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Par Boubacar BA, chercheur Géographe, spécialisé sur les questions Alimentaire et de Développement Durable.

Dans cet article, il livre à « Continentpremier » une vision du "triomphe du modèle chinois" dans le domaine agro-alimentaire.

La chine étonne. La chine inquiète. La Chine fascine…Pendant ce temps, le continent africain, qui à bien des égards ressemblait à la Chine, inspire tristesse, inquiétudes et parfois désespoir. Et pourtant, il y a une cinquantaine d’années des théoriciens et politologues prédisaient un sort pas flatteur au continent chinois. Mais diable, pourquoi donc les retournements de situation et d’analyse auxquels nous assistons ? Pourquoi ce soudain espoir en l’endroit de la Chine ? Le parallélisme avec l’Afrique est saisissant et peut apporter un éclairage intéressant sur les façons d’aborder et de faire le Développement dans le continent noir.

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, l’actualité urgente à travers le monde était de répondre à la question essentielle, fondamentale et stratégique de la sécurité alimentaire. Du continent européen au contient américain en passant par les sous continents indiens et chinois, la préoccupation alimentaire était la même. On assiste à la naissance de la Politique agricole commune, la mise en place de la FAO, à la création de Fondations (Ford et Rockefeller) et à la diffusion d’inventions de semences améliorées et paquets technologiques. De cette période, qui n’est pourtant pas si lointaine, date le processus de différenciation des rythmes de développement qui caractérisent actuellement les grandes parties du monde.

Même si presque partout, la voix agricole est celle qui était privilégiée, les approches ont été très variées selon qu’on se trouvait dans les zones d’inspiration du libre marché ou dans les zones communistes. Dans cette période de recherche de solution, pour conjurer les famines récurrentes, faire face à la poussée démographique et répondre à l’accroissement de la demande alimentaire, l’expérience de la Chine à travers la Révolution Verte est intéressante à examiner, notamment dans ce qu’elle peut aider le continent noir de nos jours car malheureusement il reste l’endroit au monde aujourd’hui où l’alimentation est une préoccupation sociale quotidienne qui est loin d’être résolue.

La Révolution Verte, contrairement à ce qu’on croit habituellement, est à l’origine indienne. C’est en 1966, grâce aux travaux de Swaminathan sur des riz améliorés que le gouvernement indien se lance dans une politique d’autosuffisance. Mais c’est en Chine que l’impact de cette révolution a eu le plus grand retentissement. Probablement à cause de la place et du rôle de la Chine dans la guerre froide. Mais, toujours est il que, on voit se mettre en place, aussi bien en Chine qu’en Inde, une politique volontariste axée principalement sur l’amélioration de la production agricole vivrière et son accès à la population, rurale et urbaine.

A regarder de près, on se rend compte que la Révolution Verte n’est pas une invention extraordinaire car elle utilise les avancées scientifiques qu’on retrouve dans le monde occidental : recours aux variétés améliorées, utilisation massive de l’engrais et des produits phytosanitaires, mise en place d’un dispositif de formation et d’information à l’endroit des paysans et du monde urbains, etc.

Cependant, elle est une réforme agraire de fond qui a pu allier l’agriculture - dans le sens production -, la paysannerie et les centres urbains. L’objectif résolu de faire une production agricole destinée à satisfaire le marché local et national reste un point focal de cette politique.

Les chinois, conscients de leur poids démographique, ont été très tôt convaincus que le développement industriel ne pouvait se passer d’une politique alimentaire endogène efficace. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard, si le modèle agricole (voir industriel et commercial de nos jours) a été repris dans les pays d’Amérique Latine et d’Afrique, avec des résultats variés. Cette Révolution qui est finalement perçue comme un « Modèle de progrès techniques et de développement agricole » fera école dans le monde en développement où il est présenté et enseigné comme une « approche développementiste ». Est-ce une approche pertinente ? C’est là une question à laquelle avaient tenté de répondre quelques uns, comme l’illustre René Dumont entre autres, dans les années 60 et 70 en vouant à l’échec ce modèle. Mais l’erreur est humaine, nous dit-on.

Malheureusement, cette erreur, les pays du continent noir l’ont commise à l’époque et ne semblent, hélas pas, en tirer les conséquences aujourd’hui. Il suffit d’analyser les politiques de sécurité alimentaire actuellement en cours en Afrique, notamment dans la zone sahélo-soudanienne, pour se rendre compte de ce qui ressemble à une hérésie. Après avoir commis l’erreur de porter leur Révolution sur les cultures d’exportation (arachide au Sénégal, Coton au Mali, Cacao en Côte d’Ivoire, etc.), ils (les Etats) délaissent la production vivrière aux petits paysans. Dans les années 1970 et 1980, un pays comme le Sénégal a semblé s’engager dans un processus pertinent de production après avoir constaté que son modèle agro-exportateur basé sur l’arachide n’était pas efficace. Pour ce faire, il engage un vaste programme de maîtrise de l’eau, de développement de l’irrigation dans la vallée du fleuve et dans sa partie méridionale mais également il met en place un programme de réhabilitation des vallées asséchées par les cycles de sécheresse successives. Ces programmes, décriés à tort par certains, devaient permettre un maillage productif du territoire national. En 2004, la production record de riz, environ 200 mille tonnes soit le tiers des besoins nationaux importés annuellement, témoigne de la pertinence d’une telle approche. Pour aboutir à de tels résultats, il a fallu que l’Etat sénégalais assouplisse les conditions d’accès au crédit et contribue à la réduction du coût des facteurs de productions. C’est dire donc, pour ceux qui en doutent, que la sécurité alimentaire, mieux l’autosuffisance alimentaire n’est pas une vision chimérique. Elle est possible et représente un pallier dans le processus de développement.

Il est vrai que l’Afrique n’est pas l’Inde, encore moins la Chine. Les conditions historiques qui président aux économies de ces trois continents sont certes très différentes. Mais une constante partagée entre ces trois et qui est déterminante, c’est le poids démographique. Tout comme la Chine et l’Inde, l’Afrique est une puissance démographique et qui le sera davantage dans les années à venir. Pour que le poids démographique ne soit une bombe qui lui retourne dessus, l’Afrique doit, ce qui paraît une évidence, consacrer ses ressources à créer les moyens et mécanismes qui permettent à cette population de satisfaire ses besoins.

Une certaine vision voudrait que la production agricole locale et nationale ne soit pas la chose déterminante, qu’il faut simplement créer les moyens d’échange, donc organiser le marché, pour que les populations puissent accéder aux vivres dont elles ont besoin. Cette vision porte en elle-même les germes de son échec : comment axer une politique alimentaire sur le marché dans un continent où plus 70 % de la population actives sont dans le secteur agricole et ne disposent pas de revenu suffisant pour acheter ?

* Actuellement les travaux de recherche de M. BA, portent sur une étude géographique de l'agriculture en Afrique sahélo-soudanienne et la contribution des SIG (Systèmes d'Information Géographique) pour la sécurité alimentaire des populations.