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« L’objectif fondamental devrait consister à œuvrer de bonne foi, en évitant de créer un précédent extrêmement dangereux pour l’avenir de l’Afrique»

Par El Hadji Diouf
Rédacteur en Chef

M. L’Ambassadeur, peut - on attribuer une responsabilité liée à la gestion de sa succession au Président Houphouet dans le déclenchement de la crise actuelle en côte d'Ivoire?

J’ai trop d’admiration et de respect pour le Premier Président de la République pour me hasarder à porter un jugement sur son action à la tête de la Côte d’Ivoire.

Il a souhaité faire de notre pays, un pays ouvert qui ne devait, ne pouvait être un havre de paix et de richesse dans une oasis de pauvreté. Cela l’a conduit à poser des actes qui ont donné un grand rayonnement à la Côte d’Ivoire. Cela s’est traduit par la création du Conseil de l’Entente, sa participation à la création de l’OUA, de la CEDEAO, de la compagnie multinationale Air Afrique. Ceci pour matérialiser son souci de réunir, intégrer l’Afrique. Il convient d’indiquer qu’avant sa disparition, notre constitution prévoyait, une disposition en son article 11, qui faisant du Président de l’Assemblée Nationale le successeur, en cas de décès, d’empêchement, d’incapacité, de l’acting Chef de l’Etat. Les problèmes de la Côte d’Ivoire me semblent-ils, ont débuté à ce moment là.

Par ailleurs, ce qui a fondamentalement manqué dans ce programme de mon modeste point de vue, c’est l’absence d’une véritable politique pour réguler la très grande émigration en Côte d’Ivoire. S’il est vrai qu’il a donné jusqu’en 1972 la possibilité aux populations étrangères de prendre la nationalité ivoirienne, le problème des migrants est une question qui n’a pas été fondamentalement réglé surtout qu’il est établi le lien entre la migration et le développement dans le cas de la Côte d’Ivoire.

Les conditions de dévolution du pouvoir au président Gbagbo sont - elles de nature à lui garantir l'autorité et la crédibilité qui pourraient lui permettre de résoudre la crise?

Beaucoup de choses sont dites sur l’accession du Président Laurent GBAGBO au pouvoir qui ne sont pas conformes à la réalité.
Ce n’est pas le Président GBAGBO qui a organisé les élections présidentielles d’octobre 2000. Ce n’est pas lui qui a eu à examiner la recevabilité ou non des candidatures.

Le peuple ivoirien durant la transition militaire qui a duré 10 mois (décembre 1999 à octobre 2000), une nouvelle constitution a été réécrite par les partis politiques, la société civile, les représentants des confessions religieuses, constitution qui fut adoptée à 86% par le peuple de Côte d’Ivoire. On peut déplorer que des candidats aient été éliminés par l’organe compétant en la manière, notamment tous les candidats de l’ancien parti au pouvoir le PDCI, en particulier l’ex Président Henri Konan BEDIE et le Président du RDR le Dr Alassane D. OUATTARA. Ce n’est pas le fait du Président GBAGBO dont la candidature aurait pu être également écartée.

On peut donc en conclure qu’effectivement des candidats ont été écartés, mais à l’exception du RDR, tous les partis politiques au nom de la paix, ont accepté l’élection du Président Laurent GBAGBO.

Des pays africains, la France ont accepté le verdict des urnes, les USA ont fait des réserves avant de coopérer avec le nouveau régime.

Il est trop facile aujourd’hui de déverser sur la Côte d’Ivoire, des contre vérités à propos d’un régime qui a été reconnu par toute la communauté internationale et qui en deux ans, a rétabli tous les équilibres, renoué avec toutes les organisations financières internationales.

Bien de pays occidentaux et africains ont passé l’étape des élections dans des conditions qui ne sont pas exemptes de reproches.

Dans tous les cas, cela ne justifie pas qu’on prenne des armes.

De l'extérieur, on peut avoir l'impression que les leaders politiques ivoiriens se soucient plus de leur ambition personnelle que du bien être du peuple ivoirien. Quelle relation pouvez - vous faire de ce constat avec la proposition de Wade de crèer un gouvernement de transition géré par des technocrates?

