Ont collaboré à ce numéro

 Dr Omar Mariko
 Juan Hernandez
 M. Ibrahima Faye
 Mamadou Kassé
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Le gouvernement sénégalais envisage donc d'augmenter, entre octobre et décembre prochains, le prix de l’électricité pour certains consommateurs. C’est ce qu’a annoncé le ministre du Budget, qui assure toutefois que la hausse "ne concerne pas les ménages les plus démunis". « Ce sera une hausse modulée du prix de l’électricité qui va entrer en vigueur le dernier trimestre de l’année en cours et qui va concerner les ménages les plus nantis qui consomment plus d’électricité’’.

 

 

Le Ministre justifie cette décision par le fait que les moyens de l’État sont limités pour prendre en charge un éventail large de consommateurs. ‘’Notre objectif est de faire supporter l’énergie aux populations les plus nanties, au juste prix. Nous ne pouvons pas continuer à subventionner pour les plus riches’’, a indiqué le ministre.

Par Mamadou Kassé, Journaliste

A l’analyse, la décision du gouvernement de procéder à la hausse de l’électricité semble s’imposer comme une nécessité incontournable. Un simple calcul économique suffit pour comprendre que le l’État du Sénégal ne peut plus continuer à vendre à perte son électricité. Subventionner est certes une bonne chose du point de vue social, mais subventionner un produit dont la consommation augmente de façon vertigineuse, et au niveau de toutes les catégories sociales, peut relever de la démagogie. La facture énergétique pèse sur le budget de l’Etat déjà déséquilibré par les importations massives de denrées de première nécessité.

Dans un environnement économique marqué par le renchérissement des prix et le coût des financements, vendre à perte conduit forcément au dépôt de bilan. Dans le cadre d’un État, c’est le gouffre budgétaire et par voie de conséquence, des coupes sombres sur des projets et des dépenses éminemment importantes du point de vue économique et social.

Aussi, tout en saluant la décision du gouvernement de prendre à bras le corps la question énergétique et d’envisager la hausse du prix de l’électricité pour les « ménages les plus nantis », peut –on s’interroger tout de même sur le contenu de « ménages les plus nantis ». S’agit-il des familles les plus consommatrices d’électricité du fait de leur taille ou de leur capacité à soutenir encore (et pour combien de temps ?) une facture d’électricité relativement importante ? S’agit-il des consommations industrielles qui pompent l’essentiel de l’électricité produite au Sénégal ? S’agit-il de l’Administration qui prélève une bonne part de l’électricité du fait de certains gaspillages et de l’utilisation abusive et irrationnelle de l’électricité ? S’agit-il des collectivités locales si souvent en contentieux avec la Senelec pour cause de factures impayées?

Ces questions interpellent le commun des consommateurs qui s’interrogent sur l’opportunité de cette option stratégique de (sur)taxer les « ménages les plus nantis ».
Si pertinente soit-elle, la décision du gouvernement suscite des interrogations quant au choix de la cible et du moment.

Nous savons tous que l’un des problèmes de la Senelec demeure la fraude sur l’électricité et les gaspillages enregistrés aussi bien dans le transport du courant qu’à travers l’utilisation de lampes incandescentes et autres machines consommatrices d’énergie. Il y a une dizaine d’années, on évaluait cette fraude à plus de vingt milliards de francs CFA. A combien s’élève-t-elle aujourd’hui au vu, de l’augmentation du nombre des consommateurs ? Combien nous coûte la fraude dans les industries, les sociétés privées, les lieux publics comme les marchés, les ménages ? Quel est le coût réel des innombrables branchements clandestins qui échappent au contrôle de la Senelec ?

Répondre à ces questions équivaut à trouver un début de solution à la question de la crise de l’électricité qui ne saurait s’accommoder de pratiques identifiées plus haut. La lutte contre la fraude, le gaspillage, les abus de consommation au niveau de certaines administrations, semble être une première réponse structurelle, à l’image de celle engagée dans le domaine des énergies alternatives et des lampes économes en énergie qui nous semble être la voie obligée pour faire face à la situation.

Il va sans dire que la conséquence de toute hausse sur l’électricité n’est ni la baisse de la consommation ni la diminution de l’assiette des consommateurs. La conséquence est, et c’est là que réside la difficulté, l’augmentation de la fraude qui risque de rendre contre productif le projet du gouvernement. La question de l’énergie requiert une stratégie plutôt inclusive et non des actions sectorielles sans véritable impact sur la facture. 

Il est vrai que nos engagements vis-à-vis des partenaires au développement nous imposent d’agir vite ; mais il faut également que nous le fassions bien. Aucune erreur ne nous est plus pardonnable dans ce secteur si stratégique. Les bailleurs de fonds qui accompagnent le Sénégal dans ce vaste chantier ne connaissent certainement pas toujours les réalités sociologiques du pays et ne peuvent appréhender dans toutes leurs complexités, certaines pratiques de notre société dont le phénomène de la fraude et du gaspillage. D’aucuns pensent qu’il suffit simplement d’appliquer une hausse sur les « ménages les plus nantis » pour obtenir les résultats escomptés. Ce qui, à notre sens, peut sembler peu probable au vu du pouvoir d’achat des Sénégalais et de leur capacité à contourner une éventuelle hausse sur les prix.
Il ne faut surtout pas se tromper de stratégie, au risque de passer à côté de la cible et du résultat escompté.

Le combat, c’est d’abord la lutte contre la fraude sous toutes ses formes et les nids de gaspillages et de consommation abusive. Le combat, c’est de faire en sorte que chaque personne physique ou morale ne paye que ce qu’elle consomme. Le combat, c’est de faire en sorte que personne ne paie pour l’autre, que l’assiette des consommateurs se traduise à travers les factures individuelles. C’est là que réside la véritable première réponse au problème de l’électricité, susceptible d’accompagner celle relative aux énergies renouvelables dont les premiers jalons ont été posés par l’Agence Nationale de l’Économie d’Énergie (ANEE).

Il est vrai que des efforts sont entrepris dans ce sens avec les nouveaux compteurs qui sont imposés à tout nouveau demandeur. Mais, il faut aller au-delà de cette mesure et envisager la mise en place de système anti-fraude susceptible de régler définitivement la question des consommations abusives et des usagers « invisibles » qui échappent à tout contrôle de la Senelec.

Au vu de l’expertise dont dispose la Sénélec et de l’expérience qu’elle a capitalisée, on peut espérer qu’elle est capable de s’investir davantage dans ce créneau. Si cela nécessite des investissements, il faut l’envisager à l’aune des économies d’échelle que cela peut engendrer à court et moyen termes. Il convient de s’inspirer des systèmes les plus performants dans le monde et des méthodes de fourniture et de facturation les plus éprouvées. Là où les sociétés de téléphonie arrivent à facturer la consommation de chaque abonné, pourquoi ne pas envisager des systèmes de facturation à distance ou de cartes prépayées généralisées ? Pourquoi ne pas envisager le changement progressif du dispositif de transport de l’électricité qui maille le ciel de nos cités et fait planer l’insécurité sur nos têtes ? 

C’est là où la création de l’Agence de l’Économie d’Énergie se justifie comme une nécessité incontournable de par sa mission, ses objectifs, son approche stratégique. La mise en place de cette agence s’explique par le fait que l’absence de planification de l’incitation à l’économie d’énergie à grande échelle, constitue un frein pour le changement définitif des comportements. En effet, parmi les faiblesses identifiées dans le secteur, figure en bonne place le défaut de maitrise de la demande d’énergie. Pour corriger cette situation, la stratégie de maitrise retenue par l’Etat consiste à améliorer l’efficacité énergétique grâce à la satisfaction des besoins énergétiques des populations en minimisant la quantité d’énergie utilisée (et en minorant les pertes). Comme on le sait, l’une des difficultés de mise en œuvre d’une stratégie d’économie d’énergie réside dans le manque de réflexe d’économie d’énergie constaté auprès des usagers, notamment les ménages dont les comportements induisent souvent des surconsommations et des gaspillages entraînant des dépenses élevées qui auraient pu être évitées.

C’est dire toute l’opportunité et la pertinence d’une telle agence qui vient combler un vide dans le dispositif de gestion de l’énergie. Instrument opérationnel pour la mise en œuvre effective et la pérennisation des stratégies et actions définies par l’État en vue d’une meilleure satisfaction des besoins, l’agence vise, entre autres missions, à promouvoir les économies d’énergie. Pourvu simplement que les stratégies mise en œuvre ne se limitent pas à faire supporter par certains, les pertes subies par la Senelec du fait d’une mauvaise organisation dans la production, le transport, la distribution et la gestion de la demande en électricité.