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Par Kofi Annan*


Du 16 au 18 novembre se tiendra à Tunis le Sommet mondial sur la société de l’information. L’ONU, est accusée de vouloir s’ériger en gendarme de l’Internet par ses détracteurs et attaquée sur tous les fronts par les ennemis du multilatéralisme, soutenus par leurs médias de mauvais augure. Une fois n’est pas coutume, Kofi Annan a écrit de ses mains périssables ce texte que « ContinentPremier.com », vous délivre pour clarifier les règles du jeu, devant l’éternité.

Pour lui l’objectif principal de ce sommet « sera de donner aux pays pauvres les moyens de tirer tout le parti possible des nouvelles technologies de l’information et des communications – surtout l’Internet – pour leur développement économique et social ». « Mais à mesure que le rendez-vous approche, les idées fausses se multiplient», prévient le Patron de l’ONU.( Lire son texte)

« Une rumeur, par exemple, dont le succès ne laisse pas d’inquiéter est que l’ONU a l’intention de s’emparer de l’Internet, d’y faire la police, bref de le contrôler d’une manière ou d’une autre. Rien n’est moins vrai. Loin de chercher à faire main basse sur l’Internet, l’ONU veut lui garantir une portée mondiale. C’est tout le but du Sommet de novembre.

Il faut s’attendre que la défense de l’Internet suscite des réactions passionnées. Le réseau mondial n’existe que depuis peu de temps mais, déjà, il est devenu un vecteur de changement spectaculaire, voire révolutionnaire, dans des domaines qui vont de la santé à la politique en passant par l’enseignement et le journalisme. Dans nos propres activités de développement, nous n’avons encore fait qu’entrevoir les avantages qu’offre l’Internet : des secours plus rapides et mieux coordonnés pour les victimes de catastrophes; une information médicale qui peut sauver des vies pour les régions pauvres et reculées; et des sources d’information non censurée et une voie pour faire entendre les doléances et appeler à l’aide pour ceux qui vivent sous le joug de gouvernements répressifs.

Comment, en revanche, ne pas craindre que l’Internet ne serve à fomenter le terrorisme ou à aider les terroristes, à répandre la pornographie, à faciliter les trafics ou à glorifier le nazisme ou d’autres idéologies haineuses ? Mais censurer l’espace cybernétique, porter atteinte à ses fondements techniques, ou le soumettre à un contrôle gouvernemental strict reviendrait à se priver d’un des plus puissants instruments de progrès qui s’offrent à nous. Défendre l’Internet, c’est défendre la liberté.

Jusqu’à présent, certaines fonctions de l’Internet, comme le courrier non sollicité et la cybercriminalité, n’ont été gouvernées que de manière dispersée et fragmentaire, tandis que l’infrastructure du réseau mondial était gérée de façon officieuse mais efficace par diverses institutions agissant en collaboration, sous l’impulsion du secteur privé, de la société civile et des milieux universitaires et techniques. Mais les pays en développement ont du mal à suivre et ils ont le sentiment d’être tenus à l’écart.

Les États-Unis méritent notre gratitude pour avoir développé l’Internet et l’avoir mis à la disposition du reste de la planète. Pour des raisons qui tiennent à l’histoire du réseau mondial, ils détiennent l’autorité suprême sur certaines de ses ressources de base et des voix se font entendre pour réclamer que cette autorité soit partagée avec la communauté internationale. Les États-Unis, qui se sont acquittés de manière équitable et honorable de leurs fonctions de contrôle, reconnaissent eux-mêmes la légitimité des préoccupations d’autres gouvernements en matière de politique publique et de souveraineté et estiment qu’il faut continuer à chercher les moyens d’internationaliser davantage les mécanismes de gouvernance. Si le changement s’impose, ce n’est pas en raison du passé ni même du présent, mais c’est surtout en prévision de l’avenir : nous savons que l’Internet connaîtra une croissance spectaculaire dans les pays en développement.

Nous assistons actuellement à l’amorce d’un dialogue entre deux cultures différentes : celle de la communauté non gouvernementale des internautes où, traditionnellement, les décisions se prennent à la base et de façon informelle et celle du monde plus officiel et structuré des gouvernements et organisations intergouvernementales. L’Internet revêt de nos jours une telle importance pour l’économie et l’administration de presque tous les pays qu’il serait naïf de s’attendre à ce que les gouvernements s’en désintéressent, surtout quand on sait que son exploitation à des fins de service public se généralisera dans des domaines tels que l’enseignement et les soins de santé. Les autorités publiques doivent se doter d’une politique de l’Internet bien pensée et coordonner les initiatives entre gouvernements et avec les internautes eux-mêmes. Mais elles ne peuvent pas fixer les règles toutes seules. Elles doivent apprendre à collaborer avec d’autres parties intéressées que les Etats. Ce sont, après tout, ces autres partenaires qui ont joué un rôle capital dans la mise en place et la coordination de l’Internet, et qui resteront le moteur de son expansion et de son évolution.

Le débat sur la gouvernance de l’Internet s’est enlisé il y a deux ans au sommet de Genève. Pour le relancer et à la demande des États Membres de l’ONU, j’ai constitué le Groupe de travail sur la gouvernance de l’Internet. Celui-ci a présenté ses conclusions dans un rapport où s’expriment les vues de ses membres et non celles de l’ONU. Il a proposé de créer un « nouvel espace de dialogue », une instance sans pouvoir de décision mais où tous les partenaires pourraient échanger informations et recommandations sur les meilleures solutions et examiner ensemble les questions difficiles.

En ce qui concerne les futurs mécanismes de contrôle, le Groupe de travail a proposé diverses formules. Elles prévoient la participation plus ou moins importante des gouvernements et de l’ONU, mais aucune n’envisage que cette dernière se substitue aux organes techniques qui assurent actuellement le fonctionnement de l’Internet ni que l’on crée un nouvel organisme des Nations Unies. Quelques-unes supposent même que l’ONU serait complètement laissée à l’écart. Toutes partent du principe qu’il vaut mieux laisser aux organes techniques le soin de gérer le réseau mondial au jour le jour, ne serait-ce que pour le protéger des aléas de la politique. Les États Membres de l’ONU examinent actuellement ces propositions, parmi d’autres.

Tout le monde convient que les partenaires internationaux doivent participer davantage au débat sur la gouvernance de l’Internet. Là où il y a désaccord, c’est sur les moyens d’y parvenir. La crainte de voir les Nations Unies faire main basse sur l’Internet est dénuée de fondement. Certains seraient trop contents de trouver un nouveau cheval de bataille pour attaquer l’ONU. Qu’ils sachent que ce cheval-là ne les mènera pas loin. Tout ce que veut l’ONU, c’est promouvoir le dialogue et un consensus entre les parties pour que tous les peuples puissent un jour bénéficier des avantages de l’Internet.

Les réunions préparatoires du Sommet ont réaffirmé le droit « de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et des idées par quelque moyen d’expression que ce soit ». J’invite instamment toutes les parties à se rendre à Tunis avec l’intention de réduire la fracture numérique, d’édifier une société de l’information ouverte et sans exclusive qui rendra tous les peuples plus riches et plus autonomes et de transposer dans le XXIe siècle le remarquable présent que nous a légué le siècle dernier ».

* Texte traduit de l’anglais, rédigé par le Secrétaire général de l’ONU