L’Ambassadeur que je suis, ne saurait porter un jugement sur les propos d’un Chef d’Etat de surcroît le Chef d’Etat du Sénégal dont le pays durant son mandat à la tête de la CEDEAO, a permis la signature du premier cessez le feu. Je tiens à ce propos, à saluer tous les Chefs d’Etat qui collectivement ou individuellement se sont consacrés à la recherche de solution à la crise ivoirienne.

L’objectif fondamental devrait consister à œuvrer de bonne foi, dans cette direction, en évitant de créer un précédant extrêmement dangereux pour l’avenir de l’Afrique.

Aucun pays n’est à l’abri du drame que vit la Côte d’Ivoire. Tout le monde à présent, en connaît les causes profondes mais on tergiverse sur les solutions. Quelles que soient les raisons qui ont pu conduire des frères à prendre des armes, ils ne faut pas dérouler le tapis rouge à une rébellion, la mettre à égalité avec un gouvernement reconnu par toute la communauté internationale, les récompenser en un mot, comme cela a été fait.

On a assisté à un processus inédit de "légitimation" de rebelles en côte d'ivoire. Quelle appréciation en faites - vous et quelles leçons les autres pays africains pourraient - ils en tirer?

J’y ai répondu précédemment. Mais j’insiste pour dire qu’il faut poser des actes qui servent d’exemple à la postérité, à la jeunesse ivoirienne, africaine.

La communauté internationale a récompensé la prise d’armes comme moyen d’accession au pouvoir. Le droit international est fondé sur la justice et non la vengeance. L’Afrique particulièrement aura retenu désormais que ce n’est plus l’école, la formation, l’action politique qui conduit au pouvoir, mais qu’avec des armes on peut accéder à des fonctions ministérielles. Quelle déclaration a été entendue lorsque les banques (BCEAO) ont été dévalisées. Qu’est ce qui est fait lorsque des pays qui ne sont pas producteurs de matières premières en deviennent exportateurs nets. Qu’est ce qui a été fait pour mettre fin aux trafics avérés d’armes dans la sous région.

Je ne dis pas qu’il n’existe pas de problèmes politiques en Côte d’Ivoire. Mais je désapprouve l’utilisation des armes comme moyen de se faire entendre.

Des facteurs exogènes et endogènes, quels ont été les plus déterminants dans le déclenchement et l'alimentation du conflit?

J’ai indiqué précédemment que la Côte d’Ivoire comme beaucoup d’autres pays, connaissent des problèmes. Au niveau interne :

  • l’instauration de la carte de séjour,
  • la politique d’immigration peut être insuffisamment expliquée dont le régime du Président Bédié a entamé l’examen et qui fut interrompu par le coup d’état de décembre 1999.
  • l’élimination de certains candidats. Mais à ce sujet, dans certains pays africains tous les candidats aux élections présidentielles n’ont pas été retenus selon des critères définis par les constitutions de ces pays et que je respecte fondamentalement.

Par ailleurs, une meilleure appréciation au départ de cette crise qualifiée à tort d’Ivoiro-ivoirienne exclusivement aurait certainement évité à la Côte d’Ivoire ce drame qu’elle connaît depuis 28 mois et crée le cadre à un examen des problèmes existants par un dialogue entre frères.

J’en appelle aux acteurs politiques, aux Ivoiriens à œuvrer tous, de bonne foi, en faveur de la vraie paix.

La partition de la côte d'ivoire en deux pays distincts est - elle une menace réelle ou une simple vue de l'esprit?

Les Ivoiriens, en dépit de tout, doivent vivre ensemble. J’ai d’ailleurs été heureux de noter que les Forces Nouvelles aient réaffirmé leur attachement en une Côte d’Ivoire, une et indivisible lors d’une rencontre très récente avec le Roi de Bouaké. Votre question me donne l’occasion de m’inscrire en faux contre des clichés largement diffusés sur la Côte d’Ivoire présentant le Nord exclusivement musulman et le Sud chrétien. De même qu’il existe des églises et des temples au Nord, des mosquées existent au Sud, au centre partout en Côte d’Ivoire.

