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LA POLLUTION SONORE

Publié le, 23 mars 2005 par

Ingénieur EFF-SIA Prof. Alexis BOTKINE
Expert-acousticien

Deux articles dans la presse portugaise relatifs à la fermeture forcée de certaines discothèques, m’ont contrarié tant ils étaient empreints de mauvaise foi et d’une absolue méconnaissance du problème qu’ils prétendaient traiter et dont la finalité semblait consister à égratigner le Secrétaire d’Etat à l’Ambiance et à la Défense du Consommateur, plutôt que de contribuer au bien-être d’autrui et à respecter la déontologie de tous bons et sérieux journalistes.

Le Gouvernement portugais est soumis au problème qu’il doit impérativement résoudre, la Pollution Sonore. Ce pourquoi, répondant, à l’invitation, qui m’honore, du Ministère de l’Ambiance, j’ai accepté, d’une part motivé par mon sens du devoir civique envers un pays ami, d’autre part par simple honnêteté, eu égard à mes connaissances professionnelles et ma pratique durant de nombreuses années de l’acoustique appliquée à « remettre l’église au milieu du village »

LE RYTHME

« La musique adoucit les mœurs » disait un gentil proverbe. Aujourd’hui, cette constatation n’est malheureusement, plus applicable qu’à une poignée d’amateurs, par ailleurs trop souvent considérée comme « quantité négligeable » par ceux qui imposent mauvais goût et agressent par le bruit.

« J’accuse », avait crié au monde l’écrivain français Emile Zola, relativement à un certain domaine. A mon tour, j’accuse, mais dans le domaine des sons, de certains sons fallacieusement prétendus « musicaux » ou « à la mode », censés distraire, alors qu’en réalité, ils ne représentent qu’une drogue dangereuse car ils attaquent et sapent très gravement l’organisme humain.

Au départ, il faut bien être conscient du fait qu’il s’agit avant tout d’une gigantesque industrie à caractère d’« arnaque » et dont les pigeons trouvés, pour ne pas dire les victimes, sont principalement les jeunes.

Et ne parlons pas de l’« art » lyrique ou musical qui est à la source de ces manifestations bruyantes. Dans la majorité des cas de véritables mélodies manquent, alors que les paroles lorsqu’il y’en a, sont des monuments d’ineptie, lorsqu’ils ne sont qu’une morbide dégénérescence de texte.
Selon la jeunesse amateur de ce genre de prestation, ce qu’elle recherche et ce qui lui plaît d’abord, c’est le rythme. Je l’accepte volontiers, d’autant plus que ce n’est pas le « rythme « dans son essence qui est la cause des nuisances sonores. Les 99% de la musique moderne de divertissement sont rythmés. Il est vrai aussi que le rythme nous est indispensable, tout est rythme : la vie, les saisons, les pulsations du cœur, les marées, les cycles divers, les périodes, le tempo, …et nous éprouvons du plaisir, sinon du besoin, à entrer en résonance ( souvent dite en vibrations sympathiques) avec certains rythmes. Qui n’a pas aimé dans la mesure où il les a connus, les battements réguliers et métalliques des paveurs de rue, les « nang-nang » des roues d’un train passant sur les espaces vides entre rails, les trots et clochettes d’un attelage de chevaux, le flux et le reflux des vagues de la mer, les crissements des cigales dans les pins, … et, bien sûr, la musique !

L’un des premier moyens d’expression musicale a été le rythme. La première musique des « sauvages ou de nos lointains » ancêtres a été spécifiquement rythmique : le tam-tam sur les arbres creux, la crécelle, diverses peaux animales séchées et tendues, puis le tambour de son innombrables famille, tom-tom, caisse claire ou grosse caisse, bongo tumbas, puis la guimbarde, les maracas, les berimbao, la planche à lessive ( washboard) et…les mains, très à la mode aujourd’hui et à toutes les sauces.

Le rythme a été aussi sous-entendu, sans instruments rythmiques. La musique dans sa quasi totalité, respecte la régularité, on « arme » la clé de sol ou autre d’une notation 2/4, 3/4 ou 5/6. L’un des rôles du chef d’orchestre consiste à « battre la mesure ». Même si le « Largo » de Haendel n’incite pas spécialement au balancement, le rythme est là. Par contre les fugues de J.-S. Bach présentent un rythme nettement plus concret.

De tous temps, la mise en résonance du corps humain a été concrétisée par le besoin d’osciller au son de la musique, c’est-à-dire de danser. Et c’est la pléthore des danses , le summum de leur esthétique étant les ballets classiques. Pour le plaisir réalisé des amateurs. C’est le bal, le menuet, la valse, le paso-doble, le frox-trot, le tango, la samba, et j’en passe. Puis, c’est carrément la « mode » : le charleston, le lambeth-walk, le jitterbugh, la raspa, le hula-hoop, le yé-yé, le rock’n roll, le jerk, le punk free, la lambada et, pour le moment toujours, le hard rock ou le disco, le techno! Nous ne taxerons pas ces variantes d’ « évolution », mais simplement de modifications ou de fantaisie sans plus.

DANGEREUX NIVEAU SONORE EXAGERE

Là où cela devient grave, très grave, c’est l’augmentation générale et exagérée du niveau sonore.
Dans une seule salle publique de spectacle, de concert ou de bal-variétés, une amplification s’est, depuis plusieurs années révélée utile sinon nécessaire, afin de se faire entendre, soit dans une foule attentive et calme mais phoniquement absorbante, soit dans le brouhaha d’un public jeune et enthousiaste.
Durant les années de guerre, je pratiquais la guitare électrique dans un groupe d’amateurs de jazz. Les compliments que des amis m’adressaient parfois étaient du type : « Oui, Alexis, joue bien de la guitare, mais il nous em…poisonne tous car il joue beaucoup trop fort!… et, je ne disposais que d’un petit amplificateur à lampe d’une puissance de 3 watts !!!Aujourd’hui, la puissance déjà admise par les adeptes de perfectionnement technique moderne, désormais moderne, désormais imposée dans la majorité des établissements spécialisés tels que certaines discothèques oscille entre les 300 watts et les 3000 watts, soit environ 100 à 1000 fois plus que ce qui « cassait les oreilles » il y a à peine une cinquantaine d’années, ce qui est de la folie !

Depuis la nuit des temps, les capacités physiologiques de l’oreille humaine n’ont pas changé et ne changeront pas. La technique évolue, c’est vrai. Les performances physiques sportives arrivent à des sommets jamais atteints quoique déjà proches du seuil de danger. Par contre, il n’est pas question pour l’ouïe, pour l’oreille humaine, d’être sujette à une quelconque « évolution ». Celle-ci peut être entraînée à une écoute particulière, musicale en particulier, mais à des niveaux sonores pour lesquels la nature l’a conçue. Dans le même ordre d’idées, l’œil par exemple, n’« évoluera » jamais : jamais il ne pourra fixer le soleil sous peine de cécité totale et irréversible. Il en est de même pour l’oreille qui, soumise à des écoutes sonores de niveaux situés au delà du seuil critique, sera définitivement abîmée en provoquant la surdité totale et irréversible, tout en entraînant des conséquences que la nature impose obligatoirement et qui, indifféremment peuvent être d’épouvantables dépressions nerveuses ou des dégradations psychiques, voire physiques, (sinon la folie pure et simple – des cas existent déjà !) , de morbides envies suicidaires, le cancer, des ruptures osseuses, des oedèmes divers, et j’en passe, plus aujourd’hui le stress.

Indépendamment de la volonté humaine, la Nature s’est dotée de lois physiques immuables. Ainsi le son que nous entendons est provoqué par l’ébranlement des molécules de l’air transmettant l’énergie dite sonore à l’oreille qui le reçoit par l’intermédiaire du tympan et de ses divers éléments. Un son peut être agréable (musique, vent dans les eucalyptus, conversation, etc.) ou désagréable ( bruits discordants, sifflements stridents, éclatement d’une bombe, etc.).

Normalement, le niveau sonore correspond à des pressions mécaniques, ou encore précisément à des variations de ces pressions ( les molécules de l’air s’appuient contre le tympan en suivant les variations de la musique, de la conversation ou des bruits ). Dans la pratique, on utilise plus volontiers un système d’unités relatives, correspondant aux pressions, et s’exprimant en décibels et s’abrégeant par le symbole dB.

Deux règles fondamentales ( il y en a d’autres bien sûr) régissant l’écoute sonore. L’une est la loi de Fechner relative à la sensation de niveau ou de force sonore mesurée précisément en dB, l’autre traduite en par des diagrammes techniques dont celui de Fletcher & Munson, appelé courbe d’isosonie, définissant l’écoute en fonction des sons qui se mesurent en Hertz, abrégés Hz, allant de 30 HZ ( sons graves ), passant par 500 Hz ( sons moyens) atteignant 8000 Hz ( sons aigus), puis dépassant 16 000 Hz ( ultrasons) et précisant les seuils d’audibilité en partant du silence et les seuils de douleur au dessus desquels le son est dangereux.

Ainsi, il faut un minimum de 40 à 50 dB pour entendre un son grave, un minimum de l’ordre de zéro décibel pour entendre un son moyen, un minimum de l’ordre de 10 dB pour entendre des sons très aigus. Remarquons que la perception des sons aigus diminue quelque peu avec l’âge.

Quant aux seuils de douleur, ils sont compris entre 110 et 120 dB, tant aux sons graves que moyens et aigus.

Le tableau ci-dessous montre la réalité des décibels et leur effet sur l’ouïe humaine :

Niveau sonore ( en dB)
Sensation du bruit
Source sonore
0
Seuil d’audibilité Silence absolu
10
Imperceptibilité Quiétude totale
20
Très faible Studio de radio
30
Faible Chambre à coucher,
Voie basse
40
Très modéré Salon, voix normale
50
Modéré Bureau Voix forte
60
Gênant Voix très forte ou conversation courante
70
Assez fort Trafic routier, postes de télévision
80
Fort Bureau avec machines Comptables, usines, rues à gros trafic
90
Très fort Discothèque, camions, motocyclettes
100
Intense Compresseurs, klaxons de voitures, moteur, intérieur d’autobus
110
Assourdissant Chaudronnerie, forge, Perforatrice, pneumatique martelage
120
Douloureux Banc d’essai de réacteurs
150
Au-dessus du seuil de douleur Réacteur d’avion à 40m Pistolet 9mm
170
? Fusil d’assaut
220
? Canon

Certaines de ces valeurs concernent des crêtes sonores.

La durée d’émission des bruits joue aussi un très grand rôle sur l’organisme humain : plus le bruit se prolonge, plus l’effet destructeur sur le corps humain agit.

( A Suivre... prochains numéros)