Ont collaboré à ce numéro

 Am. Coly Seck
 Amb. Coy Seck
 Anne Cécile ROBERT
 ARCIV- UCAD
 DR. Soce FALL
 Min. Alain BERSET

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 Dr. Ibrahima Socé Fall, Médecin Colonel, Directeur général adjoint de l'organisation mondiale de la santé (OMS) en charge de la réponse aux urgences, fait le bilan mondial de la pandémie Covid19, et rassure sur l’utilisation des vaccins. 

Après plus d’un an, quelle est la situation de la pandémie au niveau mondial?

 

« Nous sommes toujours dans une phase très active de cette pandémie. Cela fait 10 semaines consécutives que l’incidence des nouveaux cas augmente au niveau mondial et le record de cas été enregistré la semaine passée avec 5,7 millions de cas. Nous avons dépassé les 154 millions de cas et plus de 3,2 millions de décès et ces chiffres ne tiennent pas compte des cas probables non testés. La pandémie nous a encore rappelé que l’épidémiologie ne se résume pas aux modèles mathématiques et aux analyses quantitatives. L’épidémiologie est une science complexe qui a beaucoup évolué et qui combine la biostatistique, la surveillance et l’investigation de terrain, la médecine clinique, les sciences biomédicales les sciences sociales, et des interventions de terrain etc. Quand on ne maîtrise pas le réservoir de virus et l’interaction dans les deux sens entre le réservoir animal et l’être humain, le comportement du virus en passant la barrière des espèces, on ne peut rien prédire.  Le virus circule chez beaucoup d’animaux tels que les visons, les gorilles, les chats et chiens domestiques, et les grands félins en captivité. Cette circulation animale augmente les risques de mutation et d’émergence de variants à problème. La modélisation permet seulement de définir des scénarii de planification mais n’est pas destiné au grand public, c’est une communication de risque appropriée qu’il faut pour le grand public et un engagement communautaire. Même à l’échelle d’un pays on peut noter plusieurs épidémies d’où l’intérêt d’une vraie décentralisation des opérations avec des équipes de districts autonomes en termes d’investigation, d’analyse épidémiologique et de riposte. L’apparition de tous ces « variants à problème » et surtout leur comportement doit ramener tout le monde à plus d’humilité. Ces variants ont pratiquement remplacé le virus détecté au départ à Wuhan en Chine.  On peut arriver à une situation de multiples variants avec la nécessité d’adapter régulièrement les vaccins pour changer la composition, ce qui voudra dire aussi revacciner régulièrement la population. Les « variants à problème » se transmettent plus rapidement et nous voyons de plus en plus d’enfants et de jeunes chez les cas et plus de sujets de moins de 40 ans qui ont besoin d’hospitalisation dans beaucoup de pays.  Nous voyons déjà en Inde la circulation concomitante du variant B 1.1.7 et des variants locaux tels que le B 1.617, B 1.618 qui semblent expliquer en partie l’accélération de la transmission avec bien entendu les rassemblements religieux en masse et le non-respect des mesures barrières. »   

 Pourquoi prônez-vous la vaccination par rapport à l’immunité collective, malgré les réticences constatées ici et là? 

 