Au plus chaud de la crise, nous avons même assisté à un culte œcuménique qui a réuni Imam, Prête, Pasteur.

C’est leur destin de vivre ensemble en Côte d’Ivoire. La guerre civile aurait déjà éclatée si les Ivoiriens n’avaient pas fait de la paix, leur deuxième religion.

Quels rôles attribuez - vous aux organisations régionales et sous régionales dans la solution de la crise?

Je tiens tout d’abord à exprimer la gratitude de la Côte d’Ivoire à l’UA, à la CEDEAO, à tous les Chefs d’Etat africains qui collectivement ou individuellement se sont portés au secours de la Côte d’Ivoire.

Le président EYADEMA a consacré deux mois, au détriment des affaires internes togolaises, aux premières négociations inter-ivoiriennes à Lomé entre le gouvernement et les Forces Nouvelles.

Il en est de même du Président KUFFOR du Ghana, en sa qualité de Président de la CEDEAO et de pays voisin et frère.
Les Présidents TANJA du Niger, KABBAJ de Sierra Leone, ont effectué des missions de bons offices en Côte d’Ivoire.

Je salue la mobilisation des organisations africaines au chevet de la Côte d’Ivoire, constante, à l’image de celle qu’entreprend du 2 au 6 décembre au nom de l’UA, le Président d’Afrique du Sud.


N’oubliez pas que la Côte d’Ivoire est le pays moteur d’Afrique de l’Ouest, qui pèse pour 40% dans l’économie de l’UEMOA, et dont le port est le 2ème d’Afrique après Durban et premier producteur mondial de cacao, et où ont été découverts des gisements importants de pétrole et de gaz.
Je salue la solidarité africaine.

Quel est à votre avis LA solution de sortie de crise en côte d'Ivoire?

Pour régler la crise ivoirienne, il faut en connaître les causes profondes. On évoque les critères d’éligibilité à la fonction présidentielle, qui à la réalité ne sont pas plus draconiennes que celles de nombreux pays africains dans lesquelles on a exigé l’appartenance religieuse par exemple.

Cette crise ivoirienne, ne trouvera sa résolution que dans la justice et la vérité. On ne peut pas la résoudre en faisant des déclarations tapageuses, en évoquant par exemple les conditions dans lesquelles se sont déroulées les élections d’octobre 2000 lorsque par ailleurs on félicite par anticipation des Chefs d’Etat élus avec un taux de participation de moins de 20% lorsqu’on sait qu’en Côte d’Ivoire, le taux était de plus de 30%. Il faut éviter de personnaliser le débat en oubliant le peuple de Côte d’Ivoire, le premier concerné.

L'équipe nationale de foot ball de côte d'Ivoire est actuellement première de sa poule dans les éliminatoires de la prochaine Coupe du monde en Allemagne, devant le Cameroun et l'Egypte. C'est certainement la meilleure génération de foot balleurs du pays depuis l'indépendance. Pensez - vous que ses performances peuvent raviver le sentiment nationaliste et aboutir à une sortie de crise? Pensez vous que le sport pourrait réussir là où la politique et l'armée ont échoué?

N’oubliez pas de noter que la crise s’est ouverte lorsque Bouaké abritait un compétition de l’UFOA avec des équipes nationales africaines. Nous sommes très fiers de nos Eléphants qui malgré la crise portent haut le flambeau de la Côte d’Ivoire. On a vu des pays suspendre les activités de l’Equipe Nationale lorsqu’ils connaissent des crises. Ce qui n’est pas le cas de la Côte d’Ivoire et je m’en félicite.

Je note avec fierté que notre équipe nationale est composée d’Ivoiriens de toutes les régions de Côte d’Ivoire. Le sport est un puissant facteur d’unité les Forces Nouvelles et les FANCI ont disputé un match de football avant les événements de novembre dernier à la grande satisfaction des Ivoiriens.
J’ai espoir, les Ivoiriens ont espoir en des lendemains radieux. Après la nuit vient le jour. Les grandes nations se forgent dans la douleur.