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BENJAMIN STORA, Ecrivain, Spécialiste du Maghreb Arabe

Présent à Genève à l'occasion d'un colloque organisé les 3 et 4 septembre par la Croix rouge sur " L'histoire comme arme de guerre : l'instrumentalisation du passé en situations de crise", Benjamin Stora, spécialiste de renommée internationale, écrivain, professeur des universités, a accordé à " Continentpremier" cette interview exclusive où il parle de l'injustice faite aux " Tirailleurs Sénégalais ", de même il donne son avis sur la décision chiraquienne de faire d'Alger la Capitale de la France libre. Il analyse par ailleurs les enjeux de la présence de Jacques Chirac le 1er novembre 2004 à Alger date marquant au demeurant, le cinquantième anniversaire de l'acte fondateur de la Nation algérienne.

Monsieur le professeur, qui sont les " tirailleurs " que la France vient de fêter ?

Les tirailleurs sénégalais constituaient les troupes coloniales. Ils ont participé notamment aux deux guerres mondiales. Lors de la seconde guerre, il y'a eu une participation massive de ces " tirailleurs sénégalais ", qui est un vocable générique pour inclure l'ensemble des populations de ce que l'on a appelé l'AOF et l'AEF, c'est à dire l'Afrique Occidentale Française et l'Afrique Equatoriale Française.

Ces troupes ont participé à la campagne de Tunisie, d'Italie, au débarquement de Provence, à la libération de Paris et aux batailles des Ardennes. Mais plus on se rapprochait de l'Allemagne, plus leur effectif diminuait. On arrivait à un blanchiment des troupes au moment où l'histoire s'accomplissait. On avait éliminé de la mémoire la participation des " tirailleurs sénégalais ".

Quel est votre sentiment par rapport à la cristallisation des pensions des tirailleurs ?

Dans les années 1950 - 1960, une injustice avait été commise à l'endroit des colonies de l'empire français et qui n'avait pas été réparée. Elle ne l'est pas encore. Les pensions des combattants africains avaient été bloquées au moment de l'accession à l'indépendance de chacun de ces pays. Le versement de la pension correspondait au prix versé au moment de l'accession à l'indépendance. Ce qui donne quarante ans plus tard des sommes dérisoires pour la participation des troupes à la libération de la France. La cérémonie commémorative est un symbole de reconnaissance mais les problèmes financiers restent en suspens ".

Quid de la décision du Président Chirac de faire d'Alger la Capitale de la France libre ?.

C'est un fait historique incontestable qu'Alger est devenue la Capitale de la France libre et pendant une année. En mai 1943, il y'a eu l'installation du Gouvernement provisoire à Alger. Mais en 1962, l'Algérie est devenue indépendante. Comment à partir de là honorer la mémoire d'une ville qui a décidé de se séparer de la France ?.
C'est une décision unilatérale qui fait plaisir surtout aux Français qui étaient contre l'occupation et contre le Gouvernement collaborationniste de Pétain. Cela peut aussi faire plaisir à une moindre mesure aux Algériens. Mais l'Algérie française n'existe plus. Alger est devenue la Capitale de l'Algérie tout court mais pas de la France.

N'est - ce pas une tentative de faire réchauffer les relations entre Alger et Paris ?

" C'est un acte symbolique fort qui est adressé par le Président de la République pour dire que nous avons un passé commun. Alger a été partie prenante de l'histoire politique française. C'est donc un geste qui est fait pour essayer de guérir les mémoires mais il y'a quand même un contentieux entre les deux pays."

Justement 1er novembre 1954 - 1er novembre 2004 ! La guerre d'Algérie aura bientôt 50 ans. Que se passera - t- il ?

Effectivement nous sommes proches du cinquantième anniversaire et le 1er novembre 2004, une cérémonie de souvenir sera organisée en Algérie. Les évènements du 1er novembre 1954, constituent l'acte fondateur de la Nation algérienne dans sa version indépendance qui est d'ailleurs proche d'un autre anniversaire celui de la défaite française de Dien Bien Phu. Les deux dates sont liées quelque part.
De Dien Bien Phu aux Aurès, il y'a quand même une sorte de chaîne mémorielle qui s'est installée. Bien évidemment, d'Indochine à Alger, c'est la fin d'un monde. La fin d'une histoire et c'est le début d'une autre histoire.
C'est le début de la décolonisation. Mais est ce que la France va reconnaître l'existence de cette séparation possible.

Pensez - vous que le Président Chirac donnera suite aux échos venus d'Alger et qui annoncent sa présence à cette journée du Souvenir ?

Une participation de haut niveau à cette cérémonie voudrait dire que la France reconnaît le bien fondé de cette séparation avec l'Algérie et si c'est modeste par exemple par l'envoi d'un ambassadeur, la participation symbolique est moins forte.
Si le Président Chirac se rendait personnellement à cette journée du Souvenir, il se heurtera à une fraction importante de son lectorat qui ne reconnaît pas toujours l'abandon de l'Algérie française. On verra bien, mais au plan politique, s'il accomplissait un tel acte, cela pourrait permettre de mesurer le degré de réchauffement des relations entre la France et l'Algérie.

(Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE).