre ?

Je pense que c’est plus détaillé, vous comprenez, on ne peut pas raisonner comme ça, je pense qu’il faut dire il y a de très grandes cultures en Afrique et il faut qu’on les étudie de manière scientifique. Cela demande un gros travail par exemple sur le plan archéologique. Et en archéologie, on a fait de très grands progrès maintenant et on devrait pouvoir trouver beaucoup plus. Je sais qu’il y a une école au Sénégal qui suit les idées de Cheikh Anta Diop mais si cela reste au Sénégal, cela n’a aucun intérêt. Il faut assurément s’ouvrir à l’étranger et c’est difficile de faire passer des idées de Cheikh Anta Diop aujourd’hui par exemple en France ou en Europe.

Qu’apporte réellement vos propres recherches à l’Afrique. On a entendu un Nicolas Sarkozy parler d’une certaine manière sur l’Afrique… que le continent n’était pas entrer dans l’histoire.

Vous savez, je ne peux pas accepter ça, les Africains sont bien entrés dans l’histoire, simplement, cela demande un effort. C’est comme quelqu’un qui regarde un tableau de Picasso qui dit ce n’est pas intéressant, je n’y comprends rien mais s’il étudie un tout petit peu, il s’apercevra que Picasso rentre dans une tradition de la peinture et du dessin qui est tout à fait intéressante. C’est dire donc que ce n’est pas la même chose. Il ne s’agit pas de dire qu’il n’y a rien en Afrique car si l’on se donne de la peine comme je l’ai fait à Kerma, ce qu’il faudrait peut-être faire partout que ce soit au Sénégal, au Cameroun où il y a une architecture magnifique qui est en train de se détruire,  je pense qu’il y a des racines extraordinaires qui ne sont pas encore connues.

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE, ContinentPremier.com