« La vaccination est un outil incontournable en santé publique et dans la lutte contre les épidémies en général. Dans nos pays, la mortalité infanto-juvénile a baissé de façon drastique grâce à la vaccination combinée à d’autres interventions essentielles telles que la lutte contre le paludisme, la malnutrition etc. Vous vous rappelez certainement aussi que la seule maladie épidémique qui a été éradiquée à l’échelle mondiale, la variole l’a été grâce à la vaccination.   Les dernières épidémies d’Ebola ont été moins fulgurantes grâce à la vaccination en ceinture autour des cas aussi. En l’absence de vaccin en 2014, nous avons eu une épidémie fulgurante de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest.  J’ai personnellement pris le vaccin contre Ebola quand il était au stade expérimental et n’était pas encore approuvé par l’OMS car j’étais très exposé lors des interventions sur le terrain et toute mon équipe l’avait pris aussi. Se faire vacciner est un geste responsable qui permet non seulement une protection individuelle mais aussi une protection collective en brisant les chaines de transmission, mais cela requiert  une couverture suffisante dans un espace géographique donné et suffisamment rapidement. La vaccination prévient également la survenue des formes graves de Covid-19 et réduit ainsi le risque de décès. Si la vaccination est trop lente, la circulation prolongée du virus augmente les risques de mutations et à l’inefficacité possible des vaccins. Le seul moyen d’avoir cette protection collective est la vaccination. Cela n’a rien à voir l’immunité collectivement prônée par certains en laissant le virus librement circuler. Penser que l’on peut laisser circuler un virus librement dans la population humaine pose plusieurs problèmes sur le plan éthique et scientifique. Le risque est au bout du compte de se retrouver avec une situation ou les tests actuels et les vaccins ne marchent plus ou que des personnes guéries de la maladie soient encore susceptibles et qu’on revienne au point de départ. Pour les pays qui ont essayé l’immunité collective naturelle comme stratégie, ce fut un grand échec devant l’accélération des cas et des décès. J’espère que tout le monde a compris maintenant. » 

Pouvez-vous nous rassurer alors sur la fiabilité des vaccins ?

« Je vais être très clair, tous les médicaments et vaccins sont susceptibles d’avoir des effets secondaires. Même un médicament aussi courant que le paracétamol peut avoir des effets secondaires graves. C’est pour cette raison que la première phase de l’essai clinique se focalise sur la toxicité afin d’évaluer la sécurité d’emploi du candidat vaccin, son devenir dans l’organisme, le seuil de tolérance et les effets indésirables ou effets secondaires. Il est important d’avoir un bon système de pharmacovigilance après autorisation de mise sur le marché et c’est une phase qui a pour but d’identifier tout effet secondaire grave ou inattendu.  Dans le cadre des nouveaux vaccins, tous les pays ont l’obligation d’avoir un système de pharmacovigilance solide et de rapporter tous les effets secondaires. Plus des nouveaux médicaments ou vaccins sont utilisés à grande échelle, plus on est en mesure de détecter certains effets inattendus. Ces effets secondaires doivent être rapportés et s’il est démontré qu’ils sont liés au vaccin, chaque pays doit évaluer le rapport risque bénéfice pour prendre une décision sur l’utilisation des vaccins. Ces effets secondaires peuvent être spécifiques à certains groupes et il faudra en tenir compte. Pour le moment nous avons un nombre limité de vaccins inscrits dans la liste d’urgence de l’OMS, bien que 88 candidats vaccins soient déjà en phase d’essai clinique parce que nous avons un processus rigoureux pour évaluer l’efficacité et la sécurité d’utilisation des vaccins. Dans ce processus, en plus des dossiers techniques, nos équipes doivent faire des visites d’inspection pour s’assurer des bonnes pratiques cliniques mais aussi des bonnes pratiques de manufacture. » 

Vous nous parliez de la solidarité internationale nécessaire pour vaincre la pandémie.   Est-ce le cas actuellement ?

« L’inégalité entre pays, mais aussi à l’intérieur de certains pays et l’exclusion de personnes en situation de vulnérabilité ont créé des défis additionnels pour lutter contre la pandémie.  Plus d’un milliard huit cent mille personnes vivent dans des pays ou zones fragiles en situation de conflit et de vulnérabilité. Pour faire face à cette inégalité avons appelé à la solidarité et  avons agi dès le début pour réduire l’écart entre pays. En collaboration avec des laboratoires de référence surtout en Allemagne nous avons envoyé des tests de diagnostic PCR dans 150 laboratoires nationaux dans le monde et organisé des formations. Ceci a permis un accès mondial au diagnostic. L’OMS et le système des Nations Unies sont venues en aide aux migrants, réfugiés, déplacés internes, mais aussi aux populations victimes de crises socio-politiques comme les rohingyas, les populations sous occupation en Palestine etc. Dr Tedros, directeur général de l’OMS a lancé l’initiative COVAX pour l’accès équitable au vaccin. La solidarité n’est pas de la charité, c’est ce qu’il faut pour venir à bout de cette pandémie. »